Quelques jours après la sordide agression d’un jeune adolescent de 15 ans à Colomiers (Haute-Garonne), le procureur de la République de Toulouse a apporté des précisions, dimanche 22 juin 2025, par rapport au déroulé des faits et à l’évolution de l’enquête. Alors qu’une information judiciaire a été ouverte et que deux mineurs âgés de 14 et 16 ans ont été placés en garde à vue puis déférés en vue de leur mise en examen, le caractère antisémite de l’agression, qui est contesté par les mis en cause, n’a pas été retenu à ce stade par la justice, a appris Actu Toulouse. Il n’en reste pas moins que la victime, qui a subi un véritable guet-apens, a vécu un véritable calvaire… et qu’il reste encore plusieurs zones d’ombres à éclaircir. Voici ce que l’on sait à ce stade de l’enquête.
Piégée, la victime a été attirée dans une cave
Le 19 juin, un adolescent s’était présenté au commissariat de Colomiers afin de déposer plainte « pour des faits survenus la veille« , précise le parquet.
Qui ajoute : « Il indiquait que le 18 juin, il avait retrouvé une jeune fille avec laquelle il conversait sur les réseaux sociaux pour un rendez-vous. Celle-ci se présentait, accompagnée d’un autre mineur et, sous un faux prétexte, ils attiraient la victime dans une cave« .
Humiliée, la victime affirme avoir été traitée de « sale juif »
Les ennuis commencent alors pour la victime, qui va alors vivre une scène traumatisante et d’une rare violence.
« Sur place un troisième mineur l’attendait un couteau à la main« , étaye le parquet de Toulouse, qui indique encore : « Le mineur victime expliquait que la jeune fille était alors sortie et qu’il avait été contraint de retirer son tee-shirt, de danser et de s’agenouiller puis forcé de prier et de supplier ses agresseurs, tout en étant traité de « sale juif « »
Il expliquait avoir ensuite été « autorisé à repartir, non sans avoir été menacé de mort s’il déposait plainte. Cette scène de violences et d’humiliation avait été filmée et il constatait le lendemain qu’elle avait été diffusée sur les réseaux sociaux », poursuit le parquet.
Deux mineurs interpellés
D’après le communiqué envoyé par le parquet, la victime n’est « pas de confession juive » mais « scolarisée à l’ORT de Colomiers, lycée professionnel privé judaïque, sous contrat avec l’état ».
L’enquête a rapidement permis d’identifier un premier mineur âgé de 14 ans (qui a été placé en garde à vue le 20 juin, celle-ci ayant été ensuite prolongée), puis un deuxième mineur âgé de 16 ans (qui a, lui aussi, été placé en garde à vue le 21 juin).
Ils contestent le caractère antisémite de l’agression
Et le parquet l’assure : « Les deux mineurs reconnaissent avoir participé à une séance d’humiliation de la victime. Si tous les deux évoquent la présence d’un couteau, l’un et l’autre contestent en revanche le caractère antisémite des faits commis, la victime ayant été attirée dans ce guet-apens pour un autre motif, qui reste à confirmer ».
« Le second mineur interpellé expliquait avoir fait disparaître le couteau en comprenant qu’une enquête était en cours », souligne encore le parquet.
» Aucun propos antisémite » n’a été entendu dans les vidéos
Les enregistrements retrouvés sur l’un des téléphones portables saisis ont permis de « confirmer la scène d’humiliation et les violences » mais d’après le parquet « aucun propos antisémite » n’a été entendu dans ces vidéos. Par ailleurs, à ce stade, « l’arme n’a pas été retrouvée et la jeune fille n’a pas pu être identifiée ni entendue ».
Un témoignage potentiellement clé dans cette affaire, qui comporte encore des zones d’ombre.
Une information judiciaire
Le parquet précise q’une « information judiciaire » a été ouverte, dimanche 22 juin 2025, après défèrement des deux mineurs en cause, des chefs de « violences avec préméditation n’ayant entraîné aucune incapacité de travail (ITT) ».
Le parquet précise : « En effet, en l’absence d’ITT, une seule des circonstances aggravantes potentielle des violences (avec arme, en réunion, avec préméditation, avec une caractère antisémite) peut être retenue et, en l’espèce, la préméditation est parfaitement caractérisée ».
Les deux mineurs sont également poursuivis pour « séquestration suivie de libération volontaire avant le 7è jour, diffusion de l’enregistrement d’images relatives à la commission d’une atteinte volontaire à l’intégrité de la personne (Happy slapping ) » et « menaces de mort sous condition« .
Les deux suspects placés sous contrôle judiciaire
Le placement sous contrôle judiciaire des deux mineurs, par ailleurs inconnus de la justice, a été requis par le parquet. L’enquête se poursuivra désormais sur commission rogatoire.