Après un très long débat, très clivant, qui a nécessité un vote nominal à la demande des élus eux-mêmes, les élus de Toulouse Métropole ont fini par donner leur ultime feu vert à la réalisation d’un nouvel échangeur sur le périphérique de Toulouse, celui qui doit voir le jour à l’Est de Toulouse, et qui doit être situé entre les sorties actuelles de Lasbordes et de Montaudran, juste en face la Cité de l’Espace. Un projet, nommé Jonction Est, porté par ASF Vinci Autoroutes, le concessionnaire de l’autoroute A61, pour l’échangeur et par Toulouse Métropole pour les voies de raccordement. Ce jeudi 26 juin 2025, 75 élus ont voté en faveur du projet. 47 ont voté contre. 10 élus se sont abstenus. Ce qu’il va désormais se passer.
Ce que prévoit la Jonction Est
Le projet de ce nouvel échangeur est en gestation depuis deux décennies. À l’issue d’un long débat politique, la Métropole a donné le dernier coup de pouce à cette infrastructure. Selon ceux qui le portent, ce projet doit permettre d’améliorer l’accès au périphérique pour les communes de l’Est toulousain que sont Quint-Fonsegrives ou encore Saint-Orens. Ceci avec une nouvelle liaison à 2X2, voies sur 1,2 km entre la rocade toulousaine et la RD16 au niveau du quartier Entiore, à Quint. Un projet qui prévoit également une voie verte séparée de la circulation.
Ce projet a pour objectif « d’accompagner le développement de l’Est toulousain en améliorant la desserte des zones d’aménagement existantes et futures », « de capter le trafic périurbain pour améliorer les conditions d’accès à l’agglomération », « d’assurer une meilleure répartition des points d’accès au périphérique », « de faciliter les transports en commun aux heures de pointe, en, délestant la route de Revel et la route de Castres du trafic automobile au profit de la circulation des bus Linéo », et enfin, « de développer et de mailler les liaisons douces, piétons et cycles », rappelle Toulouse Métropole.

Un premier feu vert, mais un projet controversé
Pour rappel, le projet de Jonction Est a reçu un feu vert de la commission d’enquête en février 2025. Elle a rendu un avis favorable avec huit « recommandations ». « Eu égard au développement récent, actuel et futur prévisible du secteur et au-delà des 2ᵉˢ et 3ᵉˢ couronnes, il ne peut être envisagé de ne rien entreprendre pour fluidifier la circulation dans le secteur de l’enquête et sur les voies à proximité », a-t-elle expliqué à l’époque.
L’enquête publique avait fait l’objet de très nombreuses contributions de la part du public, avec une majorité d’avis négatifs (2 392 défavorables pour 1 645 favorables).
Ce que les élus de l’opposition n’ont pas manqué de rappeler ce jeudi, lors des débats.

« Une congestion quasi certaine si rien n’est fait »
Malgré ces avis négatifs, la commission avait estimé que « ne rien faire reviendrait à accepter d’être confronté à une congestion quasi certaine à court terme des voies, non plus en heures de pointe comme reconnu aujourd’hui, mais la plus grande partie de la journée », faisant reposer son avis sur des études réalisées en 2024 qui font état d’une forte croissance sur ce secteur géographique Est d’ici 2040 (32 000 habitants supplémentaires et 30 000 emplois créés, NDLR).
« Ce sont 93 000 déplacements supplémentaires par jour en voiture qui sont attendus sur l’aire d’étude à l’horizon 2040. Cette évolution justifie la nécessité de réorganiser les flux routiers afin de limiter les phénomènes de saturation des axes structurants et les échangeurs existants, notamment Montaudran et Lasbordes », insiste Toulouse Métropole.
Un projet dont le coût a largement augmenté
Ce projet coûte à l’heure actuelle 95,5 millions d’euros. L’échangeur est financé pour moitié par Toulouse Métropole et pour moitié par ASF Vinci Autoroutes. Les voies de raccordement sont financées intégralement par Toulouse Métropole.
Une facture qui, pour rappel, a explosé : de 72,6 millions d’euros (TTC) en 2018 à 95,5 millions d’euros fin 2024 pour le même projet.
Un projet qui pourra évoluer dans le temps
Un projet, qui, en préalable de l’enquête publique, a été accueilli avec un certain scepticisme. L’Autorité environnementale, ayant expliqué que ce projet « ne contribue pas à des objectifs généraux comme la diminution des émissions de gaz à effet de serre », et que « sa contribution au développement des transports en commun et des modes actifs doit être renforcée ».
Dans le document voté ce jeudi en conseil de la Métropole, Toulouse Métropole, assure que « bien qu’aucune voie réservée aux transports en commun ne soit prévue dans l’immédiat sur la future infrastructure de la Jonction Est, les études de trafic ont confirmé que le dimensionnement en 2X2 voies permettrait, à terme, une adaptation éventuelle en une voie véhicules + une voie bus, si le besoin et le niveau de trafic le justifient et que le déploiement d’une offre de transport en commun y est envisagé. Cette flexibilité ouvre la possibilité d’un renforcement futur de l’attractivité des transports en commun par des voies dédiées ».
Le préfet peut signer la Déclaration d’Utilité Publique
Suite à ce vote, le préfet peut donc désormais signer l’arrêté de Déclaration d’Utilité Publique. Une DUP qui permettra d’entamer le chantier de cette infrastructure dont la mise en service pourrait intervenir en 2028 selon le calendrier envisagé.
De leur côté, les opposants au projet, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils pourraient déposer un recours devant la justice.
L’opposition au projet fait une nouvelle fois entendre sa voix
« Rajouter des routes, cela ne fonctionne pas, on l’a vu avec la création de l’échangeur de Borderouge et avec l’ajout d’une voie de circulation sur le périphérique à Lespinet… Quinze jours après, c’était déjà bouchonné… », a martelé Maxime Le Texier, Groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne ce jeudi. Lors du débat sur le projet de Jonction Est, l’opposition à ce nouvel échangeur a une nouvelle fois fait entendre sa voix et tenté de faire basculer le vote des conseillers communautaires en défaveur du projet. Le débat a duré plus d’une heure contre les 30 minutes initialement prévues. Les échanges ont été incisifs. Plusieurs groupes politiques ont annoncé voter contre, notamment le Groupe Métropole Solidaire, Écologique et Démocratique présidé par la maire de Colomiers, Karine Traval-Michelet. Le groupe Groupe Alternative pour une Métropole Citoyenne a également voté contre.