Trois ans après deux enlèvements suivis de violence sur fond de trafic de stupéfiants à Toulouse, un procès impliquant onze prévenus va se tenir devant le tribunal correctionnel les 21, 22 et 23 mai. Accusés d’avoir volé de la drogue par leurs ravisseurs, deux individus avaient été conduits de force jusqu’en Espagne.
Tout commence à proximité de l’autoroute A9 le 28 mai 2022. Dans un champ de la petite commune de Maureillas-les-Illas (Pyrénées-Orientales), un homme seul est retrouvé grièvement blessé. Il vient en réalité d’échapper à ses ravisseurs à quelques kilomètres de la frontière espagnole après avoir été enlevé puis séquestré dans un appartement toulousain. Sur la route, la victime est parvenue à sauter du véhicule et à échapper au pire, peu après le péage du Boulou.
Cet enlèvement rocambolesque a eu lieu sur fond de trafic de stupéfiants. L’individu qui a été enlevé explique s’être vu reprocher d’avoir hébergé un membre d’un clan adverse à celui des ravisseurs et d’avoir également caché de la drogue. Les faits subis par la victime, relevant d’une qualification criminelle, seront jugés ultérieurement par la cour d’assises de la Haute-garonne.
Au cours de son enquête sur cette première affaire, la division criminalité organisée et spécialisée de la Direction Interdépartementale de la Police Nationale (DIPN) met finalement en évidence un second enlèvement survenu trois jours avant celui dont ils avaient connaissance.
Le 25 mai 2022 à Toulouse, un homme se présente à un rendez-vous puis est accosté par trois individus qui le forcent à monter dans un véhicule sous la menace d’une arme. Il est alors conduit jusqu’en Espagne où il est retenu cinq jours dans une maison, subissant de nombreuses violences comme en témoignent les photographies de blessures prises à sa libération.
Ces deux enlèvements sont étroitement liés. Les agresseurs sont convaincus que cette deuxième victime est impliquée dans le vol des stupéfiants aux côtés de la première. Cet événement a donc pour objectif de savoir où se trouve la drogue qui a été dérobée. Pour parvenir à leurs fins, les ravisseurs ont même contacté la première victime en lui demandant de venir en Espagne en échange de la libération de la personne séquestrée, ce qu’il avait refusé. C’est donc lui qui sera enlevé trois jours plus tard dans son appartement toulousain et qui parviendra à s’enfuir en sautant de la voiture avant la frontière espagnole.
Trois ans après les faits, onze personnes (6 en détention provisoire, 2 sous contrôle judiciaire et trois faisant l’objet d’un mandat d’arrêt) vont être jugées pour ce deuxième enlèvement les 21, 22 et 23 mai au tribunal correctionnel de Toulouse.
Ces faits sont qualifiés d’arrestation, enlèvement, détention ou séquestration arbitraire suivie d’une libération avant le septième jour et violence aggravée suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours.
Les prévenus ont pour la plupart été déjà condamnés à plusieurs reprises, notamment pour des faits en lien avec les stupéfiants. Le présumé commanditaire des deux enlèvements fait lui l’objet d’un mandat d’arrêt. Il est actuellement en fuite à l’étranger.
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