S’opposer à l’abattage d’arbres sur le tracé de l’A69, ou se positionner devant une machine constituent-ils des délits ? Débat devant le tribunal correctionnel de Toulouse où comparaissait ce jeudi après-midi Thomas Brail.
« Avec le respect que je vous dois, Madame la présidente, je ne crains pas la justice des hommes. Mais beaucoup plus la réaction de mon fils, 8 ans aujourd’hui, sur l’environnement que nous allons lui laisser. »
Thomas Brail, créateur du Groupe national de surveillance des arbres, « une association reconnue d’utilité publique par l’État », indique-t-il, fait partie des figures d’opposition à la création de l’axe autoroutier Castres-Toulouse. « Je n’ai rien contre l’économie, encore moins contre les Laboratoires Pierre Fabre où ma mère a longtemps travaillé. Mais abattre des arbres, en pleine santé, en opposition avec les règles de protection de l’environnement, ça, je ne l’accepte pas », prévient ce père de famille né voilà 50 ans à Mazamet.
Il a travaillé avec le ministère de l’Environnement
Un discours cadré, réfléchi, qui s’appuie notamment sur un long travail mené avec le ministère de l’Environnement. « À l’époque dirigé par Madame Borne. Pendant 18 mois, nous avons travaillé pour améliorer l’article du Code de l’Environnement qui protège les arbres. Tout était prêt. Les décrets d’application n’ont jamais été publiés… »
Une dichotomie supplémentaire entre réalité écologique et réalité économique. « Entre les prises de position sur l’urgence climatique et la réalité d’un projet aux conséquences écologiques désastreuses », stigmatise Geneviève Azam, témoin professeure en économie et écologue. « Abattre un arbre, c’est terrible en termes de conséquences. On ne replante, certes. Le public est content mais il faut 25 ans pour espérer en tirer les bénéfices », ajoute Francis Hallen, spécialiste en botanique.
Plus terre à terre, sur sa réalité du Code pénal, le parquet ne doute pas. Réalité des infractions. « Le tribunal n’est pas là pour juger l’intérêt de l’autoroute mais la légalité d’une action ». Thierry Brail se trouvait en infraction ces jours de mars et mai 2023 à Vendine. La magistrate requiert 3 000 euros d’amende dont 2 000 avec sursis.
Contre attaque immédiate de Mes Claire Dujardin et Florence Durand, avocates de la défense. Elles aussi s’appuient sur les textes, et sur les décisions du tribunal administratif, passées ou plus récentes. « La reprise des travaux ne s’appuie par sur le fond et n’est que provisoire. Dans quatre ou cinq ans, les travaux de cette autoroute seront, peut-être, déclarés illégaux ! » Une lecture opposée et une demande de relaxe portée par les deux avocates.
Le tribunal a réfléchi et vient de relaxer Thomas Brail.