À Bagatelle, quartier en zone prioritaire, les agents de Toulouse Métropole Habitat œuvrent au quotidien dans l’ombre des tours. Ils réparent, dialoguent, apaisent. Entre ascenseurs vandalisés et potagers partagés, immersion d’une matinée où la vie du quartier se raconte en creux, à chaque porte frappée ou encore à chaque regard échangé.
Il est 9 h 00 dans le quartier de Bagatelle lorsque dans l’agence de Toulouse Métropole Habitat (TMH), Emanuel, directeur adjoint, entame le briefing matinal. À ses côtés, Céline, Jérôme, Yasmina, Benoît et Valérie, s’attellent déjà aux tâches quotidiennes. Tous œuvrent chaque jour à la gestion de près de 2 000 logements sociaux, dans ce quartier classé en Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville (QPV), comme la moitié du parc géré par TMH.

Bagatelle, un territoire complexe, mais humain. « C’est comme un village. Il y a de l’attachement, de la fidélité et une vraie solidarité entre générations », affirme Benoît. Jérôme est là depuis quatre ans. Valérie, plus de vingt. « On entre dans ce métier par hasard, mais on y reste par conviction. Il faut avoir la fibre sociale, la foi », affirment-ils.

TMH, premier bailleur social toulousain, loge aujourd’hui près de 40 000 personnes, réparties sur 51 communes. Son parc compte 19 128 logements, soit 30 % du parc social de l’agglomération, géré par 394 collaborateurs, dont la moitié en contact direct avec les locataires. Une régie intégrée de 60 ouvriers réalise plus de 12 000 interventions par an, en plus de 8 800 rendez-vous et 961 états des lieux.
Chaque matin, l’équipe va sur le terrain et veille à tout : urgences techniques, pédagogie, médiation, suivi des chantiers. « Notre but, c’est de maintenir les habitants dans leur lieu de vie. On les accompagne. C’est un lien de confiance », confie Emanuel. Le quartier, longtemps stigmatisé, se transforme.
Au cœur du quartier, le compost, les jardins partagés et les 3,6 tonnes de légumes produits chaque année sont des marqueurs de cette transformation en douceur. « Il y a un vrai respect des projets portés par les habitants eux-mêmes », confirme Benoît. Et déjà, TMH se projette plus loin. Emanuel affirme « qu’on se prépare à l’été 2050. Les bâtiments doivent faire face aux fortes chaleurs. Il faut végétaliser, penser au confort d’été, à la biodiversité. On change la manière de construire ».
Une progression freinée par les incivilités
Mais sur ce terrain d’engagement et d’efforts, une réalité plus complexe persiste : celle des dégradations et du vandalisme. Portes fracassées, ascenseurs saccagés, tags racistes, équipements incendiés ou souillés. Jérôme le confirme, « c’est un entretien quotidien ». Certains urinent sur les boutons d’ascenseur, d’autres donnent des coups de pied ou inscrivent des insultes. « Mais ce qu’on ne dit pas, c’est que nous les réparons », précise Emanuel Morel.

Ces actes, bien souvent, ne viennent pas des habitants du quartier. « Ce sont des gens extérieurs. Et pourtant, c’est la réputation du quartier qui trinque. C’est injuste pour ceux qui y vivent ». Chaque sinistre freine les projets. « Une porte d’entrée d’immeuble vandalisée, peut prendre jusqu’à six mois à être remplacée ».

Lorsque les agents contournent un immeuble fraîchement réhabilité du quartier, une dame attend au pied du bâtiment, les poings sur les hanches. « Elle t’attend je crois », plaisante Emanuel en s’adressant à Benoît. Il vient la saluer, le sourire aux lèvres. Ils se connaissent bien. « J’ai un problème dans ma salle de bains. Venez, montez », dit-elle spontanément. Ils grimpent alors les quatre étages.

Arrivée chez elle, un appartement lumineux, plutôt spacieux se dessine. Ils partent dans la salle de bains, où ils font les premières constatations. « Il faudrait réparer ça », dit-elle en pointant du doigt le coin de son plafond. Emanuel répond alors, « nous allons rapidement en discuter pour mettre au point un vrai plan d’action. Nous ne faisons pas des promesses, nous agissons ».
Changer l’image du logement social reste un défi majeur. « Ce sont aussi des appartements lumineux, bien rénovés, avec un vrai suivi », avoue Jérôme. Emanuel conclut que, « nous avons plus de 60 métiers. On construit, on entretient, on écoute, on répare » avoue Emanuel. Si les difficultés sont là, l’engagement aussi. « On ne lâche rien. Parce qu’on y croit. Et parce qu’on est attachés aux gens ».
TMH, bâtisseur de lien social
Avec 19 128 logements, 394 collaborateurs et 60 ouvriers sur le terrain, Toulouse Métropole Habitat gère 30 % du parc social toulousain. À Bagatelle, 4,67 M€ sont mobilisés pour réhabiliter, végétaliser et accompagner. Objectif 2026 : un parc à 80 % rénové ou neuf, dans une ville où la solidarité de proximité est la première pierre d’un avenir commun.