Ugo Mola a rappelé à sa manière, à l’issue de la demi-finale victorieuse face à Bayonne (32-25), que le Stade Toulousain avait vécu une saison particulièrement compliquée. Que ce soit sur le plan sportif ou extra-sportif, les « rouge et noir » n’ont pas été épargnés. Retour sur cette saison « en enfer ».
Il savait pertinemment qu’il allait s’attirer les critiques de nombre de contempteurs. Mais cela ne le dérange pas. À l’issue de la demi-finale remportée par le Stade Toulousain face à Bayonne (32-25), Ugo Mola avait besoin de se lâcher, d’évacuer ou tout simplement de lancer une piqûre de rappel à ceux qui auraient trop vite oublié.

« Mes admirateurs vont encore me reprendre sur le sujet mais on a vécu une saison en enfer, a-t-il posé. Oui on est meilleure attaque, oui on est meilleure défense, oui on a fait un rugby abouti. Mais on a vécu une saison en enfer. » Une façon de justifier le jeu moins huilé, moins flamboyant qu’à l’accoutumée déployé par les « rouge et noir » en cette fin de saison ? Peut-être mais pas uniquement.
Un moyen surtout de remettre en perspective (sans les détailler) tous les événements auxquels le club dirigé par Didier Lacroix a dû faire face depuis près d’un an. Et Mola de préciser : « En enfer en termes de blessures, en enfer en termes de situations complexes à gérer… Être en finale de cette saison-là, avec ce qu’il s’est passé, pour plein de raison, c’est la performance d’un groupe qui n’a pas lâché, qui est résilient. »
L’infirmerie du Stade Toulousain a en effet affiché complet pendant de très longs mois notamment en cette fin de saison. La grave blessure d’Antoine Dupont à la fin de l’hiver est bien sûr l’arbre qui cache la forêt. Mais celles de Mauvaka (ligament croisé fin avril) et de nombreux cadres lors de moments clés de la saison (Ramos, Kinghorn, pour la Champions Cup, Capuozzo, Costes pour les phases finales de Top 14), ont été tout aussi préjudiciables.

Une semaine après l’euphorie, le drame
Mais Ugo Mola fait aussi référence à des « situations complexes à gérer ». Et c’est vrai qu’au niveau extrasportif, les Stadistes n’ont pas été épargnés non plus. Avant même le début de la saison, le club haut-garonnais a dû faire face à deux drames qui ont profondément bouleversé l’équipe.
Une semaine après la finale de Top 14 de la saison dernière, un premier coup de massue assomme Ernest-Wallon et vient faire retomber d’un coup l’euphorie et l’allégresse d’une saison pleine, marquée par un doublé (Champions Cup, Top 14). Le 6 juillet, Helen Tekori, compagne de Joe et figure incontournable du club « rouge et noir », décède brutalement à l’âge de 44 ans.
À peine un mois plus tard, le 7 août, c’est un nouveau drame qui touche le club « rouge et noir ». Medhi Narjissi, espoir du club âgé de 17 ans disparaît au large des côtes sud-africaines lors d’un rassemblement avec les jeunes du XV de France. Conséquence d’une baignade sur une plage particulièrement dangereuse qui n’aurait jamais dû avoir lieu. « Le club a traversé une période très compliquée cet été, cela nous a vite rattrapés et on y pense toujours très fort », nous confiait pendant la saison Matthis Lebel.
Après ces deux événements tragiques, le Stade Toulousain a aussi dû faire face à une tempête médiatique lors de la révélation par L’Equipe, le 28 janvier, des dessous du transfert de Melvyn Jaminet. Un feuilleton qui a perturbé la quiétude du groupe et qui s’est étiré pendant une bonne partie de l’hiver pour lequel Toulouse a dû verser une amende 1,3 million d’euros.
Mis bout à bout, cela commence à faire beaucoup et c’est ce que Mola a voulu mettre en lumière dans sa déclaration. Invité à réagir aux propos de son manager, Romain Ntamack est allé dans le même sens. « Oui, la saison est éprouvante depuis l’été dernier. On a eu pas mal de galères au sein du club et cela s’est enchaîné un peu toute la saison entre les blessés et les affaires extra-sportives. C’est vrai que cela a été assez compliqué mais malgré tout, le groupe a fait toujours front et a su faire face », défendait le numéro 10.
Lui et Mola louaient d’ailleurs les ressources dont a fait preuve l’effectif stadiste pour accrocher le dernier carré de la Champions Cup et la finale du Top 14. Et Romain Ntamack de conclure : « C’est quand même une saison particulière mais si l’issue est belle à la fin du week-end prochain, elle peut être la plus belle qu’on ait jamais vécu. » Un beau levier de motivation avant d’affronter l’UBB.