Y a-t-il des polluants dans les œufs des poulaillers voisins de l’incinérateur toulousain du Mirail ? Oui, mais cette « présence diffuse est majoritairement inférieure aux valeurs réglementaires », selon les conclusions d’une étude menée par l’Agence régionale de santé (ARS) Occitanie sur douze poulaillers analysés dans un rayon de 3 km autour de l’incinérateur.
Sollicitée par l’association Saint-Simon Environnement, du nom du quartier de Toulouse où se situe le centre de valorisation des déchets, l’ARS a analysé, au printemps 2024 et avec l’aide d’un bureau d’études, la teneur en dioxines des œufs produits et du sol des poulaillers : 35 polluants organiques persistants (POP), issus de processus de combustion, ont été identifiés dans les douze sites étudiés. Dans ses résultats, l’agence précise que « la teneur en dioxines dans les œufs est proportionnelle à celle caractérisée dans le sol du poulailler » et que « 4 poulaillers présentent des dépassements mineurs des valeurs réglementaires ».
« Dans l’ensemble, c’est plus positif que ce que l’on craignait », réagit Michel Herbach, président de Saint-Simon Environnement, qui a pris connaissance de la synthèse des résultats lors d’une réunion à la préfecture de Haute-Garonne. « Sans l’appui, de la préfecture, nous n’aurions pas eu ces analyses », tient-il à préciser. Cependant, il reste dans l’attente d’éléments supplémentaires. « Nous souhaitons avoir les données chiffrées. Aujourd’hui, nous avons une restitution qualitative, pas quantitative. Cela manque de précision et ces chiffres nous permettraient de comparer avec nos analyses », poursuit-il. Concernant les dépassements, liés selon l’étude à des raisons techniques locales, Michel Herbach aimerait par ailleurs avoir plus de détails. Il demande enfin qu’un travail épidémiologique soit réalisé sur cette pollution.
Diminuer la consommation
Alors que ces résultats ne démontrent « pas de pollution généralisée », l’ARS donne cependant des recommandations, notamment sur la réduction de toute consommation exclusive d’œufs autoproduits. Les particuliers propriétaires de poules sont également encouragés à respecter les pratiques définies par la Direction générale de la santé. Des conseils simples : éviter de construire un poulailler avec des matériaux de récupération, nourrir les poules dans une mangeoire plutôt que directement au sol, ne pas répandre de cendres dans le jardin…
Les effets des dioxines sur la santé « sont variables et souvent méconnus » rappelle tout de même l’ARS. Une exposition régulière peut notamment augmenter le risque de cancer et cette exposition « se fait à plus de 90 % par les aliments, principalement d’origine animale ».