Une étape décisive. Pour préparer l’avenir, le Département de la Haute-Garonne a élaboré une feuille de route bifurcation écologique. Elle définit l’ensemble des actions que la collectivité va engager d’ici 2050 pour adapter le territoire aux effets du dérèglement climatique.
Le mur du changement climatique est devant nous et il est temps de bifurquer. Nous ne pouvons plus continuer comme avant. Cela passe par un changement de trajectoire. C’est une dette que nous devons à ceux qui ne sont pas encore nés », a déclaré Sébastien Vincini.
Pour accompagner cette évolution, le Département de la Haute-Garonne entend placer, au cœur du projet, un conseil scientifique permanent, pluridisciplinaire et indépendant. Il sera installé lors du second semestre 2025 et placera au crible l’ensemble des politiques publiques.
Unique à cette échelle en France, la feuille de route bifurcation écologique ambitionne de réduire les impacts sur l’environnement, renforcer la résilience du territoire, garantir la justice sociale et climatique, agir en collectivité exemplaire, répondre aux enjeux démocratiques d’acceptabilité et de mobilisation.
Parce qu’il n’y aura pas de justice climatique tant qu’il n’y aura pas de justice sociale, « nous allons accompagner les ménages les plus fragiles dans cette bifurcation », a indique le président PS du Conseil départemental de la Haute-Garonne.
Soucieuse d’embarquer tous les Haut-Garonnais dans ce « virage nécessaire », la collectivité a aussi impliqué l’Assemblée citoyenne départementale et les jeunes. « Nous avons beaucoup mieux à faire que de s’inquiéter pour l’avenir, nous avons à la préparer », a insisté l’élu.
Pour réduire significative son impact environnemental, le Département est parti d’un constat : la Haute-Garonne est considérée comme un point chaud, en particulier dans le Sud-Ouest. Or, d’ici à 2050, le paysage de notre météo quotidienne va fortement être modifié.
En effet, le « Diagnostic des vulnérabilité au changement climatique des territoires haut-garonnais à l’horizon 2050 » porté par le Céréma confirme le scénario d’une hausse moyenne de 2,5 degrés sur le département (+2,8 degrés sur les reliefs pyrénéens).
Avec le dérèglement climatique, les épisodes violents de précipitations avec risque d’inondations et de débordements s’intensifieront l’hiver (+11 % dans le centre et le nord) et les sécheresses seront plus fréquentes (+ de 10 à + de 20 jours dans le sud du département).
Outre une perte de deux mois d’enneigement en hiver et une remontée du manteau neigeux de plus de 300 m, les déficits de la Garonne atteindront jusqu’à 60 % avec une baisse moyenne entre 15 et 20 % sur toute l’année.
Enfin, 8 % du bâti sera exposé au risque d’inondations, 40 à 70 % des logements exposés à l’inconfort d’été et 54 % du bâti exposé au risque fort de retrait-gonflement d’argile (surtout les constructions entre 1970 et 1999).
« Le coût de l’inaction sera bien plus important que celui de l’investissement »
Face aux situations de crises qui vont s’accentuer d’ici 2050, le Département de la Haute-Garonne fait de la bifurcation écologique un engagement au quotidien et à long terme pour l’ensemble de ses agents et partenaires.
Ainsi, depuis 2024, la collectivité est passée de l’expérimentation à la généralisation des techniques bas carbone pour l’entretien des enrobés, en intégrant, dans tous les appels d’offres, l’utilisation de liant biosourcé et la réintroduction de granulats.
Résultat : – 50 % d’émissions de gaz à effet de serre et 40 % d’économie d’énergie sur les chantiers des enrobés en 2024. Par exemple, le secteur routier d’Auterive a été choisi pour expérimenter un nouveau type d’enrobé formulé avec un liant « végétal » nommé Biophalt.
Une autre expérimentation a été menée sur la routé départementale à Fronton. Il s’agit de mettre en œuvre un enduit bicouche formulé avec un liant à adhésivité très rapide mis au point par la société EUROVIA.
Nous bâtissons également une stratégie très innovante pour surveiller nos routes, les diagnostiquer et surtout, faire en sorte que l’on atténue leur vulnérabilité vis-à-vis du changement climatique », a précisé Sébastien Vincini.
Le Conseil départemental de la Haute-Garonne est également signataire du pacte de la construction bois en Occitanie, pour soutenir la filière. Le collège Paléficat est le premier établissement conçu en structure bois, avec une isolation en bottes de pailles et des murs en terre crue.
Avec le vieillissement de la population haut-garonnaise, l’arrivée de plus de 18.000 habitants par an et le réchauffement climatique, l’amélioration de l’habitat est aussi une question centrale. D’ailleurs, le logement est l’un des quatre piliers sur lesquels le GIEC recommande d’agir.
En Haute-Garonne, 9,5 % des ménages sont en situation de précarité énergétique. En 2024, le Conseil départemental a accompagné plus de 3.000 foyers via le Fonds de Solidarité Logement et 520 ménages dans la réalisation de travaux de rénovation globale.
La collectivité est également signataire du parc territorial EcoRénov’31 2025-2029 qui renforce les dispositifs d’amélioration de l’habitat privé sur le territoire. Au total, plus de 128 millions d’euros sont mobilisés sur cinq ans.
Pour accompagner les publics les plus éloignés de ces dispositifs, le Département déploie aussi un programme « SLIME » sur le territoire de la Haute-Garonne hors Toulouse Métropole. Il permet d’identifier les ménages en difficulté et leur proposer des solutions concrètes.
Pour protéger et partager la ressource en eau, le Conseil départemental a lancé, en 2019, le projet de territoire Garon’Amont. Il a déjà permis de compenser le déficit annuel entre usages et ressources évalué à 13 millions de m³.
Enfin, pour reconquérir la biodiversité, préserver le patrimoine naturel et les paysages, et favoriser l’accès à la nature, la collectivité a classé plus de 11.300 ha Espaces Naturels Sensibles (ENS) et inscrit 78 sites au Conservatoire départemental des zones humides sur 500 ha.
>> À LIRE AUSSI : Avenir du TFC : interpellé par les supporters, Jean-Luc Moudenc répond