C’est probablement le point final à une longue agonie de plusieurs mois pour un lieu unique en France. Actu Toulouse vous en avait parlé. Le 27 janvier 2025, le Refuge des Tortues, situé à Bessières (Haute-Garonne) près de Toulouse, avait été placé en liquidation judiciaire. C’est la société Selas-Egide qui avait été mandatée pour liquider le passif du Refuge qui avait ouvert en 2019 et accueilli des dizaines milliers de personnes venues observer plus de 1 500 tortues, de 30 espèces différentes. Depuis la décision de justice, le Collectif Sauvons le Refuge des tortues était resté silencieux… Ce jeudi 24 avril 2025, il a rompu le silence, non sans émotion.
Le collectif annonce d’emblée :
« C’est avec beaucoup d’émotion que nous vous annonçons la fin probable de l’aventure du Refuge des Tortues. Malgré les actions mises en œuvre par le comité de soutien, il nous semble aujourd’hui difficile de sauver l’association ».
« Sentiment d’injustice et un certain écœurement »
Puis, ceux qui ont tenté jusqu’au bout de sauver ce qui pouvait l’être, font part « d’un sentiment d’injustice et un certain écœurement qui domine ».
Il détaille sa position :
« L’État tout puissant reste silencieux sur la situation. C’est l’une des raisons pour lesquelles les communications sont si lentes. Nous avons une pensée pour l’ensemble des personnes qui ont mobilisé du temps et de l’argent dans un projet qui était, avant tout, une aventure humaine faite de rencontres autour d’une passion, les tortues. Nous n’oublions pas les tortues qui étaient au cœur de la démarche et qui ont payé un trop cher tribut dans cette histoire insensée. Presque 20 ans pour construire le Refuge, pas loin d’1 million d’euros investi et moins de 10 mois pour l’enterrer. Nous n’arrivons toujours pas à expliquer cette situation. Nous ne pouvons que regretter le traitement de cette affaire, l’absence de communication et sans doute la volonté de détruire l’activité du Refuge malgré l’utilité de sa mission. Pour rappel, les principaux protagonistes dans cette affaire n’ont toujours pas été jugés mais le Refuge est mort (et de nombreuses tortues aussi, la faute à qui ?). À qui profite tout cela ? Le temps apportera des réponses. Une chose est sûre en tout cas, ceux qui ont orchestré la fin du Refuge, qu’ils soient officiels ou non, n’en n’ont strictement rien à faire des tortues ! Quelle tristesse… »
En avril 2024, le Refuge entre en zone de turbulence
Pour rappel, c’est en avril 2024 que la structure était entrée en zone de turbulence. Une opération judiciaire venait d’être déclenchée, sous l’autorité du procureur de la République de Toulouse.
Une enquête préliminaire avait été ouverte « à la suite de signalements concernant des pratiques illégales organisées par la direction de ce refuge (conditions de conservation et d’hébergement irrégulières d’animaux protégés, remise en liberté dans la nature de spécimens, d’espèces envahissantes…) », avait expliqué en avril 2024 le procureur de la République de Toulouse de l’époque, Samuel Vuelta-Simon.
Trois personnes – le président de l’association, un salarié et une bénévole – avaient été « mises en examen et placées sous contrôle judiciaire » et une information judiciaire avait été ouverte pour abus de confiance au préjudice de l’association, mauvais traitement envers un animal, et pour de « nombreuses infractions environnementales telles que des atteintes à la conservation des espèces protégées ou le relâcher d’espèces exotiques invasives dans la nature, également des sévices et actes de cruauté sur les animaux », ajoutait le parquet, questionné par Actu Toulouse.
Le refuge fermé, l’agonie débute
Le refuge avait été fermé. Une administratrice judiciaire assurait la gestion du refuge, où résidaient toujours près de 1 500 tortues.
Pendant six mois, le site a connu une lente agonie. Seuls deux salariés avaient alors accès au site, mais plus aucun soigneur. À la fin de l’été 2024, faute de paiement des factures, EDF avait coupé l’électricité. Les cadavres des reptiles conservés au congélateur se putréfiaient alors que dans la serre, les tortues tropicales se mouraient…
Un sursis en novembre 2024
Début novembre 2024, des centaines de tortues avaient été exfiltrées du site par les services de l’État. Au même moment, l’administratrice demandait la liquidation judiciaire, mais le tribunal donnait un sursis à l’association qui œuvrait à faire redémarrer le site. Le Refuge était placé en redressement judiciaire pour six mois.
« C’est une demi-victoire. On évite temporairement le pire, mais il ne s’agit peut-être que d’un sursis. Car comment rouvrir sans animaux ? », s’interrogeait Frédéric Lavail alors du collectif Sauvons le Refuge des Tortues.
La mise en liquidation trois mois après ce sursis, puis cette dernière prise de position du collectif clôture certainement cette bien triste affaire.