Évidemment, c’est Paris qui donne le « la » des ondes avec les premières émissions enregistrées depuis la Tour Eiffel, Radio-Paris ou encore l’École des P.T.T. dès 1923. De son côté, la Compagnie française de radiodiffusion (CFR) qui fabrique les récepteurs Radiola, crée sous le même nom la première radio privée. Rapidement, le phénomène atteint les grandes villes de province. Toulouse est particulièrement dynamique en la matière et voit éclore de nombreux radio-clubs.
Une radio privée régionale
« Profitant de l’engouement naissant pour ce nouveau support de communication, Léon Kierzkowski, un vendeur de récepteurs radio de la rue de Metz et Jacques Trémoulet, un journaliste de l’agence de presse Fournier, s’associent pour lancer le projet d’une radio privée régionale » explique Sylvain Athiel, auteur de l’ouvrage Conquérants des ondes ! L’incroyable aventure de Radio-Toulouse et Radio-Andorre (Privat).
Les deux hommes créent en juillet 1923 la société La Radiophonie du Midi et un journal hebdomadaire Le Radiogramme qui annonce les futurs programmes de la station. Soutenus sur le plan politique par une dizaine de conseillers généraux, ils sont aidés par les chambres de commerce et le monde agricole.
La CFR consent à mettre à la disposition des deux initiateurs toulousains un émetteur de 2 kW et une subvention d’exploitation. Les installations techniques sont regroupées à la Villa Schmidt, rue Monté. Mais un court-circuit qui cause de graves dégâts oblige les dirigeants à émigrer et à installer, à l’été 1933, l’émetteur au château d’Enjaux, à Saint-Agnan, près de Lavaur, dans le Tarn.
Du rachat de postes privés au lancement de Radio-Andorre
Le 16 avril 1925, la première émission est lancée par Jean Roy, le « speaker » officiel de la station. Les programmes s’enrichissent rapidement et une véritable grille est élaborée. L’idée est alors d’instruire, d’informer et de distraire. Au-delà des bulletins d’informations, Radio-Toulouse accueille dans ses vastes locaux, au carrefour du boulevard Carnot, des allées Jean-Jaurès et de la rue Constantine (aujourd’hui Gabriel-Péri) de nombreux artistes, orchestres et conférenciers.
Grâce au sens commercial de Jacques Trémoulet, la station récolte très vite des recettes publicitaires. Rapidement, il rachète une grande partie des postes privés régionaux dont celui de Bordeaux puis d’Agen. L’État voit d’un mauvais œil cette ascension et essaie de le concurrencer en lançant sur la Ville rose Toulouse-Pyrénées, radio émanant des PTT. Dans l’hypothèse où il ne pourrait plus continuer ses activités en France, Trémoulet, lance habilement en 1939, une radio périphérique en Andorre promise à un bel avenir : Radio-Andorre. Accusé de collaboration à la Libération, l’homme d’affaires s’exile en Espagne. Radio-Toulouse cesse alors d’émettre laissant ainsi le champ libre à Toulouse-Pyrénées.
Mathieu ARNAL