Depuis deux ans et trois mois, Anne-Sophie et Romaric Madelpuech, étaient dans l’attente. En février 2023, la soeur et le frère avaient vu leur commerce de Toulouse détruit par un incendie survenu dans l’appartement situé juste au-dessus. Dans quelques jours, ils pourront de nouveau glisser leur clef dans la serrure de leur boutique, remise à neuf, et accueillir les clients, après un long parcours. On vous raconte.
Une boutique dédiée aux vêtements de travail
L’histoire de la boutique Arpet débute en octobre 2022. Romaric et Anne-Sophie, qui ont déjà une boutique dédiée aux vêtements et produits « Made in France » rue Jules-Chalande, ouvrent ce second magasin en plein sur la place de la Trinité. Un emplacement de choix pour vendre des vêtements de travail, réalisés par des maisons de confections anciennes et françaises, pour les citadins, mais aussi pour les artisans.
Une boutique qui rencontre très vite son public, tant le vêtement de travail est devenu un intemporel de nombreuses penderies. Les professionnels s’y retrouvent aussi : des compagnons du Tour de France viennent notamment s’y habiller.
Un coup de fil qui change tout
Arpet fait un départ canon, stoppé net par un coup de téléphone reçu un matin de février sur le portable d’Anne-Sophie. Au bout du fil, un client qui lui annonce que l’immeuble qui abrite Arpet est en flammes.
Quand je suis arrivé, les pompiers avaient sorti tous les vêtements dans la rue. Le plafond s’était effondré. La boutique n’a pas brûlé, mais tout était inondé d’eau, de cendres et de mousse.
L’incendie est accidentel et est parti de l’un des logements de l’immeuble.

Une cagnotte en ligne bien spéciale
Pas le choix, Arpet doit fermer. Romaric et Anne-Sophie se retroussent les manches, sollicitent leurs assurances, parviennent à stopper temporairement leur prêt bancaire, lancent même une cagnotte en ligne pour laquelle ils offrent, en contrepartie des dons, des vêtements « sauvés des flammes ». Soit des vêtements qui étaient dans la boutique au moment de l’incendie passés par un pressing spécialisé. « De la seconde main de qualité », expliquait alors Anne-Sophie.
Une nouvelle boutique
Grâce à cette initiative originale, ils parviennent à récolter plus de 10 000 euros. Une somme qui leur permet de financer l’ameublement d’une nouvelle boutique, située rue Bouquières.
Un pis-aller : moins bien située, le magasin ne fait que la moitié du chiffre d’affaires du commerce de la place de la Trinité.
« Clairement, heureusement qu’on avait notre autre boutique rue Jules-Chalandes, souffle Romaric. Mais en même temps, c’était important de continuer à faire vivre Arpet, même si c’était ailleurs : on n’allait pas tout arrêter après seulement quatre mois d’existence. »
« La charge émotionnelle va être forte »

Après l’incendie, les experts avaient annoncé des mois, voir des années de travaux. Ce sont donc finalement deux ans et trois mois de chantier qui ont été nécessaires. Dans la boutique, le plafond a été entièrement refait et des plateaux coupe-feu ont été installés. Par chance, les magnifiques meubles en bois, fabriqués dans les années 50 par un artisan de Revel, et héritage de la boutique de chemises qui a précédé Arpet, n’ont pas été endommagés.
Et pour la boutique Berthe Guilhem ?
C’est l’autre victime commerciale de l’incendie du mois de février 2023. Située au droit du magasin Arpet, Berthe Guilhem est une enseigne de cosmétiques bio au lait de chèvre qui avait, elle aussi, fermé ses portes après le sinistre. Très vite, l’enseigne s’était installée dans une nouvelle boutique située rue des Tourneurs.Pour l’instant, les gérants sont dans l’expectative quant à une réouverture prochaine sur la place de la Trinité. « On pédale dans la choucroute, confesse Marc Donat, gérant de Berthe Guilhem. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne veut pas conserver deux magasins. »Les deux boutiques ont donc été mises en vente. Berthe Guilhem s’installera définitivement dans celle qui ne sera pas vendue en premier.
Romaric et Anne-Sophie seront les premiers à réintégrer l’immeuble, des travaux d’aménagement dans les étages étant encore en cours.
« C’est sûr, ça va nous faire quelque chose de rouvrir vendredi, la charge émotionnelle va être forte, sourit Romaric. Et il faut que ça marche : on n’a pas attendu aussi longtemps pour rendre les clefs au bout de six mois ! »