« Ce n’est qu’une étape », mais elle est « cruciale ». Ce mercredi 7 mai 2025, Tisséo a présenté le bilan de la première concertation préalable à l’élaboration de son fameux plan « Demain mobilités », un « document cadre de ce qui constituera notre feuille de route » des transports en commun dans l’agglomération de Toulouse « à l’horizon 2040″, a rappelé Jean-Michel Lattes, le président de l’autorité des transports en commun de la Ville rose.Lors de cette première phase de concertation, qui s’est tenue entre le 18 novembre et le 16 février sur les 114 communes relevant du territoire de Tisséo, « près de 3 000 participations ou contributions ont été recensées. Elles ont permis de recueillir des avis divers et variés sur le devenir des mobilités, et de dessiner les contours des prochains projets de transport dans l’agglo. Voici ce qu’il faut retenir.
S’adapter aux « 200 000 habitants de plus » en 2040
Le ressort territorial de Tisséo, qui regroupe cinq intercommunalités autour de Toulouse, compte à ce jour 1,1 million d’habitants, et devrait gagner environ 20 % de population en 15 ans… « En 2040, nous serons 200 000 habitants de plus », a ainsi rappelé Jean-Michel Lattes, « alors, il faut adapter une mobilité qui sera de plus en plus complexe ».
S’appuyant sur le bilan des garants de la concertation, les élus — de tous bords — étaient à l’unisson, ce mercredi en comité syndical, pour saluer le succès de cette première phase, signe s’il en fallait de l’intérêt que portent les habitants de l’agglo à la problématique des transports… et des bouchons.
Un état des lieux des mobilités dans l’agglo
Concrètement, Tisséo a donc présenté dans le cadre de cette première concertation un état des lieux de la mobilité dans l’agglo toulousaine, en rappelant les grands projets programmés d’ici à 2030, et en formulant des hypothèses d’évolution entre 2030 et 2040. Mais aucun nouveau projet n’est donc ressorti validé de cette phase.
Pour l’heure, il n’y a pas de projet concret qui ressort de cette concertation, mais des principes. On retient surtout que les gens veulent plus de transports en commun de proximité.
Les choix seront tranchés… lors des Municipales
Les projets 2030-2040 ? Comme l’explique le président de Tisséo, « c’est l’étape suivante. Elle sera peaufinée à l’issue d’une nouvelle phase de concertation » qui sera lancée « en mai ou juin 2026 », soit après les prochaines échéances électorales. Car l’objectif est clair : que les candidats aux Municipales s’emparent de cet enjeu… et que les électeurs puissent ainsi trancher sur le devenir des mobilités à Toulouse :
Chaque équipe [en lice aux Municipales, NDLR] va développer son projet et les Toulousains choisiront.
Quels sont les enseignements de cette concertation ?
Alors que Tisséo, et ses partenaires, vont porter jusqu’en 2030 d’énormes projets en matière de mobilités (création de la ligne C, prolongement de la ligne B, lancement de nouvelles lignes de bus comme les Linéo 7 et 12 ou de la Ligne Express Muret, mais aussi Aménagements ferroviaires au nord de Toulouse qui ouvrent la voie à l’arrivée de la LGV et au RER toulousain, sans oublier les 430 km du Réseau express vélo, « dont 210 seront réalisés d’ici fin 2025 »), des citoyens ont déjà fait part de leurs attentes… et elles sont nombreuses, surtout à l’ère du changement climatique.
« La difficulté, c’est que les gens ont des attentes très diverses. Il y a notamment une opposition entre ceux qui sont arc-boutés sur les modes doux (marche, vélo) et ceux qui ont encore besoin de leur voiture », observe Jean-Michel Lattes.
Les principales attentes des habitants
Alors, quels enseignements tirer de cette première phase de concertation ? Si Tisséo ne sortira aucun projet du chapeau avant 2026, cela aura au moins permis de déceler « les principales attentes » des habitants en matière de mobilités, notamment en périphérie de Toulouse, où cinq idées majeures sortent du lot :
- Prolonger le métro, le tram et Téléo
- Développer le train (SERM) et l’intermodalité
- Améliorer fréquences et amplitudes des services existants
- Faciliter la circulation des bus
- Créer des dessertes transversales
Équité territoriale et cités dortoirs
Dans cette première phase, Tisséo a essuyé pas mal de « critiques sur l’offre de transports en commun en dehors de Toulouse », venues de territoires qui s’estiment lésés en la matière, surtout au sud et au sud-ouest de la Ville rose, où on réclame « davantage d’équité territoriale » sur les projets.
Outre le constat, quelques idées d’infrastructures ont déjà été mises sur la table : prolongements du métro, du tramway ou du téléphérique, nouveaux bus, etc. De même, « le projet SERM a été très largement abordé par les contributeurs », observe Jean-Michel Lattes, « mais de manière globale ». Parmi les réserves, certains s’inquiètent aussi que ce projet incluant le fameux RER toulousain « ne favorise l’apparition de cités dortoirs autour de Toulouse ».
Nouvelles lignes, fréquences et cadencement
S’il devrait y en avoir « davantage lors la deuxième phase », parmi la foultitude de propositions déjà postées par des contributeurs, les transports en commun se taillent la part du lion, avec quelques lignes de force : prolonger les lignes existantes ou à venir du métro, densifier l’offre de bus et des trains, quand d’autres voix s’élèvent pour rallonger le tramway, créer de nouvelles lignes, ou encore prolonger le nouveau téléphérique urbain.
Sans attendre de modes de transports lourds, de nombreux contributeurs demandent simplement une amélioration du service existant, des fréquences et autres cadencements, ainsi qu’un développement de l’intermodalité et des tarifications intégrées entre les différentes collectivités. Et alors que beaucoup d’habitants s’inquiètent de la future offre du réseau de bus avec l’arrivée de la ligne C, le patron de Tisséo entend bien y répondre :
Pour moi, le plus important, c’est la densification du réseau et la réorganisation qui se profile avec l’ouverture de la ligne C. Quand la ligne B était arrivée [c’était en 2007, NDLR], on l’avait ouverte un 30 juin, et dès le 1er juillet, on supprimait 400 passages de bus rue d’Alsace…
Alors que le REV avance à plusieurs vitesses dans l’agglo de Toulouse, de nombreux usagers réclament de changer de braquet sur le développement des modes doux (marche et vélo), avec le souci de mieux prévenir les conflits d’usage.
Quelles alternatives à la voiture ?
En somme, le développement des alternatives à la voiture a fait l’objet de « la majorité des contributions ».
De très nombreuses propositions ont été recueillies pour développer le vélo, la marche à pied, le réseau Tisséo, le réseau liO train et le SERM, à la fois pour améliorer les mobilités du quotidien des usagers et pour favoriser le report modal en rendant ces alternatives à la voiture plus attractives.
« De manière générale », souligne-t-on chez Tisséo, « la nécessité de poursuivre ou d’arrêter toute infrastructure routière visant à faciliter la circulation automobile fait débat : certains participants ont demandé de réduire la place de la voiture, d’autre ont fait part de leurs inquiétudes sur ce sujet, au regard du respect des libertés individuelles ».
« Moratoire sur les projets routiers » contre nouveaux échangeurs
C’est d’ailleurs un sujet qui divise fortement les contributeurs : plusieurs acteurs demandent la mise en place d’un moratoire sur tous les projets routiers, alors qu’à l’inverse, d’autres les jugent nécessaires pour lutter contre la congestion routière actuelle de la grande agglomération, et faire face aux perspectives de croissance démographique.
Ainsi, les uns réclament l’abandon des projets routiers (arrêter le projet de Jonction Est, mais aussi « fermer l’échangeur des Ponts-Jumeaux, car « ce n’est pas normal qu’une autoroute se déverse directement dans le centre de Toulouse »). Quand les autres invoquent « la création de nouveaux échangeurs » dans l’agglo (notamment « un demi-échangeur routier sur l’A64 et la M13, au niveau de Lafourguette ») ou souhaitent carrément que l’on puisse « doubler les voies des routes fréquentées par plus de 10 000 véhicules par jour » dans l’optique de « faire sauter les verrous que sont les feux tricolores et fluidifier le trafic ».