Jamais en retard pour se faire entendre, les agriculteurs de Haute-Garonne vont devancer l’appel du président de la FNSEA à se mobiliser le 26 mai partout en France et comptent déjà mener quelques actions fortes dans le département dès la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mai 2025, à l’initiative de la FDSEA. Ce qu’il faut savoir.
La FDSEA dépitée par « l’attitude des députés »
« Ce n’est plus admissible ». Présidente de la FDSEA en Haute-Garonne et agricultrice céréalière à Avignonet-Lauragais, Laure Serres est remontée comme une pendule face à « l’attitude des députés » autour de la loi Duplomb-Ménonville, censée « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».
Cette nuit, « ce sera la surprise »
« Nous allons mener dès cette nuit des premières actions dans les cantons », annonce ce jeudi à Actu Toulouse la patronne de la FDSEA en Haute-Garonne. Que vont faire ces agriculteurs, précisément ? « Ce sera la surprise pour tout le monde », évacue-t-elle, indiquant que « ce sera un peu moins cool que retourner les panneaux », l’action symbolique qui a été menée ces dernières années aux quatre coins du département.
Les députés du département dans le viseur de la FDSEA
Avant de passer à l’action, la FDSEA s’est fendue, fait valoir sa présidente, « d’un courrier à tous nos députés dans le département pour les sensibiliser » aux enjeux de ladite loi.
On attend leurs réponses, ou leurs non-réponses, car on a la malchance d’avoir que des opposants à la loi Duplomb-Ménonville sur notre territoire.
« Embrigadés par des idées d’un autre monde », ces députés « perdent leur capacité de réfléchir », soutient encore Laure Serres, qui se dit dépitée de l’attitude de ces élus « qui pensent un truc et votent le contraire ».
« On se mettra beaucoup moins d’interdits »
À quoi faut-il s’attendre ? Des coups de force sur le périph ou lieux symboliques en ville ? Des actions sur les permanences des parlementaires ? Ou d’autres initiatives encore ? « Rien n’est exclu », dit Laure Serres, qui garde le mystère. Promettant « autant de considération aux députés que celle qu’ils nous portent », la présidente de la FDSEA assure : « En fonction de leur mutisme ou de leur façon de réagir, on montera les paliers ».
Sur les prochaines étapes, on se mettra beaucoup moins d’interdits que ceux qu’on s’est imposés jusqu’à présent.
Une loi « qui va dans le bon sens », dit Laure Serres
La loi Duplomb-Ménonville est une avancée aux yeux de Laure Serres : « Cela ne résout pas tout, loin de là, mais ça va dans le bon sens pour lever les contraintes qui nous freinent le plus au quotidien ». Un texte qui, dit-elle, « doit permettre de garder l’agriculture en France, plutôt que de la laisser se délocaliser ».
Les « principales avancées » de ce projet de loi ? Pour cette céréalière, « il doit permettre de faciliter l’accès à l’eau, sans forcément créer des mégabassines, éviter les surcouches administratives, imposer les mêmes contraintes pour tous les pays, mais aussi faire en sorte que nous n’importions pas ce que nous ne souhaitons pas manger… »
« Les promesses ne sont pas là », fustige Arnaud Rousseau
« À partir du 26 mai, nous appelons, avec les Jeunes agriculteurs, à une nouvelle manifestation, à de nouvelles actions », avait annoncé ce jeudi matin sur RMC Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, considérant que « les promesses qui nous sont faites ne sont pas là et c’est intolérable pour nous ». Ce jour-là doit en effet débuter à l’Assemblée nationale l’examen de cette proposition de loi portée par Laurent Duplomb, sénateur (LR) de la Haute-Loire, et agriculteur de profession.
Un texte « détricoté » par les députés
Arnaud Rousseau estime que la parole donnée par le gouvernement « n’est pas tenue » car le texte, qui prévoit notamment de faciliter le stockage de l’eau, l’accès aux pesticides ou l’agrandissement des élevages, est « détricoté » en commission à l’Assemblée.
La semaine dernière, devant la commission du Développement durable, il a subi un important revers, avec la suppression d’un article ouvrant la voie à des dérogations environnementales pour certains projets de prélèvement et de stockage d’eau. En revanche, mercredi soir, devant la commission des Affaires économiques, les députés ont approuvé la réintroduction dérogatoire d’un insecticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France, mais autorisé ailleurs en Europe.