C’est une affaire qui a fait grand bruit à Toulouse. La semaine dernière, mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 mai 2025, onze hommes comparaissaient devant le tribunal correctionnel. Onze prévenus impliqués dans une vaste affaire d’enlèvement, séquestration et violences sur fond de trafic de stupéfiants, datant de mai 2022. Les ravisseurs reprochaient à leurs victimes d’avoir « carotté » de la drogue et d’avoir voulu doubler leurs fournisseurs. L’histoire avait défrayé la chronique puisque des deux hommes kidnappés à l’époque, l’un s’était extirpé de la voiture servant à l’enlèvement, alors qu’elle roulait à plus de 130 km/h sur l’autoroute en direction de l’Espagne. Une chute à haute vitesse ouvrant la voie à une grande enquête et à l’arrestation de plusieurs hommes. Six ont été placés en détention provisoire, trois sous mandat d’arrêt et deux sous contrôle judiciaire en attendant leur jugement qui se fait en deux volets : un premier au correctionnel pour le premier enlèvement et pour le second, un deuxième procès aux assises. Mais certains se trouvent encore en fuite et ne se sont donc pas présentés lors du procès. Pour autant, de loin, ils guettaient, eux aussi, le verdict… C’est le cas de celui qui se surnomme « Moms », le conducteur du premier voyage vers l’Espagne.
Un prévenu en fuite « parce qu’il a peur », dit son avocat
Le prévenu défendu par Me Jocelyn Momasso-Momasso est en cavale depuis plusieurs mois. « Il n’est jamais venu. S’il est encore en fuite, c’est parce qu’il a peur. Et vu ce qu’il s’est passé pendant les audiences, on peut comprendre », a plaidé son avocat. Lui-même s’est retrouvé au cœur d’une tourmente.
Le jour de la première audience, Me Jocelyn Momasso-Momasso est venu en aide à un policier alors que venait d’éclater une bagarre à la porte de la salle d’audience numéro 4. Trois hommes s’en prenaient à un quatrième âgé de 35 ans, le rouant de coups. Celui qui avait été passé à tabac n’était autre que la seconde victime du guet-apens. Celle qui avait réussi à sauter de la voiture, et dont l’histoire sera jugée aux assises à une date encore inconnue. Ensanglanté, cet homme avait alors porté plainte le soir même, tandis que Me Jocelyn Momasso-Momasso, dans un acte de bravoure, en a vu sa robe d’avocat arrachée. Du presque jamais vu, ou rarement, au palais de justice de Toulouse. Illustration d’une affaire coriace.
Des peines allant jusqu’à huit de prison
Et à affaire coriace, peines musclées. Après les plaidoiries de l’ensemble des avocats, les juges ont prononcé les sanctions vendredi 23 mai 2025. Trois ans après les faits, l’ensemble des prévenus, alors poursuivis pour les chefs d’arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire et violences aggravées, ont été reconnus coupables et doivent purger des peines allant jusqu’à huit ans de prison.
La plus forte revient à « Chico », le commanditaire des enlèvements, déjà condamné sept fois pour trafic de stupéfiants. C’est à lui que la première victime aurait dérobé de la drogue. C’est lui, aussi, qui a été jugé auteur des violences volontaires aggravées durant la séquestration. Il écope de huit ans d’emprisonnement avec mandat d’arrêt et interdiction de détenir une arme pendant 10 ans.
L’un des coupables en cavale compte se rendre, révèle son avocat
Un mandat d’arrêt qui vaut aussi pour « Moms », le conducteur. Celui qui possède quatre condamnations à son actif, une fois arrêté par la police, passera les deux prochaines années en prison, contre quatre requises par le procureur de la République. Presque un soulagement, estime son avocat Me Jocelyn Momasso-Momasso auprès d’Actu Toulouse…
Il en a marre d’être en cavale. Maintenant qu’il connaît sa peine, il va venir se rendre et il va la purger.
7 prévenus sur 11 condamnés à de la prison ferme
Au total, des onze prévenus, sept sont partis, vendredi, directement en prison ou bien, y sont restés. Un seul d’entre eux possédait un casier judiciaire vierge. La majorité se voit interdite de détenir une arme pendant plusieurs années avec exécution provisoire.