C’est une arrivée qui n’est pas passée inaperçue au nord de Toulouse. Dimanche 18 mai 2025, plusieurs dizaines de caravanes ont été installées sur une parcelle agricole située le long du chemin de Virebent, quartier Paléficat, le dernier quartier rural de Toulouse. C’est une communauté de gens du voyage qui s’est installée sur ce site, comme c’est arrivé à plusieurs reprises par le passé. Une installation qui suscite une vive colère chez certains riverains. Ce qu’il s’est passé.
« Nous en avons marre d’être le quartier où tout est permis. Ce dimanche-là, nous avons prévenu la police dès 14h 20, pour qu’elle intervienne rapidement afin d’empêcher l’installation d’un camp, car 2 ou 3 caravanes commençaient à s’installer. Aucune force de l’ordre n’est arrivée et le champ s’est couvert de caravanes. Très vite des containers et des toilettes sèchent ont été installés. Félicitations pour la réactivité et l’anticipation : à croire qu’ils étaient attendus », ne décolère Pascale Noirot, présidente de L’association « Vivre à Paléficat », interrogée par Actu Toulouse ce lundi 26 mai.
« C’est quelque chose de redondant »
Pour elle, cette installation serait directement liée à l’expulsion de 200 caravanes enregistrée à Balma, le même jour et l’installation d’une partie du convoi, le long du chemin de Virebent, constituerait la solution trouvée en urgence, par la Métropole.
« Paléficat est-il le quartier le plus proche de Balma ? N’y a-t-il pas beaucoup de quartiers à traverser ? N’y a-t-il pas de grands espaces innoccupés du côté de Quint-Fonsegrives, Limayrac, la Cote Pavée, ou Gramont. Ça suffit vous avez déjà le projet de nous construire des immeubles de 12 étages envers et contre tout et vous perdurez à nous nuire en indiquant, sans doute, aux gens du voyage qu’un champ leur est mis à disposition », s’agace la représentante des habitants du quartier en interpellant les autorités.
Elle complète :
« En 2024, j’ai eu les gens du voyage en face de chez moi pendant six mois. C’est quelque chose qui est redondant. Nous demandons à la mairie de labourer les champs pour éviter ces installations ».

« Une installation illégale »
Contactée par Actu Toulouse, Toulouse Métropole réfute l’idée qu’elle aurait favorisé l’installation des gens du voyage à Paléficat :
« Cette installation de gens du voyage, chemin de Virebent, n’est pas une solution trouvée par la Métropole en réponse à l’expulsion de Balma. Cette communauté de gens du voyage qui s’est installée à Paléficat n’a pas de lien avec celle qui a tenté de le faire à Balma, après avoir refusé la proposition, de la préfecture et du Sicoval, de s’installer sur l’aire de grand passage du Sicoval. Elle a choisi de s’installer à Paléficat, sur un terrain qui appartient à l’Établissement Public Foncier Local (EPFL), et elle l’a fait en toute illégalité. Les huissiers sont venus faire les constatations sur place. La procédure d’expulsion est lancée ».
Pour rappel, il y a quelques années, Toulouse Métropole envisageait de construire une aire de grand passage (ouverte de mai à octobre et dédiée à recevoir les grands passages de gens du voyage, sur orientation de la préfecture, NDLR) sur la zone de Gabardie-Montredon, proche de Paléficat. Les riverains et les entrepreneurs de la zone avaient déjà fait capoter le projet, ce qui montre la détermination des riverains sur le sujet, au nord-est de Toulouse.
Des campements qui se multiplient
Deux communautés de passage à Toulouse le même jour qui s’installent, ou tentent de le faire en dehors des aires dédiées à ce type de déplacements, alors même que la saison des grands passages (de mai à octobre, NDLR) ne fait que débuter. Une situation qui rappelle les trois dernières années durant lesquelles les installations illicites se sont multipliées.
Des installations que les communes tentent de limiter en labourant autour de certaines infrastructures, et en investissant dans des dispositifs anti-intrusion. De lourds investissements pour tenter de calmer la colère des riverains.
Aire de grand passage : toujours un mic mac
De son côté, Toulouse Métropole tente de trouver une porte de sortie quant au dossier épineux de l’aire de grand passage, censée accueillir les communautés de gens du voyage de passage dans l’agglomération. Près de 15 ans après le début du projet de Gramont, Toulouse Métropole est toujours hors la loi. Le schéma départemental de 2003 prévoit en effet la présence de deux aires de grand passage dans l’agglomération toulousaine.
Un projet est toujours à l’étude du côté d’Aussonne, mais il est bloqué en raison du bras de fer engagé par des riverains avec Toulouse Métropole et l’État.
Si cette deuxième aire de grand passage permettrait à Toulouse Métropole d’être en phase avec loi, elle ne résoudrait pas forcément pour autant la problématique des installations illicites sur le territoire de l’agglomération.
La difficulté d’accueillir les très grands passages
L’unique aire de grand passage de Toulouse Métropole, celle de la Mounède, n’est, en effet, quasiment jamais utilisée selon les données de Toulouse Métropole.
Les aires de grand passage ne sont pas non plus calibrées pour accueillir de grands rassemblements comme celui qui s’est tenu à Ramonville-Saint-Agne, en septembre 2024, quand une association évangéliste tzigane, avait regroupé environ 2 000 personnes sur un terrain de 17 hectares, utilisant l’eau et l’électricité du secteur et laissant, selon la mairie, une ardoise entre 50 000 et 100 000 euros entre le traitement des déchets à réaliser et les dégâts enregistrés sur place.