Sept semaines après l’incendie qui avait défrayé la chronique, les travaux ont repris de plus belle à Montrabé (Haute-Garonne), au nord-est de Toulouse, en cette fin mai 2025. Dans ce bourg de 4 300 habitants, un futur restaurant McDonald’s avait été la cible d’un feu nocturne et criminel, revendiqué par un mystérieux groupe baptisé « les Frites insoumises ». Quand va-t-il ouvrir ? Que sait-on de l’enquête et des incendiaires présumés ? Le point sur le dossier.
Reconstituer un puzzle abîmé
« Le chantier a repris depuis quelques jours », souffle une femme, appuyée sur un chariot du supermarché voisin, les yeux rivés sur le futur McDo. Sur place, ce mardi 27 mai 2025, derrière la porte d’entrée vitrée qui arbore déjà le fameux « M » de l’enseigne, des ouvriers installent le sol de l’établissement. Sur le toit ou en façade, d’autres s’affairent à emboîter les pièces visiblement renvoyées sur site, les originelles ayant été détruites par les flammes. Un travail d’orfèvre, comme s’ils reconstituaient un puzzle abîmé.
Quand le fast-food accueillera-t-il ses premiers clients ? Ouvrira-t-il avant l’été, ou, cela paraît plus probable, à la rentrée de septembre ? Interrogé, McDo « ne veut pas faire de commentaire sur le sujet ». La firme américaine craint-elle de mettre de l’huile sur le feu ?

Un incendie mystérieux en pleine nuit à Montrabé
Il faisait nuit noire, en cette nuit du lundi 7 au mardi 8 avril 2025, quand le feu avait subitement pris sur les coups de 3 heures du matin, ravageant ce restaurant en construction en contrebas de la route de Lavaur, dans la zone commerciale de Marignac. Quelque 18 pompiers étaient dépêchés sur ce fast-food sorti de terre en quelques semaines, et construit en ossature bois, comme tous ceux de l’enseigne. Au programme : plus de trois heures de lutte contre les flammes.

« Les Frites insoumises » n’ont toujours pas été cuisinées
Quelques heures après les faits, un mystérieux groupe se réclamant des « Frites insoumises » revendiquait dans un mail adressé à plusieurs médias, dont Actu Toulouse, avoir « incendié le McDonald’s en construction à Montrabé ». Un acte, affirmait-il, « en soutien au peuple palestinien, et contre la nouvelle stratégie d’expansion de la firme » sur le territoire français.
Les Frites insoumises ? Un drôle de collectif qui n’était pas dans « nos radars », soufflait le parquet de Toulouse à Actu, au moment de confirmer la nature criminelle du sinistre. Qui se cache derrière ? Est-il réellement à l’origine de cet incendie ? Contactés par mail, les pyromanes présumés n’ont jamais répondu à nos sollicitations. Et plus d’un mois après, c’est toujours une énigme.
« L’enquête se poursuit » dit la gendarmerie
Des gendarmes spécialisés de la Cellule en investigation criminelle ayant passé le site au peigne fin, le parquet avait annoncé dès le lendemain des faits qu’à la lumière des « investigations techniques », l’incendie était bien « d’origine criminelle ». Une enquête avait alors été ouverte « du chef de destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes ». Des faits « passibles de 20 ans de réclusion criminelle », rappelait le parquet, décidé à retrouver le ou les coupables.
« Aucune autre revendication à ce jour »
Un mois et demi plus tard, « le travail d’enquête se poursuit », indique-t-on du côté à la gendarmerie, ce mardi 27 mai. « La thèse volontaire ne fait pas de doute » pour les militaires de la brigade de recherches de Toulouse Saint-Michel.
Mais si « un gros travail de laboratoire de police scientifique » avait rapidement permis « d’établir que c’était un fait volontaire », la suite des investigations se veut plus complexe, et plus longue. Les militaires cherchent désormais à remonter jusqu’aux incendiaires et bénéficient pour ce faire de « l’appui judiciaire de spécialistes du milieu cyber ».
Car chose est sûre : mis à part ces fameuses « Frites insoumises » et leur étrange mail aux médias, les enquêteurs n’ont reçu ou décelé « aucune autre revendication à ce jour sur ces faits ».
McDo « déterminé à mener à son terme ce projet »
En première ligne face à cet « acte inacceptable », le maire (PS) de Montrabé Jacques Sébi avait aussi fait part de sa « profonde indignation » dans une commune « connue pour sa tranquillité ».
La direction du futur restaurant de Montrabé s’était de son côté émue d’avoir été ainsi ciblée : « Nous condamnons avec la plus grande fermeté la destruction partielle et volontaire d’un restaurant en cours de construction », indiquait-elle quelques heures après les faits.
Le franchisé en charge de cet établissement s’était montré « déterminé à mener à son terme ce projet qui va créer plus de 40 emplois, générer 3 millions d’euros d’investissement et contribuer à l’essor des filières agricoles françaises, y compris localement ».
Deux façades sur quatre changées
Mais la facture sera salée pour McDo. Comme le souligne la direction, « l’incendie n’a que partiellement impacté le chantier », mais selon une source proche du dossier, le préjudice est évalué par la firme américaine à environ un million d’euros.
Les dégâts sont colossaux. D’après nos informations, deux façades sur quatre ont dû être entièrement changées, ainsi que toute la partie métallique sur le toit du restaurant, la charpente ayant pu être sauvée des flammes.

Sous surveillance 24 heures sur 24
« Nous reprendrons les travaux dès que nous le pourrons avec les meilleures garanties de sécurité », avait par ailleurs indiqué le géant du fast-food. Depuis, des caméras de vidéosurveillance ont été installées sur le site, où des agents de sécurité se relaient aussi en permanence, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.
Un McDo décrié de longue date
Bien avant d’être incendié, cet énième McDo de l’agglo, implanté à proximité du magasin Super U, mais aussi du collège public de Montrabé, avait fait polémique localement, une association de parents d’élèves ayant notamment lancé — en vain — une pétition à l’encontre du projet, qui avait sans surprise obtenu son permis de construire en mai 2024.
Alors, qui a mis le feu au McDo ? Est-ce réellement « les Frites insoumises » ? Et qui se cache derrière ce drôle de nom qui plagie celui de la France insoumise ? Un mois et demi après, le mystère reste entier.