Un « soulagement ». Quelques heures après la décision de la cour administrative d’appel de Toulouse, qui a prononcé un sursis à exécution des jugements annulant les autorisations environnementales délivrées par l’État, ce qui rend, de fait, possible la reprise immédiate du chantier de l’A69, le préfet de la Haute-Garonne et d’Occitanie Pierre-André Durand a été interrogé par Actu.fr ce mercredi 28 mai 2025 dans la Ville rose sur ce nouveau rebondissement dans le dossier controversé du projet d’autoroute reliant Castres à Toulouse.
« Près de 1 000 personnes avaient perdu un emploi », rappelle le préfet
Pierre-André Durand ne s’en cache pas : cette décision de justice « constitue un véritable soulagement, puisque l’interruption du chantier en cours faisait peser des risques sur la sécurité des installations et des personnes aux abords du site ».
Elle avait également des répercussions considérables sur le tissu économique local : je rappelle que près de 1 000 personnes ont de fait perdu un emploi, que des entreprises se sont retrouvées en difficulté, etc.
Une preuve que « le travail » de l’État « était de qualité »
Mais pour le représentant de l’État dans la région, cette décision corrige aussi et surtout un camouflet infligé à ses services par les juges du tribunal administratif de Toulouse.
En tant que préfet de la Haute-Garonne et au nom aussi de mon collègue du Tarn, c’est pour nous deux une grande satisfaction parce que cela montre que le travail technique qui avait été réalisé pour signer cette autorisation environnementale était de qualité.
Cette décision est donc « un soulagement », mais c’est aussi pour le préfet « la confirmation du professionnalisme des fonctionnaires de l’État ».
Le préfet « confiant » pour l’audience sur le fond
Si l’État a obtenu la suspension de la décision de justice en référé, reste le gros morceau : la décision sur le fond du dossier par cette même juridiction administrative d’appel, qui devrait l’examiner d’ici un an. Là aussi, le préfet de région se veut confiant.
Le jugement au fond interviendra dans plusieurs mois, mais nous sommes confiants puisqu’il y a eu cette décision de suspension du jugement du Tribunal administratif de Toulouse.
Quand reprendra le chantier ?
Alors que le ministre des Transports a annoncé dans la matinée une reprise du chantier « à partir de mi-juin, de manière progressive », le préfet a été interrogé sur la date précise, et il temporise : « Il est trop tôt pour vous répondre sur ce point ».
Nous sommes en train d’en étudier les modalités. Mais quand nous avons dû arrêter le chantier, cela a nécessité plusieurs semaines pour déployer les mesures techniques de mise en sécurité, et pour mettre en place un certain nombre d’adaptations. Il en sera vraisemblablement de même pour reprendre le chantier.
« Il va falloir que les entreprises se mobilisent, que certaines relancent des recrutements, etc. Tout cela prendra vraisemblablement quelques semaines », détaille Pierre-André Durand, qui estime que « l’important était d’avoir un paysage juridique clarifié et c’est le cas depuis ce matin ».
Un appel « au civisme » des opposants
Alors que les opposants à l’A69 accusent le coup et s’apprêtent à manifester dès ce mercredi soir devant les préfectures de la région, mais aussi face à la gare Matabiau en centre-ville de Toulouse, Pierre-André Durand les appelle au calme.
Lorsque l’autorisation environnementale a été attaquée, tous les opposants demandaient avec force à ce que l’État respecte strictement les décisions de justice, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué de nous étonner parce que c’est ce que l’État fait par essence… Quand cette décision du Tribunal administratif qui lui était défavorable est tombée, l’État a donc immédiatement respecté et appliqué cette décision de justice.
Puis il poursuit : « J’avais dit que si l’État devait obtenir satisfaction » en appel, « j’attendais le même civisme de la part de celles et ceux qui réclamaient avec insistance le strict respect des décisions de justice en première instance ». Pour le préfet, l’État a joué le coup. « Maintenant, j’attends la même chose de leur part, le même civisme ».
Faut-il craindre des débordements ?
Alors que des actions anti-A69 se sont parfois soldées par des débordements, le préfet en redoute-t-il de nouveaux ? « Des mesures de précaution » ont été prises avant le rendez-vous de mercredi soir à Toulouse, « comme nous le faisons pour toute manifestation non déclarée », souligne le représentant de l’État.
Pierre-André Durand s’attend-il à voir des casseurs infiltrer le mouvement ces prochaines semaines ? « C’est quelque chose qu’on a aujourd’hui sur toute manifestation, quel qu’en soit l’objet », évacue le préfet. « Mais à partir du moment où la plupart des opposants sont respectueux de l’État de droit, je n’ai pas d’inquiétude particulière ».