« Arnaud Bernard est souvent vu par un prisme négatif », confiait Laurence Katzenmayer, maire du quartier lors d’une conférence de presse ce lundi 26 mai 2025. Pendant de nombreuses années, le trafic de drogue y a sévi et la place a longtemps été évitée des Toulousains et des touristes. Mais la mairie de Toulouse entend bien changer la donne. Pour cela, depuis dix ans, plusieurs actions ont été menées afin de redynamiser la place. Olivier Arsac, élu en charge des commerces, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, et Laurence Katzenmayer en détaillaient les mesures.
Diversifier les commerces et monter en gamme
« On oublie trop souvent que c’est un quartier qui vit, avec des personnes qui l’aiment. » C’est en concertation avec les commerçants et les habitants que depuis plusieurs années déjà, la Ville réaménage la place Arnaud Bernard.
En plein travaux pour rendre cette place très minérale plus végétale, d’autres efforts ont été déployés afin de rendre la place agréable et plus vivante. « On s’est demandé comment faire en sorte de la diversifier en termes de commerces et monter en gamme », précise Jean-Luc Moudenc.
La place Arnaud Bernard a donc été le premier secteur de Toulouse où la mairie a mené « une action volontariste avec les commerces en rachetant des baux commerciaux ». En dix ans, « 14 locaux ont été accaparés sur la place », par la Ville, détaille Olivier Arsac.
Le rachat des baux commerciaux
« Au départ, il y avait neuf fois plus de commerces de bazar que dans les autres quartiers, trois fois plus de street-food et trois fois plus de boucheries communautaires », rapporte l’élu, ajoutant qu’il y avait aussi des commerces vacants. Mais comment redynamiser la place et sa quarantaine de commerces ?
« Aujourd’hui, on a réussi à diversifier, notamment par le rachat de baux commerciaux avec le PLF. » Un premier levier utilisé par la mairie et « très intéressant » pour redynamiser la place. « L’avantage de disposer du local, ce n’est pas forcément de changer le commerce, mais de parler sur la durée. Soit pour l’évincer, soit pour l’accompagner dans son évolution. »
La préemption du fonds de commerce, un levier peu utilisé
Autre levier exploité : la préemption du fonds de commerce avec les fonds municipaux. « On l’utilise assez peu », avoue Olivier Arsac. Et pour cause, cette méthode est très encadrée.
La mairie dispose de deux mois pour préempter et se porter acquéreuse. Une fois rachetée, elle dispose d’un délai de deux ans pour rétrocéder le fonds de commerce ou le bail à une entreprise « avec pour objectif d’assurer la diversité commerciale ou artisanale du périmètre concerné ».
En dix ans, la Ville a usé de ce pouvoir à deux reprises uniquement. « Ce n’était pas facile, mais on a réussi à chaque fois à revendre dans les délais. »
Négocier avec les propriétaires
Le troisième levier est celui du lien, de la prospection et de la négociation avec les propriétaires de commerces perdus de vue avec le temps. « Les commerces étaient laissés vacants, notamment une boulangerie qui pendant sept ans est restée rideau baissé. »
En échangeant avec les habitants et commerçants du quartier, la mairie a su remonter la piste, retrouver le propriétaire et négocier avec lui pendant deux ans afin de le convaincre de vendre ou louer. « Il ne manquait pas d’argent et se moquait que le local soit fermé depuis sept ans », s’insurge Olivier Arsac.
Finalement, tout ce « travail méticuleux » a payé, puisque la commercialité de la place s’est diversifiée. Fromagerie, boucherie, bijouterie, librairie, disquaire, magasin de vélo et trottinette, coffee shop ou encore restaurants animent la place.
Assurer la sécurité
Si les commerces et la vie de quartier peuvent reprendre, c’est aussi parce que la mairie est parvenue à faire reculer le trafic de drogue sur la place Arnaud Bernard.
« On a réussi à faire reculer les problèmes de sécurité », se félicite Jean-Luc Moudenc, même s’ils n’ont pas été « totalement résorbés ». Pour cela, la police dépêchée sur place a pratiqué la technique du « harcèlement de dealers » qui consistent à intervenir régulièrement sur les points de concentration afin d’épuiser les trafiquants de drogue.
Méthode à laquelle s’est ajoutée l’implantation de 14 caméras dans le quartier depuis 2014, dont quatre sur la place.
Un espace public plus agréable
Avec les nouveaux aménagements urbains en cours, dont les travaux devraient se terminer en novembre, la place Arnaud Bernard pourrait bien devenir attractive.
« L’idée, c’est de transformer cet espace public en le rendant plus agréable, et accessible […] On veut aussi plus de fraîcheur, de végétal et d’ombre », avance Jean-Luc Moudenc. Rendez-vous en novembre pour découvrir le nouveau visage de cette place.