Ils n’ont cessé de manifester pendant des mois et des mois. Un peu plus d’un an après l’annonce du plan Thémis par la direction de la coentreprise franco-italienne Thales Alenia Space, les salariés célèbrent « une première victoire ». Lundi 2 juin 2025, le PDG de TAS, Hervé Derrey, s’est adressé à l’ensemble des salariés pour acter le gel du plan de suppressions de postes jusqu’à mi-2026 « au moins ».
764 postes en suspens à Toulouse
Pour rappel, 1300 emplois étaient sur la sellette en Europe, dont 764 postes à Toulouse, sur les 2400 salariés que compte le site toulousain.
Le plan social prévoyait des départs à la retraite favorisés et des changements de secteur, notamment pour les ingénieurs hautement qualifiés et les techniciens qui conçoivent les satellites. « Aucun départ contraint ne découlera de ce plan », expliquait alors TAS.
En cause ? Une baisse d’activité sur le marché des satellites à destination des télécommunications (les géostationnaires, ndlr.), en chute depuis plus de trois ans. Le groupe souhaitait alors changer sa fenêtre de tir en se réarmant davantage du côté des satellites dernière génération « qui demandent beaucoup moins de travail ». Un argument qu’avaient vivement contesté les syndicats CGT, CFDT, CFE-CGC et Force Ouvrière. « Certes, il y a moins de travail sur les nouveaux satellites, mais ils ne représentent qu’une part du marché », réagissait Thomas Meynadier, délégué syndical à la CGT, dans un précédent article d’Actu Toulouse.
Des activités en croissance
Les salariés de Thales ont commencé la conception d’une constellation européenne (modèle en vogue depuis la création de Starlink par Elon Musk, ndlr). Le projet Iris² est en cours « avec des besoins qui vont monter jusqu’à 600 personnes sur toute la France ».
En parallèle, il faut aussi continuer le développement et la fabrication des géostationnaires, mais aussi, rattraper le retard accumulé. « La charge de travail prévue pour 2026 est identique à celle qu’on connaît maintenant », assurait, en septembre 2024, le membre du CSE et syndicaliste CGT, Thomas Meynadier. Voire, elle augmente déjà !

« À la fin de l’année, il va nous manquer 1 000 personnes »
On a gagné deux contrats cette année pour des géostationnaires, un pour la Norvège et un pour le Japon. Et là, on répond à un appel d’offres pour d’autres contrats. Ça représente une vingtaine de mois de travail pour chacun des satellites.
Preuve en est, selon lui, et s’il faut le rappeler, que « le spatial n’est pas en crise ». Dans un communiqué, la CGT rappelle « avoir analysé dès mars 2024 que ce plan n’avait aucune justification industrielle et économique ». Une confirmation accordée par l’étude du cabinet Syndex fournie en fin d’été 2024.
Non seulement, il n’y a pas besoin de supprimer des postes mais en plus, il faudrait embaucher. Aujourd’hui, il nous manque 500 personnes pour exécuter les contrats qu’on a signés et à la fin d’année 2025, il va nous en manquer 1 000 pour toutes les activités spatiales de Thales !
L’arrêt du plan de suppressions de poste réclamé
Au lendemain de l’annonce du gel des suppressions de poste, la nouvelle fait donc office « de soulagement » mais aussi « d’une grande amertume ».
« La santé des salariés est mise à mal (en septembre, 13 % des salariés souffraient d’épuisement professionnel, selon le cabinet Technologia, ndlr). Geler le plan ne change rien. On réclame l’annulation complète du plan et des embauches. C’est une première victoire, mais il en faudra d’autres. »
Une volonté d’arrêt total du plan soutenue par les députés socialistes (PS) de Haute-Garonne Jacques Oberti et Arnaud Simion. « Elle le doit aux salariés et aux syndicats qui s’investissent énormément », écrivent-ils. « Maintenant que le risque de suppression de plusieurs centaines d’emplois est écarté au moins pour une année », les deux parlementaires demandent à la Direction de Thales Alenia Space un « calendrier clair », un dialogue « franc, permanent et durable » et une « stratégie forte qui continue d’inclure les salariés qui font la renommée de l’entreprise ». Et de la capitale européenne du spatial, Toulouse.