C’est tout un cortège d’agents de contrôle et de membres des forces de l’ordre qui se dressaient au sein de la station Borderouge, à Toulouse vendredi 23 mai 2025. D’apparence, ils n’étaient là que pour vérifier les titres de transport des quelques centaines de personnes qui sortent du métro toutes les trois minutes. La réalité, c’est qu’ils sont l’arme de Tisséo pour lutter contre la fraude.
Cette dernière a fait perdre 6,7 millions d’euros en 2024 à l’entreprise de transports en commun toulousains. Le message est clair : 2025 sonnera le glas des voyageurs en situation d’irrégularité. Le transporteur dirigé par Jean-Michel Lattes mettra, tout du moins, les moyens pour y parvenir.
Plusieurs contrôles par semaine
Et la première mesure de son plan est une collaboration accrue avec les polices municipales et nationales. Depuis janvier dernier, ce sont plus de 200 opérations qui ont été menées dans le cadre de la liaison entre ces trois entités. En résultent près de 168 000 contrôles et plus 5 170 procès-verbaux dressés.
Plus globalement, Tisséo a proposé, en début d’année, de mener 5 à 8 interventions de ce genre chaque semaine.
La police en renfort
En parallèle, Emilion Esnault, adjoint au maire en charge de la coordination des politiques de bonne tenue de l’espace public, a assuré que la Ville a renforcé l’appui de la police municipale à Tisséo cette année.
Des initiatives qui ont d’autres bienfaits, selon Audrey Hippert, directrice d’exploitation du transporteur : “C’est un partenariat qui fonctionne bien. Ça apaise les contrôles et nos agents se sentent plus en sécurité.” “La présence des forces de l’ordre permet de calmer tout le monde”, précise l’élu à la mairie. Avant d’ajouter : “Assurer une présence, une proximité, pour rassurer nos agents est un enjeu majeur.”

Un plan national, avec Tisséo comme premier expérimentateur
Deuxième point important de la stratégie de Tisséo, le tout jeune plan Stop Fraude. Mis en place nationalement par l’Union des Transports Publics et Ferroviaires, il a pour but de permettre une meilleure fiabilisation des adresses des contrevenants pour optimiser le recouvrement des amendes.
Tisséo Voyageurs est l’un des six réseaux de transports en commun à l’expérimenter. Et les résultats payent d’ores et déjà. En 2024, 39 % des 29 526 amendes enregistrées n’avaient pas été payées. Sur les 3 premiers mois de 2025, seuls 28 % sur 1377 n’ont pas abouti.
La vidéoprotection déployée
En plus de son engagement contre la fraude, le transporteur investit aussi pour la sécurité de ses stations et de ses passagers. 3 millions d’euros ont été dépensés pour incorporer la vidéoprotection dans le métro. 4,5 millions supplémentaires devraient suivre.
5 millions d’euros ont, sur la période 2023-2024, été destinés au renforcement de la sécurité des ouvrages d’art du souterrain et pour l’expérimentation d’une vidéo embarquée sur 3 rames prototypes.
Une ville « bien tenue »
Un ensemble de mesures qui semble fonctionner. Une enquête mobilité réalisée par Tisséo entre le 24 juin et le 8 juillet 2024 auprès de 1006 personnes utilisant les transports en commun dans 234 communes donne plusieurs chiffres. 84 % des utilisateurs se sentent plutôt ou tout à fait en sécurité en leur sein. Une statistique qui grimpe à 92 % à Toulouse même. 84,4 % des usagers jugent plutôt importante ou tout à fait importante la présence du personnel sur le réseau dans leur sentiment de sécurité.
Ce qui fait de la Cité des violettes une ville “bien tenue”, selon Tisséo. Mieux encore, elle aurait “un taux de fraude excellent à l’échelle des grandes métropoles françaises”, toujours selon l’entreprise.
La fraude en baisse
Car en effet, ce dernier semble sur la pente descendante après plusieurs années en dents de scie. Il est passé de 6,5 % à 5,9 sur la moyenne de tous les transports entre 2023 et 2024 et a baissé dans chacun d’eux, sauf le Téléo. Il est d’ailleurs en baisse constante depuis 2022 si on ne compte que le métro. Des chiffres encourageant pour une campagne qui a pour objectif « de garantir la sécurité et le confort des voyageurs en incitant à la validation », selon Tisséo.