Penser la métropole de Toulouse de demain, mais sans limites financières ni contraintes politiques. C’est sur ce (vaste) sujet que des étudiants en Master de l’École nationale supérieure d’architecture (Ensa) de Toulouse ont planché pendant l’année scolaire. Ils s’apprêtent à présenter le fruit de leurs réflexions et certaines de leurs propositions sont franchement iconoclastes !
Utopie métropolitaine
Chaque année, entre quinze et trente élèves participent ainsi à ce projet qui pense la métropole toulousaine « dans deux ou trois générations », selon les mots de leur professeur, l’architecte et urbaniste Uli Seher. Avec une méthodologie de départ assez simple.
On envoie les élèves sur le territoire de la métropole, sans aucune contrainte. Juste arpenter, regarder et tourner un petit film. Les élèves ciblent leur attention sur les dysfonctionnements, les particularités toulousaines et c’est de là que part leur réflexion.
Transformer les usines Airbus en logement
Et la réflexion est souvent riche, comme le montrent quelques-uns des sujets traités cette année par les étudiants. L’un d’eux s’est ainsi intéressé au potentiel des usines d’Airbus et de ses sous-traitants dans la zone aéroportuaire… si l’aéroport déménageait !
Partant de l’hypothèse que la décision de déplacer l’aéroport était acquise, l’étudiant a ainsi réfléchi au potentiel des friches industrielles que cela générerait et à l’intérêt pour les promoteurs et aménageurs de réutiliser les bâtiments pour y faire des logements, tout en respectant la loi Zéro artificialisation nette.
Un précédent à Berlin
« On a déjà vu ça dans d’autres villes, souligne Uli Seher. À Berlin, il y avait auparavant un aéroport très proche du centre-ville qui permettait de desservir l’ouest avant que le mur ne tombe. Quand il est tombé, l’aéroport a été transformé en un gigantesque projet urbain. »
Toujours dans le domaine des transports, des étudiants se sont intéressés à la cohabitation entre le canal latéral et la future ligne LGV.
« Avec la ligne de chemin de fer, le canal est coupé du reste de la ville, détaille Uli Seher. Les élèves ont fait des propositions pour que la LGV soit enterrée par endroits ou passe sur des ponts à arcades ailleurs. L’idée est de créer une transparence entre la Garonne et le canal, de prolonger le futur grand parc Garonne. »
Couper le périphérique pour désenclaver un quartier
C’est une particularité toulousaine à laquelle les étudiants architectes s’intéressent régulièrement : comme en 2022, (Actu Toulouse vous le racontait ici), des étudiants se sont penchés sur la portion du périphérique située entre le stade Ernest-Wallon et Purpan.
Un bout de périphérique que les étudiants proposent carrément de supprimer !
« Cette portion du périphérique est trop proche du centre-ville, abonde Uli Seher. En plus, elle isole le quartier des Sept-Deniers qu’on peut pourtant considérer comme un quartier du centre-ville. »
Faire passer les véhicules par l’A621, le fil d’Ariane et l’A624 avant de rallier l’A620 permettrait donc de désenclaver le quartier qui héberge le stade Ernest-Wallon (qui avait d’ailleurs déménagé pour permettre la construction du périphérique), mais aussi de créer une continuité paysagère entre la Garonne et le canal latéral.
Rêveurs ou visionnaires ?
Doux rêveurs ou visionnaires en avance sur leur époque, ces étudiants architectes ? Leur professeur en est persuadé, certaines de leurs idées pourraient être concrétisées dans la métropole toulousaine de demain.
« Ce master, c’est une sorte de laboratoire de la politique de la Ville, libéré des questions politiques et financières, insiste Uli Seher. Pour les collectivités publiques, c’est forcément intéressant : ils peuvent voir des idées novatrices émerger, sans passer par une commande d’études. »
Le Master utopie métropolitaine de l’Ensa Toulouse bénéficie en tout cas de partenaires très concrets et implantés dans le réel, comme Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse métropole en charge de l’urbanisme ou encore de Laetitia Vidal, présidente de la fédération des promoteurs immobilier d’Occitanie. Les étudiants présenteront le résultat de leurs travaux jeudi 5 et après-midi et vendredi 6 juin au matin à l’ENSA.