Quand les organisateurs de la Marche des fiertés de Toulouse lui ont demandé d’être la marraine de la trentième édition de la manifestation, Sandra Forgues a été « emballée ».
« Les temps sont assez sombres en France et dans le monde : la pensée néoconservatrice agite les peurs, estime-t-elle. Le monde LGBTQI+ qui représente la liberté, le bonheur, la joie de vivre et même vivre tout court est à l’antipode de ce discours. Et la marche des fiertés permet d’ouvrir les yeux et les oreilles des gens : il faut accepter la diversité, il n’y a aucune peur à avoir ! »
Coming-out en 2016
Champion Olympique de canoé en slalom C-2 à Atlanta en 1996, multiple champion du monde en individuel et par équipe, Wilfrid Forgues est devenu Sandra à la cinquantaine venue.
Dès l’enfance, je me suis ressentie fille. Jusqu’à mes 20 ans, j’ai cru que j’étais la seule au monde à ressentir ça. Quand j’ai compris que ce n’était pas le cas, j’ai essayé à tout prix de combattre cette sensation, jusqu’à devenir champion de kayak pour être dans une virilité hors norme. Mais la transidentité est plus forte que tout.
Ingénieure et présidente du conseil d’administration du Creps
C’est finalement en 2016, que Sandra Forgues fait son coming-out trans et entame sa transition. « Le jour où j’ai été libérée de la testostérone, je me suis sentie tellement bien », sourit-elle.
Aujourd’hui, Sandra est ingénieure dans une entreprise de Blagnac et présidente du conseil d’administration du Creps de Toulouse. Elle vient aussi de remettre un rapport à la ministre des Sports sur transidentité dans le sport de haut niveau. « On espère que ça aboutira sur la mise en place d’un observatoire. Malheureusement, dans le sport, on régresse aussi beaucoup dans l’acceptation de la transidentité ces derniers temps. »
Plutôt « Role model » que « militante »
Malgré son engagement, Sandra Forgues refuse de se définir comme une militante. « C’est un trait de caractère que je n’ai pas, il y a des gens et des associations qui font ça très bien. Je suis plutôt en « background», comme un « role model ». Il y a tellement de gens qui l’ont été pour moi que si je peux le faire à mon tour, c’est avec plaisir.»
Le 7 juin, Sandra Forgues sera sur le char en tête de la Marche des fiertés. « Un moment festif, un peu tout fou, où tout le monde peut s’exprimer. Ça ne fait de mal à personne et ça ouvre les yeux sur la diversité humaine ! »