Dans les rues de Toulouse, Renaud Lacorte se balade avec un véritable studio de photographie… Un matériel d’un autre temps qui peut surprendre les passants. Avec son appareil à soufflet, il photographie le patrimoine de la Ville rose au collodion humide, une technique des années 1850. Le 7 juin 2025, il rend hommage au quartier Jolimont à l’occasion d’une exposition au Grand Bazar. Rencontre.
Dans les archives de la Seconde Guerre mondiale
Amoureux de la photo, de jolis clichés aux différentes nuances de gris, Renaud Lacorte est le photographe qu’il vous faut à Toulouse, un des rares en France a faire vivre la technique du collodion humide.
Toulousain depuis ses premiers jours, Renaud est tombé dans la photo quand il était petit. « Ma mère a toujours été attirée par les arts plastiques et elle était très photographie. » Plus jeune, il prend plaisir à photographier les manifestants avec le boîtier réflexe de sa mère.
La passion devient un métier, après avoir fait ses études à l’ETPA, fondée par Jean Dieuzaide, à Toulouse. Sa carrière débute dans les archives : de Paris-Match au ministère des armées, Renaud numérise les fonds.
« Je faisais notamment des plaques de verres de la Seconde Guerre mondiale sur les aviateurs. Quand ils partaient au combat, ils se prenaient devant leur avion, dans le cas où on ne le reverrait plus. C’était en guise d’honneur. C’est stupéfiant de voir comment la plage de gris de ces photos a tenu avec le temps, contrairement aux photos numériques. »
Les fonds Georges Ancely, un déclic
C’était la première fois que Renaud touchait ces plaques photographiques réalisées au collodion, mais vraisemblablement pas la dernière. En 2022, une mission l’emmène à numériser les fonds de Georges Ancely, célèbre commerçant et photographe de Toulouse.
« Ça m’a fait vriller : la définition de la photo, les compositions… Ils avaient l’œil à l’époque ! J’ai dû numériser plus de 250 plaques. »
C’est à cet instant que lui vient le déclic : Renaud va user de ses compétences, s’atteler à quelques recherches minutieuses et va se spécialiser dans la photographie au collodion humide.

Le collodion humide, quesaco ?
Cette technique a vu le jour en 1851, sous l’égide de Frédérick Scott Archer, un photographe britannique. Muni d’une plaque en verre ou en métal, tout se joue en l’espace de quelques minutes.
Après avoir versé sur la plaque le collodion, un vernis qui permet de sensibiliser, photographier, développer et fixer l’image, Renaud dispose de 15 minutes pour capturer sa photo avant que le produit ne sèche. C’est pour cette raison qu’il se trimballe avec son studio ambulant. « Je porte sur mon chariot près de 40 kg de matériel ! ».
Tout est fait maison pour le tirage d’une photo : les mélanges et la bonne formule des liquides utilisés, préparés à l’avance, tout comme les plaques en métal réalisées sur mesure par un artisan local.

Une exposition au Grand Bazar
Lors de son passage à Jolimont pour préparer son exposition, Renaud confie y avoir passé du temps. « Pour une photo de patrimoine, ça peut me prendre 3 heures. » Il faut dire que tout est scruté à la loupe pour que le cliché soit réussi.
L’altitude, la lumière, le temps et les rayons du soleil influent sur la photo. « Je n’ai pas le droit à l’erreur, je ne vais pas pouvoir retoucher derrière. Quand je fais ma photo maintenant, je sais qu’elle est bonne. »
L’observatoire de Jolimont, le cimetière de Terre Cabade et plein d’autres monuments du quartier et surprises seront à découvrir lors de son exposition au Grand Bazar, à découvrir du 7 jusqu’au 21 juin 2025.
L’inauguration se tiendra à 18 h 30 avec deux artistes. Deux studios éphémères pour tirer son portrait auront également lieu le dimanche 15 de 11 h à 18 h et le lundi 16 juin de 10 h à 17 h.

Se faire tirer le portrait
Plus tard, à l’automne, ses clichés s’exposeront aussi à L’Union, dans le cadre d’une collaboration pour mettre en lumière le patrimoine de la commune.
Et quand Renaud n’expose pas, il reçoit chez lui pour tirer le portrait de ses clients. « Ma formule préférée, c’est le couple. » Pour réserver une séance, rendez-vous sur son site internet.
Exposition visible du 7 au 21 juin au Grand Bazar.Pour tirer son portrait : rendez dimanche 15 juin de 11 h à 18 h et lundi 16 juin de 10 h à 17 h.