La Belle Époque, l’époque faste des chemins de fer départementaux. Plus qu’ailleurs, la Haute-Garonne se distingue en développant un réseau de plus de 400 kilomètres de voies ferrées d’intérêt local (VIFL). Ces lignes secondaires, exploitées par la Compagnie des Chemins de Fer du Sud-Ouest (CFSO), construites dans les années 1900-1912, sont essentielles au désenclavement des nombreux cantons ruraux. Dans le quartier Saint-Cyprien, l’atmosphère surannée de la gare Roguet, centre névralgique de cette épopée, est contée par Christian Py de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine des transports urbains et interurbains toulousains (ASPTUIT). « Les voyageurs arrivaient rue de Gascogne, traversaient une partie des voies de desserte du quai à bestiaux, avant d’arriver aux portails afin de déposer leurs marchandises à la halle des messageries ou allaient directement prendre leur ticket au bâtiment des voyageurs ».
Plus de 5h de trajet entre Toulouse et Boulogne
Dans les premières années, la vitesse des trains à vapeur souvent mixtes – qui comportent une ou deux voitures de voyageurs et quelques wagons de marchandises – ne dépasse pas les 15 km/h, voire moins selon le poids et la déclivité du parcours.
Dans certaines pentes assez abruptes, il est assez fréquent de descendre du convoi, marcher à ses côtés avant de remonter. Une ambiance joyeuse communicative où chaque halte est prétexte à se désaltérer au café du coin et où les paysans vendent leurs productions. Et qu’importe si pour rallier Toulouse à Boulogne-sur-Gesse le trajet dure près de 5h30…
Durant l’entre-deux-guerres, la CFSO lance des automotrices électriques mais le déficit croissant conduit à supprimer des lignes. En 1942, le département reprend l’exploitation sous forme de régie mais renonce à moderniser le réseau. Malgré le démantèlement de ses voies en décembre 1949, la gare Roguet reste à peu près intacte. Dans la décennie 50, on y construit même une éphémère gare routière avant de laisser place aux barres d’une cité HLM.
Les autres gares de la Compagnie des Chemins de Fer du Sud-Ouest
Si la gare Roguet, siège du dépôt principal et des ateliers, rejoint Boulogne-sur-Gesse, Sainte-Foy-de-Peyrolières, Sabarat, Cadours et Lévignac, la CFSO possède deux autres gares à Toulouse.
Au sud-est, la ligne Toulouse-Revel, ouverte en 1907, part depuis la halte de Toulouse-Passerelle, à la hauteur des Soupirs, près du port Saint-Sauveur, avant de passer par la gare Saint-Sauveur, siège du dépôt et des installations pour le trafic des marchandises (correspond au bâtiment qui abrite aujourd’hui les Archives départementales).
Au nord-est, la gare de Bonnefoy, située près du boulevard des Minimes, est rapprochée du centre et de la gare Matabiau à partir de 1916 par un prolongement au Pont Matabiau. Tout au long de l’existence de ce réseau, chaque ligne est alors desservie par trois trains quotidiens dans chaque sens.
Mathieu ARNAL