Ils sont 140 personnes à habiter, avec l’autorisation de la Mairie de Toulouse, le terrain vague de la Flambère, à proximité du centre commercial de Purpan à Toulouse. Mais depuis le 3 juin 2025, le tribunal administratif de Toulouse a ordonné l’évacuation des dizaines de familles qui habitent le camp.
Un contrat rompu, des décisions qui questionnent
Après quinze ans de contrat entre la mairie de Toulouse et les roms pour l’occupation de ce terrain en toute légalité, la municipalité avait décidé l’an passé de le rompre. En cause ? Des nuisances qui ont précipité, le 31 décembre 2024, la fermeture administrative du camp de Flambère.
« Les riverains ne nous veulent plus alors qu’on ne fait rien. La majorité d’entre nous est au travail, les enfants vont à l’école. On ne comprend pas, nous, on a grandi ici, la communauté en prend vraiment un coup », confie un habitant rencontré sur place à Actu Toulouse.
Après une première demande d’évacuation, le retour de certaines familles sur le site a poussé la mairie à prendre des mesures plus fermes, notamment en saisissant le tribunal administratif qui a statué le 3 juin dernier en faveur de la Ville. De leur côté, les habitants du camp de la Flambère s’interrogent sur les décisions prises.
Des familles pas relogées
Alors que la Ville de Toulouse précise vouloir « continuer son travail » afin de « mettre en place une évaluation sociale de la situation de chacun et explorer les voies d’accompagnement possibles et dignes », le collectif des habitants du terrain dénonce un manque d’action.
« Contrairement à ce qu’affirme la Ville de Toulouse, tout n’a pas été fait pour tous les habitants », écrivent-ils dans une lettre ouverte, précisant que « la majorité des familles n’a jamais eu de proposition de relogement ».
Ces familles attendent aujourd’hui d’obtenir « une proposition de relogement, à l’instar des familles déjà relogées et qui assument aujourd’hui pleinement leur loyer, leurs charges ». « À quelques semaines avant l’expulsion du terrain de la Flambère : où allons-nous aller ? Qu’allons-nous faire ? ».
Un démantèlement progressif préconisé
La décision du tribunal administratif, ordonnant l’évacuation, « étonne » d’autant plus les habitants, « tant elle ne semble pas s’inscrire dans la continuité des choix politiques qui ont été faits par la Ville de Toulouse depuis 2010 ».
Avant d’en arriver à la fermeture, des « voies d’un démantèlement progressif » avec l’accompagnement des familles « vers les dispositifs de droit commun, d’insertion professionnelle et de logement autonome », avaient été préconisées, rapporte la mairie.
Un diagnostic social avait effectivement été conduit : il préconisait une fermeture progressive, ainsi qu’un accompagnement social renforcé.
« Le 3 juin dernier, nous espérions donc que le juge tienne compte d’un contexte particulier et d’une histoire atypique de ce lieu de vie, un lieu « habité ». Cette expulsion nous étonne, car elle va à l’encontre des préconisations du diagnostic social financé », alertent les familles du camp de la Flambère.

Le collectif annonce faire appel de la décision
Au pied du mur, le collectif a décidé de ne pas baisser les bras et fera appel de la décision de justice. « En espérant que nos droits fondamentaux puissent être entendus et respectés, en premier lieu, le droit au logement », même si, les habitants rencontrés sur place par Actu Toulouse sont peu optimistes. « Une décision, c’est une décision. »
Les 40 familles dont 70 mineurs ne vivent pas « ici par choix ou pas mode de vie ». En attente de meilleures solutions, il leur est aujourd’hui « difficile d’imaginer une autre vie autre que dans un logement digne ».
« Ça fait vingt ans qu’on est là et franchement la nouvelle est difficile », confie un habitant. Tous sont « inquiets », notamment pour les personnes âgées qui ne peuvent pas travailler et ne perçoivent pas de retraite. « Comment ils vont faire ? ».
Ils ont jusqu’au 30 juin pour quitter le site.