« Je n’ai jamais vu ça au rugby, jamais ! Je sortais d’un burn-out suite à une agression dans un bus et voilà que je fais autre chose et là, je me fais taper ! » Deux jours après les faits, Pascal, 63 ans, chauffeur de bus chez Tisséo, est encore sonné. Samedi 14 juin 2025, lors d’un tournoi de rugby pour enfants de moins de 12 ans organisé par le club de Tournefeuille, aux portes de Toulouse, le presque retraité s’est fait agresser « sauvagement ». Frappé au niveau des côtes, du bras et du visage. « J’ai reçu un coup sur la tempe par-derrière et ça m’a éteint toutes les lumières. J’ai perdu connaissance. Je me suis réveillé, j’étais au sol, la police et les pompiers étaient là pour me prendre en charge. » Ce qu’il s’est passé.
« Je ne l’ai même pas vu venir ! »
Cette veille de fête des Pères, alors que petits, grands et moins jeunes étaient réunis, le moment convivial a pris un tournant qui, jusqu’alors, n’était pas coutumier du monde de l’ovalie. En fin de matinée, Pascal accompagnait un jeune rugbyman du club de Tournefeuille âgé de 14 ans, en catégorie cadet, engagé en tant qu’arbitre. Tous deux s’étaient portés bénévoles pour arbitrer les matchs de la journée. Cette matinée-là, la rencontre opposait le club de Mauvezin (Gers) à celui de l’USMGP de Montréjeau (Haute-Garonne).
« Pour qui ? Pour quoi ? Le petit aurait peut-être dû siffler une faute avant, et encore… Est-ce qu’il était dégoûté des autres matchs ? Je ne sais pas », témoigne Pascal. Sans explication, l’éducateur de Montréjeau est entré sur le terrain.
Il a poussé les gosses, il est arrivé derrière moi et m’a mis un coup sur la tempe. Je ne l’ai même pas vu venir !
Blessés aux côtes, bras et à la tête
S’en sont suivis plusieurs coups sur les côtes, au niveau du biceps et du visage. « J’ai des hématomes de partout ! On m’a dit qu’il s’était acharné sur moi », assure la victime. Ce lundi 16 juin, le biceps de Pascal reste encore très gonflé. « On pense que les tendons sont déchirés, je dois refaire un examen en fin de semaine », renchérit l’éducateur bénévole, sorti de l’hôpital de la soirée, vers 22h30. Après une dizaine d’heures passées aux urgences. « Il avait des contusions au visage et des douleurs à l’épaule. Il a été transporté à l’hôpital Purpan », confirme la police à Actu Toulouse.

L’éducateur de Montréjeau aurait été arrêté dans son élan de colère par celui du club adverse de Mauvezin, le chef de plateau bénévole du club de Tournefeuille, et d’autres parents présents sur les lieux, selon Jérôme Romani, l’éducateur référent de la catégorie M12 à Tournefeuille.
Heureusement, les petits de Tournefeuille qui le connaissent n’était pas là. On allait attaquer le repas quand on m’a prévenu en catastrophe que Pascal était au sol. J’ai pensé à un malaise au début.
« Cet homme a pété un plomb »
Loin d’imaginer la véritable tournure des événements. « On ne comprend pas. Cet homme a pété un plomb. Il s’est acharné sur notre éducateur », blâme Jérôme Romani. « Il l’a détruit psychologiquement et physiquement ! » En arrêt maladie jusqu’à la fin de la semaine. Et l’arbitre de 14 ans est, lui, dégoûté.
Cet événement a profondément choqué les enfants présents ainsi que les parents, et toute notre communauté. Finir la saison comme ça, c’est vraiment malheureux.
La peine est encore vive. Pascal a porté plainte dimanche 15 juin soir, au sortir de l’hôpital. L’éducateur, identifié, n’a quant à lui pas été appréhendé par les policiers, selon nos dernières informations. « Il est reparti avec sa voiture juste après les faits », souligne Jérôme Romani.
« Un comportement inacceptable », condamne le club de Montréjeau
Son club – de Montréjeau –, n’est en revanche pas resté dans le silence. Après son retrait du tournoi, il a adressé une lettre d’excuses au club organisateur. « L’un de nos éducateurs a eu un comportement inacceptable envers un éducateur de Tournefeille dans un contexte de désaccords d’arbitrage durant la rencontre de U12 contre Mauvezin. Ce geste violent est totalement contraire aux valeurs de respect, de maîtrise de soi et de responsabilité que nous défendons et inculquons à nos jeunes et à nos éducateurs », écrit l’USMGP.
L’éducateur suspendu par Montréjeau
Avant de poursuivre : « Nous condamnons fermement cet acte qui ne saurait en aucun cas être toléré dans notre structure ». Le club de rugby de Montréjeau a dès lors suspendu l’éducateur, évoquant par ailleurs des « difficultés personnelles » actuellement traversées par l’agresseur.
Éducateur depuis plusieurs années, il a été en tant que joueur, habituellement calme, réfléchi et jamais agressif. C’est donc avec d’autant plus de consternation que nous avons appris qu’il a, ce jour-là, perdu le contrôle de lui-même et qu’il a eu un comportement violent. Nous insistons sur le fait que, quelles que soient les circonstances personnelles, la violence ne peut jamais être tolérée ni justifiée.
Un dernier point pour lequel les deux clubs ne peuvent que s’accorder.