Finaliste malheureux des élections municipales 2020 à Toulouse, l’écologiste Antoine Maurice indique à Actu Toulouse qu’il a décidé de faire « un signalement au procureur de la République ». Une annonce qui intervient au lendemain de l’officialisation de la plainte de l’association Anticor contre Jean-Luc Moudenc, pour des faits qui remonteraient à la période précédant le scrutin de 2020, durant lequel le maire de Toulouse avait été réélu avec 51,87 % des voix.
Selon l’association, des éléments « laissent penser qu’à partir de septembre 2019, M. Moudenc aurait mobilisé des agents publics, notamment des membres de son cabinet et des fonctionnaires territoriaux, pour participer, sur leur temps de travail, à sa campagne électorale et œuvrer à sa réélection ».
Un signalement au procureur de la République
« J’ai pris connaissances des révélations de Médiacités (qui a sorti l’information lundi soir, NDLR) qui tendent à penser que Jean-Luc Moudenc aurait utilisé des moyens de la collectivité au moment de la campagne électorale. Au vu de ces éléments, j’ai consulté mon avocat pour voir ce que je pouvais faire en tant qu’ancien candidat tête de liste. Et j’ai décidé de faire un signalement au procureur de la République sur la base de l’article 40 du code procédure pénale, pour demander que toute la lumière soit faite sur les conditions d’organisation de financement de la campagne municipale de 2020″, explique Antoine Maurice, qui était tête de liste d’Archipel Citoyen, mouvement qui avait réuni 48,13 % des suffrages au second tour des Municipales de 2020.
Je demande à ce que toute la lumière soit faite, car cela vient questionner la sincérité du scrutin de l’élection municipale de 2020.
Les socialistes « atterrés »
Vincent Gibert et François Briançon, membres du parti socialiste (le second est le chef de file des socialistes pour les Municipales 2026, NDLR) et qui figurent dans l’opposition municipale, réagissent également : » Nous sommes atterrés par l’image que cette affaire renvoie de Toulouse. Notre ville a tant d’atouts à faire valoir, tant de talents à mettre en lumière, tant de sujets à débattre. Ces révélations ternissent l’image de Toulouse. Cette situation rentre en résonance avec l’avalanche de communications de tous types que reçoivent les Toulousains pour vanter le « bilan » de la droite toulousaine. Cette campagne électorale permanente, sur fonds publics, c’est-à-dire avec l’argent des Toulousains, est indécente par son caractère anti-démocratique, par l’importance des fonds engagés », expliquent-ils.
Et d’ajouter : « Fidèle à notre ligne de conduite, nous ne commentons pas les ‘affaires’ en cours ou supposées. Nous ne l’avons jamais fait. Nous ne le ferons pas davantage aujourd’hui. Si Jean-Luc Moudenc estime que cette enquête repose sur des contrevérités, libre à lui d’engager les procédures judiciaires adéquates. Dans tous les cas, il nous semble indispensable que la justice se saisisse de ces éléments afin que la vérité soit établie ».
François Piquemal appelle à « la démission de Jean-Luc Moudenc »
Candidat de LFI (La France Insoumise) aux Municipales 2026 et ancien colistier d’Antoine Maurice en 2020, le député François Piquemal a réagi en co-signant un communiqué avec Agathe Roby, conseillère municipale du groupe AMC à Toulouse. Et pour eux, la question de « la démission de M. Moudenc se pose ».
« Plus que jamais, nous réaffirmons qu’il est temps d’assainir le Capitole de la corruption et du clientélisme, et d’assurer aux Toulousains une vie politique saine et honnête. En 2026, une des premières mesures sera de rendre les politiques publiques menées transparentes et de mettre en place une charte contre le clientélisme et la corruption avec les associations spécialisées ».
« Qu’il fasse toute la lumière sur les faits reprochés »
Également possible candidat en 2026, Régis Godec, chef de file des Écologistes lors des prochaines élections municipales, déclare : “Nous demandons que M. Moudenc fasse toute la lumière sur les faits reprochés dans cet article et puisse démontrer que les moyens de la collectivité n’ont jamais été utilisés dans le cadre de la campagne des élections municipales de 2020″.
Il ajoute : « Ces soupçons d’utilisation des moyens de la collectivité en 2020 s’ajoutent au fait que cette campagne a été financée à hauteur de 900 000 €. Ce montant est bien plus important que ses concurrents, avec des montants de dons extrêmement importants qui posent question ».
La majorité se défend
Si à ce jour Jean-Luc Moudenc n’a pas réagi officiellement, c’est son bras droit, Pierre Espluglas-Labatut, porte-parole du groupe majoritaire « Aimer Toulouse » au Conseil municipal, qui s’est chargé de défendre le maire-candidat sortant, dont il était aussi son porte-parole pendant la campagne.
C’est « très classique et très courant partout en France », a-t-il indiqué dans un communiqué de presse. « Sur le fond, que des membres de cabinets de collectivités, dont le rôle est par essence politique, participent à titre personnel à la campagne électorale est très classique et très courant partout en France. En effet, appartenir à un cabinet d’élu ne prive nullement ses membres de leurs droits de citoyens et donc de la possibilité de participer à la campagne électorale de leur choix. »