Avec ses quelque 3300 habitants au dernier recensement, la commune de Longages, au sud-ouest de Toulouse, ne fait pas souvent la une de l’actualité, encore moins de celle des faits divers. Il y a quelques semaines, la commune a bien été touchée par un orage dévastateur à la suite duquel des personnes ont tenté de profiter du désarroi des victimes de la grêle, mais rien de plus. Pour autant, comme de nombreuses petites communes du département qui ont grossi ces dernières années (Longages a gagné plus de 1400 habitants en moins de 25 ans, NDLR), Longages se retrouve confrontée aux incivilités du quotidien. Ce qui a amené le maire de cette commune, Jean-Michel Dallard, à prendre une mesure.
Un arrêté anti-regroupements sur deux sites
Cette mesure, c’est la signature d’un arrêté municipal le 13 juin 2025 « portant interdiction des regroupements de plus de deux personnes susceptibles de troubler l’ordre public sur la voie publique et les voies privées ouvertes au public ». Un arrêté qui cible deux sites bien identifiés dans cette commune : le parking du Carrefour Contact (un supermarché qui a ouvert au début de l’année 2025, NDLR) et le parking de la Mairie, du CCAS, et de la Poste. Deux sites situés l’un en face de l’autre, au centre du bourg.
Un arrêté qui a pris effet le 13 juin 2025 et qui va perdurer jusqu’au 30 septembre, tous les jours, de 21 h à 06h du matin.
« Bruits, tapages nocturnes, souillures… »
Cet arrêté interdit « tout rassemblement sur l’espace public à Longages et sur les voies privées ouvertes au public, supérieur à deux personnes, de manière prolongée et pouvant porter atteinte à l’ordre, à la sécurité, à la tranquillité ou à la salubrité publique (bruits, tapages nocturnes, souillures, amoncellement de déchets abandonnés sur la voie publique, dégradations urbaines, personnes alcoolisées avec un comportement menaçant ou violent).
Sollicité par Actu Toulouse, le maire de la commune n’avait pas répondu à nos questions au moment d’écrire ces lignes.
L’arrêté précise les événements qui ont conduit l’édile à choisir cette option :
« Présence répétitive et perturbatrice d’attroupements »
« La commune de Longages a constaté la présence répétitive et perturbatrice d’attroupements de personnes à certaines heures de jour comme de nuit en lien avec des nuisances diverses (sonores, dégradations urbaines, tapages injurieux…. )».
Dans cet arrêté, la mairie pointe du doigt « les nombreuses atteintes à l’ordre public et le trouble à la tranquillité publique, qui mettent en cause les rassemblements de personnes très bruyantes, parfois alcoolisées, notamment en période nocturne sur le domaine public ».
Elle précise que ces « attroupements se répètent et portent atteinte à la tranquillité et à la salubrité publiques ».
« Des riverains incommodés et excédés »
Elle évoque des « plaintes de riverains, incommodés et excédés par ces comportements qui perturbent la jouissance paisible de leur logement et génèrent des doléances auprès des services municipaux ». Elle évoque « des nuisances diverses » comme les « bruits », « tapages nocturnes », et autres « déchets abandonnés sur la voie publique engendrés par des rassemblements récurrents ».
Elle constate « une augmentation des ramassages de verres brisés, plastiques et canettes d’aluminium dans certains endroits de la commune et notamment dans certains lieux ouverts aux enfants ».
Logiquement, l’arrêté ne s’applique pas lors de manifestations ou de fêtes locales autorisées par les autorités compétentes.
En dehors de ces événements festifs, la police municipale peut désormais verbaliser ces rassemblements.
Labarthe-sur-Lèze avait fait le même choix
Ces derniers mois, une commune a pris un arrêté similaire. Il s’agit de Labarthe-sur-Lèze qui avait pris un arrêté anti-attroupement pour les mois de janvier, février et mars. À l’époque, son maire, Yves Cadas, avait expliqué à Actu Toulouse prendre cette décision « suite à des actes de petite délinquance ».
Il détaillait : « Il n’y a pas de trafic de drogue à Labarthe. C’est de la petite délinquance, des jeunes qui veulent faire des cadors. Je suis élu depuis 35 ans, et depuis 35 ans il y a des hauts et des bas avec les jeunes. C’est cyclique. Des bandes se forment parfois… puis cela s’arrête. J’ai pris cet arrêté pour que la gendarmerie puisse contrôler ces bandes qui seraient en train de faire des bêtises. C’est une possibilité légale qui nous est donnée et qui permet à la gendarmerie d’intervenir plus facilement. Cela met la pression sur les jeunes et permet aux gendarmes d’intervenir en lien avec notre police municipale. Pour moi le bilan est positif ».
Une aire de jeux au centre des incivilités
Près de Labarthe-sur-Lèze, un autre maire avait décidé de faire usage d’un arrêté similaire pour remettre de l’ordre dans sa commune.
En août 2024, c’est le maire d’Eaunes, Alain Sottil, qui avait fait usage d’un arrêté « face aux incivilités et à l’agressivité d’usagers ». L’arrêté visait à fermer une aire de jeux aquatiques gratuite, et donc très prisée de sa commune, « en raison des conditions climatiques actuelles et des incivilités ainsi que des agressions subies par le personnel ».
Dans cet arrêté, le maire ciblait particulièrement « les incivilités de certaines personnes » et voulait lutter contre « les agressions et le non-respect du personnel surveillant l’aire aquatique ». L’aire de jeux avait fermé plusieurs jours avant d’être réouverte.
Pour cet été 2025, le même maire a choisi une autre stratégie. Devant l’affluence en hausse et les incivilités enregistrées, il a décidé de rendre payant l’accès à l’aire de jeux pour les visiteurs habitant hors de la commune.