Quels seront les adversaires de Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse (ex-LR), aux Municipales 2026 ? À moins d’un an de l’échéance électorale, bien malin qui pourra dire qui sera sur la ligne de départ en mars prochain dans la bientôt 3ᵉ ville de France… surtout à gauche, où les négociations entre les différents partis n’ont à ce jour pas abouti. Alors que les discussions entamées depuis des mois se poursuivent, le Parti socialiste indique ce jeudi 19 juin 2025 à Actu Toulouse, par la voix de son chef de file François Briançon, qu’il est « très optimiste » sur la possibilité d’arriver à un accord… qui n’inclura pas La France Insoumise de François Piquemal. Qu’en disent les autres ? Enjeux et explications.
« On est dans le bon timing pour arriver à rassembler la gauche »
« Les discussions avec nos partenaires de gauche se poursuivent », a assuré François Briançon face à la presse, ce jeudi 19 juin. « On se connaît, on siège ensemble, on est ensemble dans des luttes, des réunions… Le dialogue est permanent avec les autres élus de gauche ».
Notre volonté, c’est de rassembler la gauche qui va être d’accord avec nous, et qui ait une volonté de mener des débats sans brutalité, en respectant les valeurs des Toulousaines et des Toulousains, et avec l’objectif de leur apporter des réponses. On travaille à ça, avec les Écologistes, les communistes, Generation.S, Place publique, le PRG, les choses se font dans le timing habituel. Il n’y a jamais eu à ma connaissance une dynamique collective électorale dix mois avant une élection… On est donc dans le bon timing pour arriver à rassembler la gauche.
De son côté Sébastien Vincini, président du Département de la Haute-Garonne, qui devrait prendre très prochainement une responsabilité au sein de la direction nationale du Parti socialiste, soutient lui aussi ce large rassemblement, « condition sine qua non pour gagner Toulouse ».
« Il n’y aura pas d’accord avec LFI », assure le PS
Dans sa liste de partis cités par François Briançon, l’omission du député François Piquemal, candidat déclaré de LFI, n’est clairement pas un oubli.
« Du dialogue, il y en a et il est sympathique et serein », affirme François Briançon. « Mais il y a de notre part, et de la sienne, très clairement, la volonté de porter deux lignes politiques différentes à cette élection et il n’y aura donc pas d’accord programmatique entre eux et nous. On l’a déjà dit. Il le sait et on le sait… C’est donc assumé ! »
Autre élément à prendre en compte : pour les socialistes, c’est au PS de mener la tête de liste d’union de la gauche hors LFI. « On a revendiqué la tête de liste à Toulouse, au nom d’une réalité : un accord politique, pour pouvoir être efficace et pertinent, doit correspondre à ce que chacun et chacune peut apporter ».

François Piquemal « regrette » la décision du parti socialiste
Contacté par Actu Toulouse, François Piquemal « regrette » la décision de François Briançon et du Parti socialiste de ne pas vouloir d’une union dès le premier tour avec La France insoumise.Si « la porte reste ouverte » avec François Briançon, « quelqu’un que j’estime », dit François Piquemal, il assure que les négociations « se poursuivent » avec d’autres partenaires à gauche, sans vouloir donner davantage de détails, « par respect pour les différentes formations politiques avec qui nous nous sommes en discussion ». « Nous, on propose un programme de rupture à la politique de Jean-Luc Moudenc et on veut être une gauche qui soit solide sur ses appuis, sur la base du programme du Nouveau Front populaire », martèle François Piquemal.« Si une union ne peut pas se faire dès le premier tour, on donnera rendez-vous aux autres formations de gauche au second tour », assure encore le député de la quatrième circonscription de la Haute-Garonne.
« On est très optimistes » sur la possibilité d’un accord
Et de poursuivre : « Nous, les socialistes, on sait faire de la proximité, mener des politiques sociales, éducatives, et on a un discours qui peut être entendu sur des thématiques souvent caricaturées comme celle de la sécurité. On sait que nos amis écologistes se battent pour la bifurcation écologique et ils ont bien raison. On sait que nos amis communistes travaillent beaucoup sur les dynamiques de santé et de transport. On sait qu’Archipel travaille énormément sur les problématiques de démocratie locale et de citoyenneté. Un accord se construit autour de la valeur ajoutée de chacune et de chacun« , expose François Briançon, qui connaît bien les arcanes du Capitole, car il était adjoint aux Sports pendant la mandature de Pierre Cohen (2008-2014).
On a donc fait la proposition que les écologistes puissent porter à la Métropole les politiques environnementales. On leur a dit, on en discute. On mettra le temps qu’il faut pour aboutir, mais moi, je suis très, très optimiste sur la possibilité d’arriver à un accord. Je sens une volonté commune de l’ensemble des partenaires.
« La question de l’incarnation est importante », dit LFI
Si la position du Parti socialiste est donc connue, qu’en pensent les autres partis ?
François Piquemal dit rester ouvert à un accord dès le premier tour « sur la base du programme d’une gauche solide sur ses appuis, le programme du Nouveau Front populaire ». En conférence de presse (qui a eu lieu deux jours avant celle de François Briançon, NDLR), Agathe Roby, cheffe de file de La France insoumise, précisait :
« Il y a une attente pour instaurer une union qui sera la plus large possible. Les discussions prennent du temps. Cette union n’est pas impossible. On discute. On espère avoir un panorama plus clair des choses à la rentrée. Le cap qui doit être mis en place doit être clair. La volonté, c’est de mettre en place une mairie différente (de celle de Jean-Luc Moudenc, NDLR), de faire participer la population. Ça nous tient à cœur à LFI. Nous pensons aussi que la question de l’incarnation est importante. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura une opposition cohérente par rapport à Jean-Luc Moudenc. Mais je regrette que le PS ait fait une exclusive sur LFI ».
« Il faut un projet clair » pour Archipel Citoyen
Du côté d’Archipel Citoyen, on espère qu’un accord interviendra le plus rapidement possible. « Il faut un projet clair. La notoriété, cela se rattrape. Il faut d’abord déterminer le périmètre du programme, pour avoir le spectre plus large d’union. Dans l’idéal, cela aurait été bien d’avoir cette vision avant l’été, mais cela ne sera pas possible », déplore Maxime Le Texier. Le conseiller municipal d’opposition, désigné chef de file d’Archipel Citoyen pour ce scrutin, ajoute :
La pression monte, et on ne pourra pas aller au-delà de septembre. Nos sympathisants nous demandent d’ailleurs qu’en septembre au plus tard, le périmètre d’union soit fixé. Le choix de la personne pourra venir ensuite. Je pense qu’on pourra encore se donner un peu plus de temps.
Pour les Écologistes, « l’échéance présidentielle » complique les discussions
Courtisés dans le même temps par La France Insoumise, les Écologistes savent qu’ils auront dans quelques semaines un choix stratégique à faire. Interrogé par Actu Toulouse début juin, le chef de file du parti, Régis Godec, assurait :
« On forme toujours le vœu d’avoir une liste commune de la gauche et des écologistes à Toulouse. Nous sommes en discussions avec l’ensemble des acteurs pour y parvenir. Nous ne pouvons pas nier que nous rencontrons un certain nombre de difficultés depuis le mois de novembre. Ce que l’on constate, c’est qu’il y a des acteurs importants, et notamment la France insoumise et le Parti socialiste, qui ont les regards rivés vers 2027. La proximité de l’échéance présidentielle est forcément un obstacle, parce que dans la future troisième ville de France, on ne peut pas complètement décorréler l’enjeu municipal de l’enjeu présidentiel. Cela crée des difficultés pour créer une liste commune ».
Il ajoutait :
Pour autant, on a le souhait de créer le rassemblement le plus large possible, donc on discute avec tous les acteurs. En attendant, on parle des problématiques des Toulousains et de la Métropole en parlant de notre projet.
Trois programmes à gauche ? « C’est une possibilité »
Combien y aura-t-il de listes à gauche en mars prochain ? Sans accord, deux voire trois projets pourraient se présenter devant les Toulousains…
Et qui mènerait cette éventuelle liste d’union de la gauche ? L’un de ces chefs de file ? Ou un quelconque candidat providentiel, susceptible de faire la synthèse ?
« Qu’il y ait trois listes ? C’est une possibilité. On la déplorerait. Mais elle existe. Notre volonté, c’est d’avoir une liste commune. Ça s’annonce difficile. Peut-être qu’il y aura deux listes. Ce qui déterminera notre choix, ce ne sont pas les postes qu’on nous aura proposés, mais le projet municipal et le projet métropolitain. Si on prend l’exemple du RER Métropolitain, nous, on sera largement investis dans une liste qui portera ce projet-là », déclare encore Régis Godec.
« Qu’il soit tout à fait judicieux qu’il y ait une personne d’un parti politique à la tête du Capitole et une personne d’un autre parti politique à la Métropole, c’est un point d’accord de l’ensemble des partis de gauche », renchérit l’écologiste Hélène Cabanes.
Qui ajoute : « Aujourd’hui, on est dans une volonté d’union. Et l’union est un combat !« . À gauche, sans doute encore un peu plus qu’ailleurs.
Avec David Saint-Sernin