Depuis le début de l’année, elles s’enchaînent. Les unes après les autres, les manifestations de taxis s’accumulent à Toulouse. « C’est la combientième fois que je manifeste ? ! Ça fait un moment ! Je ne les compte plus. C’est frustrant… », s’exclame Thierry, 57 ans et 35 ans de carrière dans la Ville rose. Ce jeudi 19 juin 2025 matin, il a garé à nouveau son véhicule devant la gare de Toulouse-Matabiau.
Toulouse, ville étape du Tour de France des taxis
Pas d’opérations escargot cette fois. Aujourd’hui, Toulouse représente une ville étape du Tour de France des taxis. Venus de Pau (Pyrénées-Atlantiques), de l’ex Midi-Pyrénées et la Nouvelle-Aquitaine, une centaine de taxis ont été rejoints par une cinquantaine de véhicules à Portet-sur-Garonne, puis une quarantaine d’autres au départ de la station-service de Purpan. Arrivé du convoi ? 11h30 à la gare, puis départ vendredi matin vers Carcassonne jusqu’à atteindre la capitale le 24 juin, sans volonté de nuire au trafic.
Tout au long de cette journée, les 200 taxis occuperont le boulevard Pierre Semard, qui longe la gare toulousaine, « et probablement l’entrée du parking et la médiathèque aussi pour empêcher que les VTC en profitent », clame Stéphane Abeilhou, porte-parole de l’Union nationale des taxis de Haute-Garonne.
Des manifestations à répétition dans la Ville rose
Car entre les deux entités, les tensions sont vives. Les uns dénoncent l’uberisation du secteur avec une concurrence déloyale et réclament la régularisation des plateformes. Les autres blâment des conditions de travail compliquées et les tarifs pratiqués par leurs employeurs… menant à leur appauvrissement. Un cercle vicieux à en faire perdre la tête des Toulousains, dont le quotidien est rythmé depuis plusieurs semaines par les opérations escargots des deux collectifs. Hasard du calendrier, les VTC et taxis avaient même organisé une manifestation le même jour et à la même heure, ce qui avait fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’interdiction de rassemblement.
« C’est vrai qu’il y a de quoi être perdu ! Mais je pense que quand on va leur dire, nous taxis, on ne va pas pouvoir venir les chercher pour aller à l’hôpital, là, les Haut-Garonnais comprendront ce qu’il se passe », déplore Stéphane Abeilhou.
Le tarif unique de la Sécurité sociale pointé du doigt
Depuis plusieurs mois, en plus du manquement aux règles de la part de « certains VTC qui maraudent et circulent sur les voies publiques sans réservation », les taxis redoutent la mise en place du tarif unique imposé par la Sécurité sociale à 1,05 € le kilomètre, contre 1,65 € en moyenne actuellement. Un nouveau montant qui n’est « pas viable » pour les taxis haut-garonnais, dont le nombre de conventionnés a doublé en Haute-Garonne, selon le porte-parole UNT 31, Stéphane Abeilhou.
Ces derniers s’étaient repliés sur cette « voie de secours » pour gagner leur vie. « Je m’y suis mis en 2020 pour ma part. C’était une alternative au travail taxi que nous avions perdu. C’était rentable », assure Thierry, notre premier témoin. Or, avec le nouveau tarif, le représentant du syndicat UNT craint tout bonnement que les taxis mettent la clé sous la porte, notamment dans les secteurs ruraux et montagneux.
« Vous vous rendez compte : je suis obligée d’embaucher un salarié pour pouvoir me payer tellement j’ai de charges. Alors que je fais 60 heures par semaine et le dimanche pour les transports sanitaires », regrette Shirley, chauffeur dans le Lauragais, fervente passionnée du métier.

Des réponses de l’État attendues
Thierry, Stéphane, Shirley et les centaines de taxis mobilisés auront-ils les réponses escomptées à leurs revendications ? Ce jeudi 19 juin 2025, le ministère des Transports devrait donner sa feuille de route. Dans les hypothèses avancées ? Une licence à faire payer aux VTC.
Sur le sujet des transports sanitaires, les premières solutions entendues évoquent le transport partagé. « Ce sera compliqué pour nous comme pour les patients », avance déjà Thierry, si telle était la directive. Le ministère de la Santé rendra son plan d’action le 24 juin à ce sujet.
Des « moments forts » à venir « si on n’obtient pas gain de cause »
En attendant, les discussions de l’après vont bon train à l’entrée de la gare de Toulouse ce jeudi. Et si les solutions apportées ne suffisaient pas ? « Si on n’obtient pas gain de cause, il y aura sûrement des moments forts. On ne s’est pas tapé un mois de grève pour ne rien obtenir. Ça, c’est irréversible. On approche des vacances, certains seraient peut-être gênés sur les routes… », glisse Stéphane Abeilhou à Shirley, inquiète de l’immobilisme de l’État.
Mais optimiste, il rassure : « Il y a des curseurs qui vont bouger. Il ne faut pas oublier qu’on ne représente que 3 % du budget de l’Assurance maladie. » Affaire à suivre…
