Batucada en ouverture, tables et chaises positionnées au milieu du square Charles de Gaulle, et rappel de l’actualité portée par la plainte d’Anticor à l’encontre du maire Jean-Luc Moudenc, en guise de propos liminaires. Derrière le Capitole de Toulouse, alors qu’à l’intérieur les élus municipaux s’apprêtaient à voter le budget final de l’année, c’est tout le secteur de la Culture, du social et de l’associatif qui s’est organisé un contre-conseil municipal. Actu Toulouse y a assisté. On vous raconte.
Un rassemblement de crise
Ce vendredi 20 juin 2025, trois mois après le coup d’éclat lors du dernier rassemblement des élus du Capitole, plusieurs dizaines d’acteurs du monde culturel et associatif, syndiqués ou non, ont à nouveau exprimé leur révolte et inquiétude. Peut-être plus encore. « C’est même plus de l’inquiétude en fait, c’est presque de la fatalité », a confié Ines, directrice artistique de compagnies de théâtre à Toulouse à Actu.fr. L’intermittente du spectacle craint de voir des théâtres vides de programmation à Toulouse, faute de compagnies, tuées par la baisse budgétaire.
Et elles ne seraient pas les seules. « Ce qui se joue là, ce n’est pas juste se serrer la ceinture. Non, ça, on a l’habitude. Mais il y a un risque de délitement de tout le système. Des entités culturelles et des associations pourront être amenées à licencier, à ne pas renouveler les contrats ou bien à ne plus pouvoir assurer leur mission », scande Jérôme Dupeyrat, syndicaliste CGT pour l’école des Beaux Arts de Toulouse.
10 % de baisse finalement pour les associations et la Culture
Concrètement, la Mairie de Toulouse avait été contrainte de revoir le montant de ses subventions pour les associations et pour la Culture à la baisse, à cause des coupes budgétaires de l’État. Fin 2024, un « gel » de 40 % du montant des subventions habituelles avait donc été annoncé (à l’exception des clubs sportifs, pour lesquelles il était alors limité à 20 %, NDLR).
Ce vendredi 20 juin, une seconde enveloppe viendra finalement abonder le manquement, pour finalement limiter la baisse à 10 % en moyenne pour les associations culturelles, sportives et autres.

« Ça peut remettre en cause l’existence de certaines structures »
« Mais selon les structures, cette baisse varie de 10 à 35 %. C’est très opaque », souligne Jérôme Dupeyrat. Avant de rappeler :
Et il ne faut pas oublier que selon la nature des structures, 10% de moins sur le budget, ça peut vouloir dire beaucoup et ça peut remettre en cause leur existence même. 10 %, c’est déjà beaucoup trop !
Aux Beaux-Arts de Toulouse, notamment, obtenir 90 % de leur subvention habituelle représente une perte de 500 000 euros sur le budget annuel de fonctionnement. Cela se traduit par des enseignants qui passent à temps partiel, un budget pédagogique extrêmement réduit, des services en sous-effectif, etc. « Ça a des conséquences concrètes », scande Jérôme Dupeyrat de la CGT.
« Ça pourrait empirer », aurait annoncé l’élu à la Culture de Toulouse
D’autant que la situation risque de ne pas s’améliorer. D’après le syndicaliste, « l’élu à la culture de Toulouse nous a clairement dit qu’on ne récupérera pas le budget d’avant et il nous a fait comprendre que ça pourrait empirer », déplore le représentant de l’école des Beaux-Arts.
Et si ces coupes budgétaires n’étaient que des économies de bout de chandelle ?
Ça représente un très faible pourcentage au final sur le budget global (environ 4% selon nos calculs, NDLR.). Ils feraient plus d’économies autrement… Il n’y a qu’à voir tous les travaux d’aménagements de la Ville qui sont en cours. Je ne pense pas qu’il était indispensable d’en faire autant en même temps.
Si lui parle au nom du secteur des arts visuels, impactés, mais presque « habitués à ne pas avoir d’argent », déplore-t-il, d’autres, plus largement, s’en trouvent aussi affectés.
« Les perdants dans l’histoire, ce sont les familles »
Parmi les membres du contre-conseil municipal présents s’est glissé Benoît Cazals, membre du comité de quartier de Bordelongue, victime aussi des baisses de subvention. Avec 90 % de sa subvention annuelle, le comité de quartier atteint seulement 60 % de la somme réclamée pour l’année 2025. « On organise une fête de quartier en septembre et on avait booké une rappeuse du quartier pour un concert et prévu des jeux gonflables pour les enfants. Or là, on risque de devoir choisir. Les perdants dans l’histoire, ce sont les familles de Papus », confie-t-il à Actu Toulouse. « On fait payer les efforts budgétaires aux plus démunis. »
Ce vendredi 20 juin 2025, en contre-conseil, les syndicats et membres des lieux culturels et associatifs n’espèrent pas tant infléchir dans la décision du conseil municipal, en réalité déjà prise. Ils veulent surtout montrer que tout l’univers associatif, de la culture et du sport reste mobilisé « pour la suite ».