Patrice Teisseire-Dufour est un authentique amoureux du patrimoine local. Le journaliste, qui a signé divers ouvrages sur les Pyrénées, aborde cette fois un autre » mythe » du sud toulousain avec la publication du Canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel (Éditions Sud-Ouest). Un projet longuement mûri initié en 2009 au cours d’une promenade de Toulouse à Sète avec son père.
328 ouvrages d’art
« L’idée de l’aborder à bicyclette, à 10km/h, permet de capter l’essence de l’ouvrage de Riquet. J’ai une profonde admiration pour ce visionnaire qui y a dédié sa vie. J’ai découvert, par l’intermédiaire de l’archiviste Samuel Vannier au port Saint-Etienne (près de la Halle aux Grains), sa correspondance avec Colbert, ses plans… Ce fût très émouvant. Puis durant 15 ans, au gré de mes recherches, de mes reportages pour Occitanie magazine, de mes rencontres, j’ai amassé toute une matière propice à la réalisation d’un livre vivant, entre héritage historique et enjeux contemporains, magnifié par les clichés de mon ami Arnaud Späni, photographe spécialisé dans le paysage, l’architecture et la gastronomie ».
Classé au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco depuis 1996, le canal, long de 240 kilomètres, dispose de… 328 ouvrages d’art ! S’il évoque le Seuil de Naurouze, lieu de partage des eaux vers l’Océan et la Méditerranée, Saint-Ferréol, le premier grand barrage d’Europe ou le célèbre escalier d’écluses de Fonséranes à Béziers, Patrice Teisseire-Dufour conte par le menu détail des lieux méconnus : le tunnel du Malpas, « le premier au monde percé en 1679-1680 pour faire passer le canal sous la colline d’Ensérune (Hérault) », les aqueducs escamotables au-dessus du Libron (près d’Agde) imaginés en 1855 par l’ingénieur Urbain Maguès, la pointe des Onglous, extrémité d’une jetée de pierres noires basaltiques ponctuée par un petit phare qui guide les bateaux de nuit et par temps de brume.
L’auteur a aussi voulu rendre hommage au « peuple » de ce chemin d’eau.
Une galerie de personnages
Ici, on découvre Robert Mornet (décédé en 2022) concepteur de la réplique d’une barque de poste de 1818 qui servait au transport de passagers sur l’eau entre Toulouse et Agde, de même que les ouvriers des Voies navigables de France (VNF) aux cales de radoub (atelier de réparation de bateaux) allée des Demoiselles.
Là, on partage les passions hétéroclites du marinier Jean-Marc Samuel, relanceur du fret et patron du « Tourmente » – péniche qui sert de scène itinérante au festival Convivencia-, de l’éclusier-sculpteur Joël Barthes et son drôle de bestiaire ou encore de Nelly Gourgues, la gérante de la foisonnante librairie « Le trouve tout du Livre » du Somail (Aude), l’un des hameaux les plus emblématiques en bord de canal.
Mathieu ARNAL
» Le canal du Midi, un chemin d’eau et de ciel » (Éditions Sud-Ouest) 128 pages, 29,90 €