« Exercice de communication », « document de propagande électorale » ou « véritable feuille de route » ? Vendredi 20 juin 2025, le conseil municipal a largement débattu autour d’une délibération qui fixe un cap sur les mesures à prendre d’ici 2050 pour lutter contre la surchauffe urbaine dans la Ville rose. Avec ce plan « Toulouse + Fraîche 2050 », qui a été adopté vendredi, la mairie entend afficher son volontarisme pour limiter dans le temps les effets du réchauffement climatique. On le sait, la Ville rose est particulièrement exposée : selon une étude réalisée par Météo France, les Toulousains connaîtront en 2050, en été, des températures plus extrêmes et des nuits plus chaudes… et toujours moins de précipitations. « En 2050, on aura ici à Toulouse le climat de la ville de Séville« , explique le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc. Il est donc nécessaire de s’adapter. Que comporte ce plan qualifié de « très ambitieux », qui prévoit notamment de planter 670 000 arbres en 25 ans ? Quelles sont les réserves de l’opposition ? On fait le point.
« Un cap d’ici 2050 » pour faire face au dérèglement climatique
Ce plan Toulouse + Fraîche vise en premier lieu à résorber les îlots de chaleur, responsables de maintenir durant la nuit des températures bien plus élevées en ville qu’à la campagne. « Nous avons commandé une étude très structurante auprès de Météo France, complète l’élu Clément Riquet. Nous sommes d’ailleurs la première grande ville à nous doter d’une telle étude. Nous leur avons demandé ce que nous devions faire pour adapter notre ville d’ici 2050″.
« Il s’agit d’une démarche au long cours qui nous permettra d’investir et de réaménager la ville pour faire face à cette difficulté. C’est une transformation profonde qui exige des investissements considérables et des investissements décalés »
670 000 arbres à planter d’ici 2050

Cette étude montre que pour résorber 70% des îlots de chaleur de la ville (et gagner 1,44°C) à horizon 2050, il faudrait planter 670 000 arbres de haute-tige, désartificialiser 13km2 et faire évoluer l’albédo de la ville.
« Si on plante 670 000 arbres et que l’on met en place un certain nombre de mesures, la ville sera devenue tellement végétale et perméable qu’au bout de la nuit, au petit matin, les températures seront identiques au centre-ville qu’à la campagne », se projette Clément Riquet. « Cela nécessite du temps long. Mais il s’agit d’aller encore plus fort et plus loin ».
10 axes stratégiques
Végétaliser, poursuivre le dégoudronnage, stocker l’eau et utiliser les eaux pluviales, améliorer l’albédo des matériaux des espaces publics et bâtiments, installer des ombrières figurent parmi les 10 axes stratégiques du plan « Toulouse + Fraîche 2050 ».
La plantation de 670 000 arbres passerait notamment par la création « de squares d’une superficie de 500 m2 minimum » dans les quartiers et par la création d’une « pépinière grands arbres », mais aussi par la désimperméalisation des sols, est-il noté dans la délibération.
« Un exercice de communication »
Ce plan très ambitieux dans ses principes, a suscité un vif débat au sein du conseil municipal. Maxime Le Téxier, au nom du groupe AMC, a ainsi dénoncé « un exercice de communication », de « l’absence de financement », et s’est étonné du « timing » de son examen en conseil municipal, qui arrive en fin de mandature et à moins d’un an de l’élection municipal.
« On nous demande d’adopter une démarche qui tient en 4 pages et 30 phrases quand le projet de Paris a mobilisé des centaines d’agents, toutes les directions, 80 partenaires, 600 citoyens, 2 exercices grandeur réelle… Ce n’est pas sérieux (…). Présenter aujourd’hui aux élus de la République un document si creux, je le répète, ce n’est pas sérieux ».
L’élu d’opposition a notamment ajouté :
« Vous jouez un jeu dangereux, car vous jouez avec l’espoir des gens qui croient que leur ville a un plan d’évolution ambitieux, quand tout ce que vous offrez avec vos petits pas, ce sont des chiffres sur papier glacé. Oui, les Toulousaines et Toulousains auront besoin de douches froides à l’avenir, mais pas de celle que vous leur préparez ».
« Il était temps ! »

Hélène Cabanes, au nom du groupe écologiste, précise : « Voilà enfin une feuille de route pour transformer Toulouse et se préparer au changement climatique. Certes, mon collègue l’a dit Maxime Le Texier c’est largement insuffisant et il y a beaucoup de choses qui sont également à revoir, mais cette démarche de cap 2050 arrive enfin. Il était presque temps, j’ai envie de dire… mais aucune évaluation financière n’est indiquée dans la délibération. Il n’y aucun échéancier entre maintenant et 2050, compte tenu des annonces faites qui sont particulièrement élevées et ambitieuses« , a toutefois nuancé la conseillère municipale.
« Est-ce que est-ce vraiment une feuille de route atteignable ou est-ce juste un document de de propagande à quelques mois d’une campagne électorale ?
La conseillère municipale d’opposition ajoute encore : « Bien qu’arrivant en tard dans la mandature bien que ne sachant pas réellement les moyens qui y seront mis ni le rythme de mise en place, nous voterons pour cette démarche prospective parce que nous la demandons depuis longtemps et nous l’appelons de nos vœux ».
« Personne n’a jamais fait autant »
« Ce que nous avons fait depuis 2014, en matière de développement durable, de lutte contre le réchauffement climatique, aucune municipalité toulousaine ne l’a fait. Personne n’a jamais fait autant, que ce soit au niveau de la mairie ou de la métropole » a rétorqué Jean-Luc Moudenc.
Tout en nuançant également : « On nous annonce que Toulouse aura le climat de Séville en 20250. Alors effectivement, malgré les considérables progrès effectués depuis 2014, c’est insuffisant et il faut aller plus loin. Et si nous étions dans l’autosatisfaction, effectivement je ne présenterais pas cette délibération. Je suis heureux de tous les progrès qui ont été faits, mais je suis conscient de ce qui reste à faire. Cette délibération n’est pas une fin en soi. Quand on se projette sur une perspective de 25 ans, forcément, c’est une délibération de principe, fondée sur une étude scientifique extérieure à la collectivité, et donc je pense que l’on peut lui donner un crédit, notamment un caractère non politique au sens de politicien ».