Vendredi 20 juin 2025, en fin de matinée, un effondrement s’est produit au 6 rue Louis Massé, dans le quartier Bonnefoy à Toulouse. Le plancher du salon d’une maison s’est affaissé de deux mètres, laissant un trou béant. Une intervention d’urgence a été lancée : les équipes de Tisséo, accompagnées de pompiers, policiers et géologues, sont rapidement intervenues. Cela a concerné une maison qui était pourtant surveillée par des capteurs depuis plusieurs mois, suite à des fissures engendrées par le passage du tunnelier qui creuse la future ligne C du métro. A peine trois jours après l’effondrement, les habitants ont enregistré un nouveau coup très dur : ils ne pourront pas rentrer chez eux avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour certains. Tisséo s’explique.
Des signes avant-coureurs depuis plusieurs mois
Le quartier Bonnefoy est sous tension depuis le passage du tunnelier Marie-Thérèse de Villeneuve-Arifat, qui progresse depuis le quartier Raisin vers Matabiau. À son passage sous Bonnefoy — à seulement dix mètres de profondeur pour le point le plus haut — des anomalies ont été détectées.
« Le tunnelier a rencontré une zone de sol instable. Une légère perte de pression a été constatée et compensée par des injections de béton. Nous pensions le problème résolu, mais des poches de sable sont apparues, ce qui a nécessité la mise sous surveillance de certaines habitations », explique Jean-Jacques Laporte, directeur des Grands Projets chez Tisséo.

Des fissures inquiétantes étaient en effet apparues sur plusieurs façades. « Il y a deux mois, nous avons déployé des capteurs dans la rue pour suivre l’évolution de ces fissures. Jusqu’à récemment, aucune alerte majeure n’avait été relevée », poursuit-il. Mais la semaine dernière, un capteur a détecté un mouvement anormal. Un plan d’investigation devait être mis en place, mais l’effondrement est survenu avant que les machines ne soient acheminées.
Une évacuation d’urgence
Au total, 47 sapeurs-pompiers, des policiers, le SAMU, les équipes Tisséo et des géologues sont intervenus sur les lieux ce vendredi 20 juin. « 24 personnes ont été évacuées, six bâtiments ont été isolés, deux autres par précaution », indique Jean-Jacques Laporte. La rue a immédiatement été bouclée.
Pas revenir avant « plusieurs mois »
« Les pompiers ont tout de suite défini une zone d’action prioritaire. Puis tard dans la soirée, après passage des experts, plusieurs dizaines de mètres cubes de béton ont été injectées dans ce trou au numéro 6, pour le reboucher », complète le directeur de Grands Projets.

Mais les nouvelles tombées le lendemain se sont avérées dures pour les habitants : « Les experts ont annoncé aux habitants des numéros 4, 6 et 8 rue Louis Massé, qu’ils ne pourraient pas revenir avant plusieurs mois », indique Tisséo. Aucune date précise n’a encore été avancée.
Des maisons inaccessibles
Même les maisons épargnées par les dégâts directs restent inaccessibles. Les numéros 5 et 7 de la rue Louis Massé, « ne présentent aucun problème » mais restent inoccupés, car la portion de rue concernée est interdite d’accès. « Trois maisons de la rue parallèle, rue Béteille, ont également été évacuées pour plusieurs semaines parce que leurs jardins donnent sur l’arrière la maison concernée par l’effondrement », ajoute Jean-Jacques Laporte.

Seuls les habitants des numéros 3 et 9 rue Louis Massé ont pu regagner leur domicile.
Relogement et prise en charge par Tisséo
Tisséo a rapidement mis en place des solutions de relogement provisoires. « Une dizaine de logements ont été trouvés en urgence, principalement des appart-hôtels. Les habitants y resteront jusqu’à début juillet, le temps de mettre en place des solutions plus durables pour ceux qui ne pourront pas rentrer avant plusieurs mois », indique Jean-Jacques Laporte.
La société affirme assumer l’intégralité des frais liés aux relogements :
« Sur les 3 milliards d’euros de budget alloués à la ligne C, une enveloppe de plusieurs centaines de milliers d’euros est prévue pour ce type d’imprévus »
Le chantier continue, avec encore plus de précautions
Si cet accident sur le chantier survient alors qu’un tiers du tracé de cette future ligne est déjà creusé, Tisséo affirme que le calendrier de livraison n’est pas remis en cause. « Nous allons cependant faire plus de sondages auprès des riverains concernant d’éventuels problèmes, et notamment nous focaliser sur les zones les plus à risques pas encore creusés ».
La vigilance sera plus que jamais le maître-mot du chantier : « Là, on a eu un signalement, on aurait dû aller plus loin que ce que les capteurs montraient ».