Le monde a un nouveau Pape. L’Américain Robert Francis Prevost, 69 ans est devenu Léon XIV. Discret et présenté comme modéré, le nouveau souverain pontife intrigue les hommes d’Eglise en France qui le connaissent assez peu, à l’image de l’archevêque d’Albi, Monseigneur Balsa.
L’Américain Robert Francis Prevost est devenu le 8 mai 2025 le premier pape américain de l’Histoire sous le nom de Léon XIV. Il célèbre ce vendredi 9 mai une messe dans la chapelle Sixtine. L’archevêque d’Albi, Jean-Louis Balsa réagit dans la matinale de « ici Occitanie ».
« ici Occitanie » : Comment avez-vous suivi cette élection ? Pensiez-vous que cela irait aussi vite ?
Monseigneur Jean-Louis Balsa : « Non, je ne pensais pas. En fait, on ne peut pas savoir à l’avance, mais là, manifestement, il a fait une unanimité pour que ça aille aussi vite. Les cardinaux avaient déjà repéré cet homme et lui ont fait confiance. Quant à moi, c’est un ami qui m’a téléphoné, j’ai branché ma télévision et puis j’ai attendu un peu comme tout le monde savoir qui ce serait.
Le connaissez-vous ? Et que signifie son choix de nom, Léon XIV ?
Non, je ne le connais pas du tout. Mais quand un pape choisit un nom, c’est un programme aussi. Il se réfère à un personnage. Le pape François s’était référé à François d’Assise, donc il était très tourné vers les pauvres, vers un engagement très solidaire. Là, il a choisi de s’appeler Léon XIV en référence à Léon XIII qui était un pape à la charnière entre le XIXe et le XXe siècle. Il était l’un des premiers papes à reconnaître que la démocratie était le moins mauvais système qu’on puisse avoir quand on est dans un pays libre. Il s’est beaucoup intéressé aussi à tout ce qu’était le monde du travail. On était à l’époque du marxisme, du socialisme naissant. Et donc lui-même a ouvert l’Eglise à toute cette réalité du monde du travail et du monde des pauvres. Et de ce point de vue-là, il s’inscrit tout à fait dans la ligne de François, avec cette dimension plus sociale plus structurée, comme a fait Léon XIII.
Il n’a que 69 ans, donc on peut imaginer un pape moderne, ou c’est un peu un raccourci ?
Non, un pape est toujours moderne à partir du moment où il commence. Ce qui va être nouveau, c’est qu’il va avoir une perspective qui est la sienne. Il s’inscrira forcément dans la ligne de François, mais il semble que ce soit un homme de consensus. Il était déjà le chef de la nomination des évêques, et il était connu comme étant quelqu’un qui négocie, un homme patient. Donc, on va avoir un homme là qui va maintenant creuser un sillon qu’a ouvert le pape François et les autres papes.
Pourquoi sera t-il forcément dans la ligne du pape François, dites-vous ?
La tradition montre que les précédents papes n’ont jamais créé une rupture avec leurs prédécesseurs. Par contre, ils ont toujours apporté quelque chose de nouveau que le prédécesseur n’avait pas apporté. Et donc, ça va être le cas de cet homme qui, en plus, a une expérience originale venant des États-Unis, ayant passé sa vie au Pérou. Il a la double nationalité péruvienne et américaine. C’est un homme qui va marquer de ce point de vue-là.
Il a été fait cardinal il y a très peu de temps, en 2023. Est-ce que ça suffit pour diriger l’Eglise ?
Cela ne marche pas à l’ancienneté. François l’avait repéré comme il en a repéré d’autres. Et puis voilà, c’est tombé sur lui. Les cardinaux lui ont fait confiance massivement.
Tout au long de son pontificat, le pape François a dû gérer de nombreux scandales liés à la pédocriminalité et à des abus sexuels dans l’Église. Des associations craignent déjà un abandon des réformes en cours. Est-ce qu’elles sont légitimes, ces inquiétudes ?
Non, c’est vraiment pas légitime. Moi, je vois au niveau français de la Conférence des Evêques de France, la dernière session à Lourdes, on a remis à nouveau ça en chantier, en continu, en accueillant les associations des victimes elles-mêmes. Il n’est absolument pas question de fermer le dossier. Bien au contraire, on invite encore tous celles et ceux qui pourraient être victimes à se manifester, parce que ça permet de faire la vérité.
Un mot quand même sur vous, Monseigneur Balsa. Vous êtes arrivé à Albi en 2023 avec l’envie de transformer le diocèse. Qu’avez-vous transformé en deux ans ?
Après avoir demandé aux prêtres et aux laïcs et avoir pris le temps d’écouter, ce que j’ai repéré c’est d’abord une grosse attention pour les jeunes et donc dans le diocèse du Tarn, il y a une très forte demande des jeunes actuellement, surtout des jeunes qui n’ont pas de passé chrétien qui se retournent vers l’Eglise et qui demandent le baptême. Il y a une forte demande aussi concernant les marges de l’Église. Par exemple, de prendre bien en compte les divorcés-remariés, le drame de l’avortement, comment on peut aider toutes les femmes qui ont vécu ce drame à pouvoir relever la tête, s’occuper des personnes homosexuelles. On est en train d’organiser une journée pour tous ceux que la société peut-être marginalise.
Vous évoquez les baptêmes, confirmez-vous que de plus en plus d’adultes demandent le baptême ?
Oui, alors dans le Tarn c’est massif, mais comme en France, ça a été massif cette année. C’est surprenant, ce sont des personnes qui ont entre 25 et 35 ans, et qui n’ont pas de passé chrétien. Il se passe quelque chose dans leur vie, ils cherchent un sens, et ils nomment Dieu, et ils se retournent vers l’Eglise. Donc ça ne provient pas de l’Eglise, mais d’une expérience plutôt personnelle qui fait que maintenant ils cherchent dans l’Eglise une réponse. »
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