Les cas d’intoxication au PTC, ce cannabis de synthèse vapoté, se multiplient. L’agence régionale de santé en Occitanie a envoyé un mail aux lycées et collèges de la région. Martine Lacoste, directrice générale de l’association Clémence Isaure à Toulouse est notre invitée.
C’est écrit noir sur blanc sur le site de la Sécurité sociale. Les cas d’intoxications au PTC sont en augmentation en France. Le PTC, pour « pète ton crâne », également appelé Buddha Blue, est un cannabinoïde de synthèse qui gagne en popularité chez les jeunes vapoteurs. Cette substance, connue depuis plusieurs années en France, est souvent consommée sous forme d’e-liquide dans des cigarettes électroniques. La consommation de PTC présente des risques graves pour la santé, notamment des complications neurologiques et des troubles psychiatriques. Eclairage avec Martine Lacoste, directrice générale de l’association Clémence Isaure et déléguée régionale de la fédération Addictions.
ICI Occitanie : Qu’est-ce que cette nouvelle drogue ?
Martine Lacoste : Ce n’est pas tout à fait une nouvelle drogue. Elle a commencé à arriver sur le marché dans les années 2015. Mais il semblerait qu’actuellement, il y ait un pic de diffusion. C’est une drogue de synthèse. Effectivement, elle porte plusieurs noms : la Bouddha Blue, Pète ton crâne, PTC, ou K2. C’est un cannabis de synthèse, ça ne veut pas dire cannabis du tout. Cela ressemble au cannabis, ça a le goût du cannabis, mais ce n’est pas du cannabis. Si on voulait faire une comparaison, c’est une sorte de cannabis dosé à 95% de principes actifs, alors qu’il est déjà assez psychoactif à 19-20%. Donc vous imaginez la concentration. Elle est extrêmement dangereuse. Il y a des composantes qui font penser un peu à l’héroïne, un peu à la cocaïne, un peu au LSD. D’où les risques multiples encourus par la consommation de ce produit.
Quelles sont les séquelles justement, les effets secondaires de cette drogue de synthèse sur les jeunes en particulier ?
Ce n’est pas à tous les coups. L’important, c’est de ne pas en prendre. Mais si jamais des gamins en consomment, il y a quand même les dix commandements. Et un des premiers commandements, c’est de ne jamais en prendre tout seul, commencer par des toutes petites doses. Les jeunes en consomment dans les fêtes. Les risques ce sont des intoxication, des troubles physiques et des troubles psychologiques. C’est une sensation de parano, hallucinogène. Ça peut tout à fait terminer en unité protégée en psychiatrie. Sur les risques physiques, ils peuvent être cardiaques, respiratoires.
L’ARS indique que ses substances psychoactives par vapotage ont été achetées dans divers CBD shops de la région. Vous confirmez que c’est possible ?
Non, je ne peux pas le savoir. Cela m’étonne. Mon métier, c’est de soigner des gens et ce n’est pas les questions de trafic. Donc je ne peux absolument pas le savoir. Si l’ARS le dit, elle a ses sources. Je pense qu’il faut les interroger. Une chose est sûre, c’est que cette information est assez dramatique. Ce n’est pas quelqu’un qui venait acheter du CBD à qui on a vendu de la Bouddha Blue. C’est quelqu’un qui est venu acheter de la Bouddha Blue, à qui on a donné une adresse, qui est un magasin. Ce qui n’est pas la même chose. On ne vous met pas de la Bouddha Blue dans la main alors que vous ne vouliez pas en acheter.
Quels conseils aux parents ?
On parle et on dit « j’ai un doute, je m’inquiète ». Mais quand on parle et qu’on s’inquiète, c’est qu’il y a d’autres signes. Il faut être extrêmement sensible à des signes tels qu’un gamin qui n’a pas de copain ou un gamin qui sort beaucoup trop au moment, par exemple, de passer les examens. Il peut avoir la trouille de passer les examens. On voit qu’il est mélancolique, des changements d’humeur, des changements d’atmosphère à la maison peuvent favoriser le dialogue. e pense qu’il ne faut pas hésiter à en parler
Au final, la cigarette électronique ne s’avère-t-elle pas bien plus dangereuse qu’une cigarette classique ?
Vous savez, tout peut être danger. Un médicament peut devenir un poison. La Bouddha Blue elle peut se consommer aussi en poudre elle peut se sniffer. il faut regarder les vrais risques, sortir de la parano. Le mieux c’est de ne jamais en consommer Mais si cela arrive, dans une fête, il faut absolument informer les jeunes, leur dire de ne pas le faire seul ».
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555