Après six ans d’existence, le centre de santé Cap’Rempart, situé près de la place Wilson à Toulouse, ferme ses portes. La direction évoque des difficultés financières et un modèle économique impossible à tenir sans davantage de soutien des pouvoirs publics.
C’est la fin d’une histoire. Le centre de santé Cap’Rempart, situé rue d’Austerlitz à quelques mètres de la place Wilson, a définitivement baissé le rideau il y a une semaine, mardi 10 juin 2025. Ce centre privé mutualiste avait ouvert en 2019 et salariait des médecins généralistes, un dermatologue, une kiné, une orthophoniste, un podologue et une psychologue. La fermeture concerne également la boutique d’optique et d’audio-prothèses de la place Wilson. Cap’Rempart a été placé en liquidation judiciaire : 19 personnes vont donc être licenciées, les trois secrétaires médicales, la comptable et la directrice adjointe du centre venant s’ajouter aux médecins, aux paramédicaux et aux salariés de la boutique.
« On a l’impression d’abandonner nos patients »
Sandrine Tourillon, la directrice adjointe du centre de Santé Cap’Rempart, fait partie des salariés qui seront licenciés : « J’ai dû annoncer la nouvelle à mes collègues, ça a été difficile. Mais on est aussi très affectés pour nos patients. Quand on a ouvert en 2019, beaucoup d’entre-eux étaient arrivés chez nous parce qu’ils n’avaient pas ou plus de médecin traitant, suite à des départs à la retraite, par exemple. Le centre Cap’Rempart en lui-même était référencé comme médecin traitant, on a donc proposé un vrai suivi à nos patients. Et là, on a l’impression de les laisser sur le carreau, on a l’impression de les abandonner. On les a invités à prendre contact avec d’autres centres de santé, mais on sait déjà que certains d’entre-eux resteront sans solution. »
Le centre Cap’Rempart revendique 3000 patients. En 2024, il a effectué 23.000 consultations. Selon la direction, les créneaux de rdv étaient pleins, mais la fréquentation n’a pas suffi. L’équipe évoque une conjoncture difficile lors du lancement en 2019 et dans les mois qui ont suivi : manifestations des Gilets jaunes, crise Covid, mobilisation contre la réforme des retraites. Le mode de tarification ne serait pas non plus idéal selon Sandrine Tourillon, la directrice adjointe de Cap’Rempart : « La tarification au forfait, expérimentée dans certains centres, aurait été plus adaptée pour le suivi des patients atteints d’affections longue durée, comme le diabète. Là, avec la tarification à l’acte, nous étions rémunérés de la même manière, que nous passions 10 minutes avec un patient qui venait pour une grippe que 40 minutes avec un patient en ALD, pour qui nous devions prendre contact avec d’autres professionnels de santé pour évoquer son dossier et s’assurer de son bon suivi. »
Une « mission de service public »
Le centre de santé mutualiste Cap’Rempart estime avoir assuré une mission de service public et aurait donc apprécié davantage de soutien financier des pouvoirs publics. Pour Jean-Pierre Pailhol, le directeur général de Cap’Rempart, le modèle économique des centres de santé privés qui n’est pas viable en l’état : « Il faudrait peut-être que le législateur envisage les choses différemment : nous avons rempli une mission de service public, nous avons suivi et soigné des patients qui ne trouvaient, pour certains, pas de solution par ailleurs. Nous sommes un centre mutualiste à but non-lucratif : notre objectif n’était pas de dégager du profit, mais nous avions des salariés et nous devions être viable. Les centres de santé portés par des collectivités territoriales sont généralement aidés par la collectivité quand ils sont en difficulté, mais dans notre cas personne n’a pu nous aider à survivre. »
Le centre de Santé Cap’Rempart a fini l’année 2024 avec un déficit 500.000 euros.
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555