Et si une petite entreprise toulousaine arrivait à reverser le quasi-monopole des Canadair, les célèbres bombardiers d’eau utilisés dans la lutte contre les feux de forêt ? C’est l’ambition de Positive Aviation, petite entreprise basée à Blagnac. Elle a présenté son projet cette semaine au Bourget.
Au Salon du Bourget jusqu’au 22 juin 2025, les géants de l’aéronautique ne sont pas les seuls à faire parler d’eux. Parmi les entreprises régionales présentes au pavillon Occitanie, Positive Aviation, une start-up toulousaine attire l’attention avec son projet ambitieux : proposer une alternative aux Canadair, ces avions emblématiques utilisés pour la lutte contre les feux de forêt.
Des ATR réaménagés
Basée près de l’aéroport de Toulouse-Blagnac, Positive Aviation a été fondée par six anciens ingénieurs d’Airbus. Cette semaine, elle a présenté aux visiteurs du Bourget son projet FF72 : transformer des ATR, des avions de transport régionaux, eux-aussi fabriqués à Blagnac, en bombardiers d’eau.
Pour ce faire, Positive Aviation va remplacer les trains d’atterrissage par deux coques flottantes, façon catamaran, permettant à l’appareil de se poser sur l’eau et de remplir ses réservoirs par écopage.
« On va lui enlever ses roues et les remplacer par deux coques qui joueront le rôle de flotteurs » explique Raoudha Jammoussi, une des co-fondatrices de Positive Aviation. « Ça lui permettra d’aller sur l’eau et de remplir son réservoir en écopant, grâce à la gravité. »
Le FF72 sera équipé de réservoirs de 8.000 litres, capables de se remplir douze secondes, une une performance comparable à celle des Canadair. Mais la différence majeure se situe au niveau du coût.
Des avions « 40 à 50 % moins chers » que les Canadair
Selon Positive Aviation, le prix d’un Canadair avoisine les 70 à 80 millions d’euros. Le FF72 sera proposé autour de 40 millions d’euros, soit 40 à 50 % moins cher. Les clients auront le choix entre un avion neuf ou une version d’occasion réaménagée, ce qui permettra de faire baisser les coûts.
Le projet de Positive Aviation pourrait trouver un écho favorable : la flotte française de Canadairs est vieillissante : en moyenne, seuls six des douze appareils tricolores sont opérationnels. Et le constructeur canadien n’a pas produit d’avion neuf depuis près de dix ans.
Un projet déjà signé
Le projet, lancé officiellement en mars dernier, a immédiatement séduit un client américain, Bridge Aerospace, qui a déjà passé commande de dix appareils fermes et de dix en option. « On a travaillé pendant deux ans sur la faisabilité technique », ajoute Raoudha Jammoussi. « On ne voulait pas proposer uniquement de jolis dessins. On a aussi travaillé sur les délais de notre arrivée sur le marché. »
Avec une équipe d’une vingtaine de personnes, Positive Aviation prévoit de livrer son premier avion d’ici fin 2028. Puis six en 2029 et un avion par an en 2030. Elle devrait embaucher une dizaine de personnes supplémentaires d’ici cet été.
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