LVG entr Bordeaux et Toulouse travaux ont débuté en 2024 Directeur de l’agence GPSO, structure de SNCF Réseaux, chargé du dossier 14milliards d’euros
ICI Occitanie : C’est un projet complexe. Où en sommes-nous exactement ?
Ce projet il comprend plusieurs composantes. Vous avez des travaux créant des voies nouvelles au droit des agglomérations de Bordeaux et Toulouse. Les chantiers sont en cours et se déroulent normalement, en respectant les délais prévus. D’ici deux à trois ans, on aura engagé des travaux pour la réalisation de la section à grande vitesse. Il s’agira d’une nouvelle section de travaux prévue à cet effet.
Ça signifie que les travaux sur les voies n’ont pas encore commencé, mais qu’il s’agit uniquement d’aménagements pour l’instant ?
On construit des voies au droit des voies existantes, en sortie de Toulouse vers Saint-Jory et idem du côté Bordeaux. En revanche, la section proprement dite à grande vitesse ne démarrera que dans deux à trois ans. Toutes ces composantes de la Ligne Nouvelle du Sud-Ouest (LNSO) seront terminées à l’horizon de 2032, pour être mises à disposition des voyageurs.
Dans quelques semaines vous allez lancer la consultation pour la demande des premières autorisations environnementales. Ça signifie que les habitants vont pouvoir donner leur avis ?
Tout à fait. Une concertation publique sera engagée au second semestre par voie électronique sur un certain nombre d’investigations préalables qu’on souhaite engager. Ce sont concrètement des sondages géotechniques pour mesurer les capacités des sols et, d’autre part, de l’archéologie préventive, qu’on souhaite mener à partir de l’année prochaine.
Concrètement, vous allez demander aux personnes habitant sur le tracé s’ils sont d’accord avec les travaux ?
Oui, nous présentons un dossier à la fois à l’administration, à l’autorité environnementale et au grand public. Evidemment, la population peut formuler ses commentaires, ses remarques et ses critiques sur le dossier qui lui sera soumis. On essaiera naturellement de répondre à toutes les questions qui nous semblent bien fondées et permettent une amélioration de projet.
Cette LGV rencontre beaucoup d’opposition, notamment auprès des collectifs de protection de l’environnement. La question qui se pose, c’est de savoir si elle en vaut vraiment la peine. 14 milliards d’euros, ça fait gagner combien de temps aux voyageurs ?
Prenons l’exemple d’un Paris-Toulouse, ça permet de gagner une heure pour les voyageurs. Mais l’enjeu de la LNSO n’est pas uniquement un enjeu de grande vitesse pour les voyageurs du TGV. C’est un projet qui permettra de développer les transports du quotidien, les TER, mais qui permettra aussi de développer le fret. D’un point de vue environnemental, ça permettra également un report de trafic important entre le trafic de l’aéroport de Toulouse vers le transport ferroviaire, qui est beaucoup moins émissif de gaz à effet de serre.
Un des arguments des opposants, c’est aussi de se demander « pourquoi ne pas avoir remis en état les voies actuelles ? ». Les temps de trajets sont rallongés entre Bordeaux et Toulouse, notamment sur l’Intercités où les trains ont beaucoup de retard.
Il n’est pas question de fermer la ligne existante. Les travaux de régénération des lignes existantes seront menés, il n’y a pas de discussion là-dessus. Par contre, transformer une voie existante en une ligne à grande vitesse ne répondait pas à tous les besoins, notamment celui de la capacité ferroviaire. D’autre part, il est très compliqué, voire impossible, de pouvoir passer une ligne exploitée à moins de 162km/h, compte tenu de tous les passages à niveau qui existent, à une ligne à grande vitesse pour des circulations à 300 km/h.
Vous parlez de passage à niveau. Ne va-t-il pas falloir en recréer avec cette nouvelle ligne ? Vous allez aussi ajouter de nouvelles gares ?
Il y aura des gares nouvelles à Montauban, Agen et Mont-de-Marsan. Par contre, sur une ligne à grande vitesse, vous n’avez aucun passage à niveau, de la même manière que, sur une autoroute, vous n’avez aucun carrefour. C’est le même principe de sécurité.
Sur la question de l’accessibilité, l’Etat a dû financer le projet par une taxe spéciale d’équipement, pouvant aller jusqu’à une vingtaine d’euros prélevé auprès des habitants du tracé. Est-ce que ces habitants vont pouvoir monter dans le train ?
La ligne est ouverte à toute la population donc, non seulement ces habitants, à toute la population française. Ça sera dans le cadre d’un service ferroviaire opéré par la SNCF et éventuellement d’autres opérateurs.
Une note interne du ministère de l’Economie et des Finances a fuité le mois dernier. Selon elle, l’Etat pourrait se désengager. Est-ce que ça enterrerait ce projet de futur LGV, qu’il finance à hauteur de 40% ?
Aujourd’hui, nous disposons de tous les financements nécessaires pour finir le projet dans les délais. Après, les financements complémentaires alloués, bien-sûr, ils sont nécessaires au projet mais c’est une question qui regarde l’Etat. Je ne peux pas pré-juger de la volonté ou de la capacité de celui-ci à financer le projet dans la durée.
Mais, dans le cas où les financements seraient retirés, est-ce que ça mettrait en danger le projet ?
Ce que je peux vous dire c’est que, effectivement, pour construire la ligne à grande vitesse, il nous faut naturellement des financements. C’est une condition nécessaire.
Concernant l’opposition à cette LGV, elle est souvent comparée à l’A69. Les mêmes militants se mobilisent contre le chantier de l’A69 et sur les manifestations anti-LGV. Pour vous, ces deux projets sont-ils comparables ?
Je ne suis pas complètement d’accord avec cette assimilation. C’est déjà deux modes de transport différents et, en matière d’émission effet de serre, ils ne sont pas équivalents. Il y a un projet ferroviaire qui a aussi des fonctionnalités sur très longue usance. C’est l’un des enjeux du projet LNSO.
Est-ce que les manifestations vous font peur ? Elles ont déjà retardé les travaux ?
Nous menons d’abord tout un travail d’information pour essayer de démontrer tous les bénéfices du projet, notamment avec des publications sur le site internet. Ça sera des opportunités pour démontrer la qualité du projet. Vis-à-vis de ce qu’il se passe sur le chantier, nous prenons touts les mesures utiles pour que les personnes qui travaillent sur les travaux puissent les réaliser de manière correcte. Aujourd’hui, nous n’avons pas de difficulté qui compromette la qualité, le calendrier ou la sécurité des gens qui travaillent sur les chantiers.
Les opposants ont saisi le Tribunal administratif de Toulouse qui va devoir analyser la légalité de l’autorisation environnementale pour la partie haut-garonnaise de la LGV. Vous redoutez une décision d’annulation, comme celle prise en février pour l’A69 ?
Non. Nous considérons que nous avons un bon dossier et que nous avons respecté la réglementation, donc nous sommes sereins par rapport à ces contentieux.
https://www.francebleu.fr/occitanie/haute-garonne-31/toulouse-31555