Le site de l’Onera près de Toulouse spécialisé dans la recherche aérospatiale vient d’inaugurer un banc d’essai unique en Europe. Il est capable de tester les incendies sur les futurs moteurs d’avions. Son nom : PyCoFiRe (Pyrénées Composite Fire Research). Un procédé unique en Europe.
Cette semaine, un bijou de technologie a été officiellement inauguré. PyCoFiRe (Pyrénées Composite Fire Research), est un moyen d’essai unique en Europe, dédié notamment à l’étude du comportement au feu des matériaux composites utilisés dans l’aéronautique. Il était présenté sur le site de l’ONERA (Office national d’études et de recherches aérospatiales) à Fauga-Mauzac (Haute-Garonne).
C’est un outil indispensable au développement de nouveaux carburants comme l’hydrogène. Sur la plateforme collaborative de l’ONERA les chercheurs développent des technologies sûres et résilientes.
Avec PyCoFiRe, tous les scénarios d’un moteur d’avion sont reproduits. Il est capable de générer des incendies moteurs, l’été au Mexique ou l’hiver à Moscou, avec une flamme à 1200 degrés. Et ceci, pour des avions qui ne voleront plus au kérosène. « L’aviation est en train de se décarboner pour être le plus respectueuse possible de l’environnement, déclare Gillian Leplat chef de projet PyCoFiRe pour l’ONERA. On étudie donc les solutions hydrogène pour sécuriser l’arrivée de ces nouvelles énergies. »
Une démarche qui s’inscrit dans les priorités nationales et européennes de décarbonation, en contribuant à la conception de matériaux légers, performants et résistants au feu.
Son inauguration a lieu sous le regard fier de toute une équipe. Sa conception a démarré il y a 6 ans. 14M€ d’investissements et des milliers d’heures de travail ont été nécessaires pour aboutir à une machine unique en Europe.
🙏Un immense merci aux ingénieurs, chercheurs, techniciens, architectes, agents et partenaires qui ont œuvré collectivement à la réalisation de ce projet. Lire notre article complet📷https://t.co/FwhDTRC56R@DGA@Agence_ID
— ONERA (@onera_fr) May 23, 2025
Ce système d’essai est capable de recréer et d’analyser grandeur nature les incendies dans les compartiments moteurs d’avions commerciaux de type monocouloir. Il permet aussi de développer et d’évaluer de nouvelles technologies d’extinction, respectueuses de l’environnement et efficaces.
Il n’a pas son pareil en Europe. « Il y a une seule autre installation à notre connaissance qui est située aux Etats Unis, reconnaît Thomas Nedelec, Opérateur sur PyCoFiRe. Le but ici pour Airbus est de faire de la recherche souveraine. Avec une vraie installation de recherche, sans avoir la nécessité d’aller aux Etats Unis. Donc oui c’est un avantage indéniable pour l’Europe pour se réapproprier les problématiques liées à la certification aéronautique. »
Né à l’initiative de la Région Occitanie, le projet PyCoFiRe a bénéficié du soutien financier de l’Union européenne, à hauteur de 10 millions d’euros de fonds FEDER (Fonds européen de développement régional). Il a également bénéficié d’un soutien financier d’Airbus, d’Ariane Group et de Safran. Ces trois industriels ont participé à la définition du banc d’essai et en sont les premiers utilisateurs.
Une première campagne d’essais a démarré avec le groupe Safran. Elle va durer 4 mois. PyCoFiRe enflamme l’aéronautique. Des matériaux innovants plus légers vont pouvoir être testés. L’armée y voit aussi un grand intérêt pour ses futurs avions militaires selon Bruno Sainjon le PDG d’ONERA, le centre français de recherche aérospatiale. « Ils ont tous bien compris que pour arriver à répondre à ce défi de l’aviation décarbonée, il faut développer des technologies, des choses de court terme pour arriver à des rendez-vous plus proches mais il faut remonter sur la recherche, vers de la science aussi. Il y a de grands enjeux derrière. »
Cette installation constitue une avancée stratégique au service de la sécurité aérienne et de la transition écologique du secteur. L’ONERA emploie environ 2 200 personnes dans toute la France. Placé sous la tutelle du ministère des Armées, il dispose d’un budget de 336 millions d’euros (2024) dont plus de la moitié provient de contrats commerciaux. Il prépare la défense de demain, répond aux enjeux aéronautiques et spatiaux du futur, et contribue à la compétitivité de l’industrie aérospatiale.
PyCoFiRe en est le parfait exemple. Un moyen qui risque de devenir incontournable pour les avionneurs, les motoristes et l’ensemble du secteur aéronautique.
(Écrit avec le reportage d’Amélie Poisson et Nathalie Fournis)
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse