Alors que la moitié de la flotte russe d’Airbus A320/A321neo est clouée au sol, le gouverneur de Kemerovo (Russie) affirme que S7 Airlines a dû suspendre certains de ses vols en raison d’une pénurie de pièces détachées. Mais la compagnie aérienne dément.
Le gouverneur de la région de Kemerovo en Russie a-t-il trop parlé ?
Le 28 mai, Ilya Seredyuk, explique que la plus grande compagnie russe, S7 Airlines, était dans l’obligation d’annuler des vols entre les villes de Moscou et Novokouznetsk par des problèmes de pièces de rechange. « Les avions utilisés par les compagnies ont été achetés à l’étranger, souligne l’élu russe. Et, bien sûr, aujourd’hui, afin d’économiser des ressources, les compagnies aériennes s’efforcent de prendre soin de leur matériel roulant. L’approvisionnement en pièces détachées pose problème. En attendant la résolution de ce problème, S7 a été contrainte de réduire son nombre de vols et attend d’être approvisionnée en pièces détachées par d’autres moyens, mais elle reprendra certainement ses vols », a déclaré à des médias locaux M. Seredyuk.
L’information n’est pas nouvelle. À la fin de l’année 2024, le journal Kommersant évaluait la moitié de la flotte d’Airbus A320/A321neo en Russie (34 des 66 appareils) immobilisée au sol pour des raisons techniques.
Face à la déclaration du gouverneur, S7 Airlines a rapidement publié un démenti. La compagnie a assuré qu’elle assurait l’entretien régulier de sa flotte « en utilisant des pièces de rechange certifiées provenant de fournisseurs vérifiés et approuvés avec tous les documents nécessaires« . Selon S7, le coût de l’exploitation de la ligne aurait doublé après l’ouverture du nouveau terminal, et la compagnie poursuivrait des négociations pour obtenir une réduction des tarifs.
La suspension des vols Moscou-Novokouznetsk est due à la hausse des prix des services aéroportuaires, a expliqué la compagnie. « Le coût de l’entretien du vol Moscou-Novokouznetsk a doublé depuis l’ouverture du nouveau terminal, il a été mis en service en février de cette année. (…) Nous poursuivons les négociations avec l’aéroport pour réduire les tarifs de l’entretien des vols« , note la compagnie aérienne. L’aéroport de Novokouznetsk a à son tour démenti les informations de S7 Airlines.
Depuis le début du conflit en Ukraine, l’ensemble du secteur aérien russe est confronté à une crise majeure d’approvisionnement en pièces détachées, en raison des sanctions occidentales qui interdisent la fourniture d’avions, de composants et de services de maintenance aux compagnies russes.
Les constructeurs comme Airbus et Boeing, ainsi que les motoristes tels que Pratt & Whitney, ont cessé toute collaboration, forçant les compagnies à immobiliser une partie de leur flotte ou à recourir à la cannibalisation d’appareils pour récupérer des pièces.
L’année dernière, le constructeur P&W a rappelé les moteurs de 140 avions en raison d’un dysfonctionnement, mais cette décision ne s’applique pas aux compagnies aériennes russes en raison des sanctions. Il est impossible d’importer des moteurs mis à jour par des voies détournées, car le PW1100G est équipé d’une puce qui suit ses mouvements.
En avril, le chef du ministère russe de l’Industrie et du Commerce, Anton Alikhanov, a déclaré que des pièces d’avion d’une valeur de 500 millions de dollars, précédemment achetées, étaient bloquées aux États-Unis et que Moscou exigerait qu’elles soient débloquées dans le cadre des négociations visant à mettre fin à la guerre en Ukraine.
Au final, S7 Airlines a annoncé la reprise de la liaison Moscou-Novokouznetsk à partir du 22 juillet, avec quatre vols hebdomadaires opérés en Airbus A319 et A320, avant un retour à un service quotidien à la fin novembre.
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