Depuis la crise du covid, elles avaient déjà du mal à s’approvisionner en avions et en pièces détachées. Les compagnies aériennes, doivent désormais faire face aux annonces changeantes de l’administration Trump. Droits de douane exorbitants, ou pas : ces incertitudes pèsent sur le trafic aérien.
Les compagnies aériennes s’inquiètent. Trop d’incertitudes. Déjà victimes de la lenteur de la reprise des livraisons d’avions, et de pièces détachées, depuis le COVID, elles doivent faire face aujourd’hui à une guerre commerciale lancée par l’administration américaine. Conséquence : l’Iata, l’association internationale du transport aérien, a révisé à la baisse ses projections de trafic et de rentabilité pour 2025, à l’occasion de son assemblée générale à New Delhi, en Inde, lundi 2 juin.
Le ralentissement du trafic aérien parait inéluctable en raison de nombreuses incertitudes économiques. Des incertitudes en partie attribuées à l’offensive de droits de douane annoncée début avril par le président américain Donald Trump. La surtaxe américaine de 20 % sur les produits européens, au lieu de 10 % aujourd’hui, devait entrer en vigueur début juillet. Elle a depuis été repoussée.
Trump : des droits de douane qui inquiètent le secteur aéronautique • © FTV
Un alourdissement des droits de douane aggraverait encore la situation prévient Willie Walsh, le directeur général de l’Iata.
Nous exhortons à épargner le secteur aérospatial des guerres commerciales.
Willie Walsh, directeur général de l’Iata
La plupart des compagnies aériennes ne pourront pas absorber les coûts supplémentaires d’une hausse des droits de douane et d’une hausse du prix des avions, assure Vik Krishnan, consultant chez McKinsey, la référence mondiale du conseil en stratégie.
Air France ou KLM ne seront pas les seules compagnies concernées a déclaré le directeur général du groupe Air France-KLM, Benjamin Smith.
Je ne pense pas que cela nous mettra en situation de désavantage concurrentiel mais transmettre ces coûts à nos clients va être difficile.
Vik Krishnan, directeur général du groupe Air France-KLM
Au-delà des droits de douane se pose la question de l’attitude de l’administration Trump, qui fait « des annonces tout le temps changeantes« , note François Sfarti, partenaire associé dans la société de consultants Emerton. Comment cela peut-il donner « confiance à un investisseur pour construire une usine aux Etats-Unis plutôt qu’en Asie sachant que, à tout moment, Trump peut finalement revenir sur les droits de douane et les annuler. Conséquence : il y a moins d’investissements, notamment dans le secteur aérien« .
L’Iata, qui fédère 350 compagnies aériennes représente 80% du trafic mondial. Ces derniers mois, l’association avait haussé le ton contre les avionneurs, et les industriels de l’aéronautique. Leurs chaînes de production peinent toujours à effacer les effets de la crise sanitaire, notamment en raison de sous-traitants qui ont licencié pendant la crise et ont des difficultés à recruter à nouveau.
Le nombre de livraisons (d’appareils neufs) prévus pour 2025 est 26% inférieur à ce qui était promis il y a un an par les avionneurs.
Willie Walsh, directeur général de l’Iata
On ne devrait pas revenir à des niveaux de production équivalents à 2018, année de référence d’avant Covid, avant 2029.
En 2024, 1 300 à 1 400 avions ont été produits dans le monde. C’est un tiers de moins qu’en 2018. Les transporteurs ont trouvé la parade pour satisfaire la demande : ils utilisent davantage leurs appareils. 2 500 heures par an pour des monocouloirs contre 2 200 ou 2 300 avant le Covid et ils gardent ces avions plus longtemps dans leur flotte, parfois plus de 25 ans.
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