Le défenseur des arbres, Thomas Brail, était jugé, ce jeudi 5 juin 2025, au tribunal judiciaire de Toulouse (Haute-Garonne) pour l’une de ses premières occupations d’arbres sur le tracé de l’autoroute A69. Victoire pour le militant qui a été relaxé.
Le défenseur des arbres, Thomas Brail, avait rendez-vous avec la justice, ce jeudi 5 juin 2025, à Toulouse pour avoir joué les écureuils. Il avait occupé un platane dès mars 2023, à Vendine, dans le nord-est du département de la Haute-Garonne, sur le tracé de la future autoroute A69. Le militant, originaire du Tarn, est poursuivi pour « opposition par violence ou voie de fait à l’exécution de travaux publics ou d’utilité publique« , des faits commis les 22 et 24 mai 2023. Plainte avait été déposée par Atosca, concessionnaire de l’autoroute A69 et la société Guintoli en charge de la construction.
Thomas Brail est la figure emblématique des écureuils, les opposants au chantier, qui par la suite ont multiplié les zones d’occupation pendant plusieurs semaines sur le tracé de l’A69. À la veille de cette audience devant le tribunal judiciaire de Toulouse, Thomas Brail avait indiqué qu’il avait hâte de s’expliquer devant les juges. « De vider son sac« .
Il reconnaît volontiers s’être perché dans un platane et s’être opposé à ce qu’une pelleteuse ne vienne endommager le système racinaire d’un des arbres, qui devaient être abattus. Serein et confiant, Thomas Brail assume totalement. « Il n’y a rien qui m’empêchera de continuer à lutter, nous dit-il. Si on venait à me mettre en prison ou même une peine d’amende… Mon père m’a toujours dit plaie d’argent n’est pas mortelle. Cela ne m’empêchera absolument pas de retourner lutter. J’ai des convictions profondes et je ne suis pas près de les lâcher. »
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Le fondateur du Groupe national de surveillance des arbres tient à rappeler que son mouvement de défense de la nature est basé sur un article du Code de l’environnement qui interdit de porter atteinte à un alignement d’arbres. « Au moment de cette occupation, la préfecture de la Haute-Garonne n’avait pas de dérogation pour porter atteinte à ces platanes« , affirme Thomas Brail.
À l’audience, trois témoins sont venus à la barre défendre l’action de Thomas Brail. « Ces arbres n’étaient pas malades, ils n’avaient pas le chancre coloré, rien« , dit le botaniste et biologiste, Francis Hallé. Il faut une génération complète, 25 ans, pour compenser un arbre coupé. » Pour Geneviève Azam, le geste du militant obéit à des principes scientifiques, éthiques et juridiques. « Ce n’est pas un acte pour détruire, c’est un acte pour empêcher une destruction. On ne négocie pas avec la biodiversité, on ne négocie pas avec le climat, on ne négocie pas avec la terre, c’est irréversible. Il y a nécessité à les défendre« , a ajouté la chercheuse toulousaine, militante au sein d’Attac France.
Me Claire Dujardin a plaidé la relaxe de son client, Thomas Brail.
Thomas Brail risquait jusqu’à un an de prison et une amende de 15.000 euros pour les faits qui lui sont reprochés. Dans son réquisitoire, le ministère public a tenu à rappeler que ce n’était là, ni « le procès de l’A69« , ni « une tribune d’expression sur un projet« . « Ne nous trompons pas d’instance« . Pour rappel, le tribunal administratif de Toulouse a annulé les autorisations environnementales pour la construction de l’A69. Le chantier a été stoppé avant que la cour d’appel administrative ne se prononce en faveur du sursis à exécution de cette décision.
Pour l’accusation, « au moment où Thomas Brail monte dans le platane, cet arbre peut être abattu. » Le ministère public ne demande pas de peine de prison, mais requiert 3000 euros d’amende, dont 2000 avec sursis. Un réquisitoire non-suivi par les juges qui ont relaxé Thomas Brail, ce jeudi 5 juin 2025.
Les parties civiles, Atosca et la société Guintoli, n’étaient pas représentées par leurs avocats à cette audience. Une absence que Thomas Brail a regrettée. « On s’aperçoit que ce sont toujours les mêmes qui sont devant le juge et que les personnes qui portent atteinte à l’environnement ne sont jamais inquiétées« , déclarait-il dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux, à la veille de son procès.
(Article écrit en collaboration avec Amélie Poisson, présente à l’audience, au tribunal judiciaire de Toulouse, ce jeudi 5 juin 2025)
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