Un an après une série d’événements dramatiques dans les services de psychiatrie du CHU de Purpan à Toulouse (Haute-Garonne), deux syndicats lancent un appel à la grève illimitée, mardi 10 juin 2025, pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail et de celles de l’accueil de patients.
Un préavis de grève illimitée a été déposé mardi 10 juin 2025 concernant tout le secteur psychiatrique du CHU de Toulouse (Haute-Garonne). À l’origine du mouvement, les syndicats Sud santé et sociaux et la CGT pointent la dégradation des conditions de travail particulièrement dans le secteur numéro 7.
Celui-ci comprend deux unités d’admission, dont une en secteur fermé et une unité d’hospitalisation, soit un total de 44 lits. Mais face à un fort absentéisme, « un regroupement transitoire de ces deux unités est envisagé, afin d’assurer l’ouverture de 22 lits avec les ressources humaines adaptées pour assurer les soins aux patients, annonce la direction dans un communiqué de presse. Cette organisation a été proposée et mise en œuvre après une concertation avec les équipes médicales et paramédicales des deux unités. Une solution transitoire avant une réouverture des lits « dès que les effectifs soignants le permettront« , assure-t-elle.
« 7 lits étaient déjà fermés depuis le départ d’un des médecins en février non remplacé, les personnels les tenaient ouverts tant bien que mal », décrit Edith Vauclare, infirmière et représentante Sud santé sociaux au CHU de Toulouse. La multiplication d’arrêt maladie depuis février dernier, relèverait également d’une réorganisation des trames de travail sans consultation des instances du personnel sur laquelle la direction se montrerait « inflexible », dénoncent les syndicats :« La direction veut mettre en place une alternance plus fréquente entre ceux qui travaillent de jour ou de nuit, ce qui entraîne de l’absentéisme. Or, le personnel est déjà épuisé, car les absences ne sont que peu ou pas compensées », poursuit la syndicaliste.
Médecins, infirmiers, et personnels paramédicaux manquent à l’appel. « La direction avance le fait qu’ils n’arrivent pas à recruter. Admettons, mais aucun effort n’est réalisé pour garder le personnel formé et expérimenté. On ne respecte pas ceux qui ont des restrictions médicales. D’autres voient leur temps partiel non renouvelé », cite en exemple la syndicaliste du syndicat SUD.
« Il y a des gens qui préfèrent, pour convenance personnelle travailler de nuit, et on leur explique aujourd’hui que c’est terminé, et on supprime des primes aux urgences alors qu’on se plaint de ne pas avoir assez de personnel, que les gens s’arrêtent », renchérit Pauline Salingue, déléguée syndicale CGT au CHU de Toulouse. C’est quand même la fermeture de 22 lits, dont on discute, alors qu’il n’y a déjà pas assez de place sur le département. C’est dramatique et dangereux. L’an dernier quand tout le monde était autour de la table, il y avait plus de lits ouverts, souligne la représentante dont le syndicat a déclenché une procédure d’alerte pour « danger grave et imminent » qui sera examinée ce jeudi.
Les syndicats dénoncent le management imposant le déplacement de salariés d’un service à l’autre pour pallier les absences. « Les conditions de travail se dégradent quotidiennement avec un absentéisme peu compensé, générateur de stress, l’impossibilité de prendre des congés et le départ de plusieurs médecins » précisent les deux organisations dans un communiqué de presse. « Forcément, les gens craquent et sont en arrêt. Ils redoutent de venir ou revenir au travail, ils sont en pleurs. Les autres tiennent, mais ils sont malades au travail », s’inquiète Edith Vauclare, jointe par France 3 Occitanie.
Ce mouvement de grève intervient après une série d’événements dramatiques début 2024 : agressions sexuelles, suicide d’un patient aux services des urgences psychiatriques. À l’époque, le ministre délégué à la Santé avait dénoncé une « grave crise » et une situation « inacceptable ». L’inspection générale des affaires sociales avait demandé une restructuration et formulé 14 recommandations dont l’ouverture de lits. La direction du CHU assure qu’elle poursuit « le déploiement des dispositifs de renforcement des urgences psychiatriques, retenus dans le cadre du Pacte de refondation de la psychiatrie en Haute-Garonne ».
Après le suicide d’un patient laissé sur un brancard dans un bureau aux urgences psychiatriques, 7 personnes ont été recrutées selon SUD santé. Mais d’autres services comme celui du secteur 7 sont en crise avec le départ de trois médecins depuis l’automne, lesquels ont sonné l’alerte sur les conditions de travail à plusieurs reprises.
Pour les syndicats, il y a donc « urgence » à embaucher. Ils estiment à une trentaine, le nombre de personnels paramédicaux à recruter, notamment.
Ce contexte n’est pas sans conséquence pour les patients qui ont besoin d’être en confiance : « Les patients ont besoin d’un cadre fixe de revoir les mêmes soignants. Avec ce type de management, c’est toute la relation qui est piétinée », signale encore Edith Vauclare. Des situations que les soignants vivent mal d’autant qu’ils viennent d’apprendre que certains patients de l’unité fermée seront transférés vers comme l’hôpital Marchant ou dans d’autres établissements de la région Midi-Pyrénées. » Au regard de ce qui s’est passé l’an dernier, c’est intolérable ! », s’agace Pauline Salingue, qui rappelle que les organisations syndicales tirent la sonnette d’alarme bientôt deux ans.
Une réunion de négociation avec la direction est prévue ce jeudi. Les grévistes ont eux prévu de se rassembler devant l’hôtel-Dieu, le mardi 17 juin à 14 h avec leurs collègues de la pédiatrie. Un service dont le personnel souffre du même mal être : celui de la destruction de leurs conditions de travail, selon les syndicats.
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