Les médicaments contre la psychose ou la dépression continuent de manquer. Lors d’un point de situation en date du 10 juin 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament reconnaît que l’état des approvisionnements « reste fragile sur le terrain ». Les professionnels de santé disent n’avoir aucune visibilité sur un retour à la normale.
Quétiapine, Carbonate de lithium, Olanzapine, Venlafaxine, Sertraline. La pénurie de ces antipsychotiques et antidépresseurs perdure en ce mois de juin 2025, selon l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Cela fait plusieurs mois que cela dure, et la crise n’est pas encore terminée. Résultat : les pharmacies sont approvisionnées au compte-goutte. Et la situation n’est pas sans conséquences pour les patients.
C’est le sujet du moment qui anime les discussions entre pharmaciens. « Là, je suis à Paris pour des réunions du Conseil de l’Ordre, et les ruptures des médicaments, c’était le plus gros sujet ce matin« , nous confie Jean-Marie Guillermin. « On reçoit quelques boîtes de temps en temps par les grossistes, mais on n’a aucune visibilité, aucune date de retour à un état normal d’approvisionnement« , affirme le vice-président de l’Ordre des pharmaciens d’Occitanie. Au 10 juin 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament indique en effet que pour quatre psychotropes, la distribution est plafonnée. Autrement dit, « le nombre maximum de boîtes livrées périodiquement par les fabricants aux pharmacies est limité de manière à assurer une distribution continue et équitable des stocks disponibles.«
Concrètement, l’approvisionnement des officines se fait en très faible quantité. « On reçoit quatre à cinq boîtes par jour. Mais on ne sait pas du tout si on en aura le lendemain, précise le pharmacien toulousain. C’est vrai que c’est très compliqué à gérer. » Entre eux, les professionnels de santé tentent de s’organiser. « On s’appelle, on appelle les médecins pour trouver des solutions, explique Jean-Marie Guillermin. Surtout pour ces médicaments-là parce que les interruptions de traitement peuvent provoquer de graves problèmes. C’est un souci supplémentaire pour le patient, à qui cela rajoute du stress, de ne pas savoir s’il aura son traitement complet ou celui du mois d’après.«
Le Dr Nicolas De Schryver est psychanalyste à Toulouse. Lui n’est pas à l’initiative des prescriptions qui sont assurées par les psychiatres, mais assure le suivi de patients. Mais du fait de son activité, il est catégorique sur un point : depuis cinq ans, depuis la période Covid, il y a eu une évolution des traitements, notamment des antidépresseurs et des anxiolytiques. « Il y a eu une explosion des angoisses, de l’anxiété et des problématiques de dépression du fait aussi de tout le contexte actuel. Et de ce fait, cette catégorie de médicaments a explosé.«
Selon l’Agence nationale de sécurité du médicament, plus d’1,7 million de patients ont eu, en 2024, au moins une prescription de Venlafaxine et Sertraline (deux antidépresseurs dont l’approvisionnement reste sous tension). Concernant la Sertraline, la demande a augmenté de l’ordre de 125 % par rapport à 2019, selon l’ANSM. Quant aux laboratoires commercialisant les psychotropes, ils sont essentiellement étrangers. Ce qui laisse peu de prise à la France pour être approvisionnée en cas de pénurie.
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Reste que pour les professionnels de la santé mentale, cette pénurie est particulièrement regrettable. « On ne peut pas dire, prenez en charge des patients, et ne pas avoir les thérapeutiques à côté, estime le Dr Nicolas De Schryver. On ne peut pas dire que c’est l’année de la santé mentale et manquer de médicaments, notamment des psychotropes qui permettent de stabiliser des patients. » Une rupture de traitement comporte des risques avec des patients qui se retrouvent déstabilisés.
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