La Sovamep recycle les déchets de l’aéronautique ou de l’électronique. Or, argent, cuivre ou titane. La PME installée à Muret, au sud de Toulouse veut se développer avec un nouveau projet. Objectif : optimiser la valorisation de ses déchets.
Une montagne de cartes électroniques à trier. Le regard est aiguisé, le geste rapide pour évaluer les potentiels métaux précieux qui s’y cachent comme de gros composants cuivreux, du palladium, de l’argent ou de l’or incrustés dans d’autres composants.
La Sovamep est spécialisée depuis 40 ans dans le recyclage des déchets ferreux et non ferreux. Elle maîtrise la séparation des métaux par procédés chimiques, calcinations ou broyages. Un savoir-faire détenu par 4 à 5 sociétés en France mais dont les procédés restent confidentiels, pour des questions de concurrence. Certains métaux issus de l’industrie ou de montures de lunettes recyclées finissent en lingots.
« Ce sont des lingots de 180 jusqu’à 200 kilos, explique Lahcène Barka, fondeur. Et après, un collègue va passer et analyser tous les petits lingots pour voir à peu près combien il y a de marchandises riches. S’il y a plus d’argent, s’il y a plus d’or, plus de platine ».
La société recycle les déchets et en extrait or, argent, cuivre ou titane. • © FTV
Autre métal précieux, le titane. Une ressource indispensable à l’industrie aéronautique. Ces chutes et déchets d’usinage de pièces, il faut les trier, les nettoyer. Et il y a un intérêt majeur à soulager l’approvisionnement avec le recyclage pour des raisons géo-stratégiques : 50% du titane utilisé provient de Russie.
« Nous avons des tournures de titane. Mon collègue passe une magnétique dessus pour retirer tout ce qui est ferreux, commente Laurent Piacentile, directeur d’exploitation. Et par la suite, à l’aide du spectromètre, nous allons les analyser pour déterminer la nuance aussi ».
D’après le BRGM, le Bureau des recherches géologiques et minières, 80% du titane qui entre dans une usine aéronautique en ressort en chute de production. Pour plus et mieux recycler, la Sovamep compte investir près de 20 millions d’euros. Un enjeu stratégique et économique. L’entreprise va construire un bâtiment de 3.000m2 sur un terrain de 10.000m2 à proximité de son siège social.
« Le titane est produit en Russie, il est usiné en Europe et beaucoup de ses déchets, notamment les tournures titane, ça repart aux Etats-Unis, constate Vincent Delage, PDG de la Sovamep. Donc en matière de bilan carbone, c’est une hérésie. Et donc le projet « Motris », à la fois sur les cartes électroniques et à la fois sur les tournures titane, ça va consister à proposer à nos clients une solution durable ».
La valorisation des déchets en titane de l’industrie aéronautique repose principalement sur le nettoyage car les déchets sont le plus souvent enduits d’une huile de coupe très grasse. En travaillant avec le CNRS, le CEA et le BRGM, Sovamep a mis au point un procédé pour nettoyer cette huile de coupe.
Le projet « Motris » a été lauréat d’un appel à projet du plan France 2030. Il va bénéficier de 5 millions d’euros de subventions et d’avances remboursables. La nouvelle unité permettra de traiter d’ici deux ans 3000 tonnes de titane par an. Et trois fois plus de cartes électroniques qu’aujourd’hui.
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