Depuis 13 ans, le webzine « Le Bon Son » décrypte le rap avec passion. Olivier Perret, fondateur de 42 ans, est Toulousain. Il nous a raconté son parcours et l’importance de défendre cette culture.
« Paradis perdu » de Vald, « Béni » de BEN plg, « Les moyens » de Souffrance : voici certains des titres qui figurent parmi « Les 10 Bons Sons en mars 2025 », article du webzine rap « Le Bon Son ». Depuis 13 ans, sur ce dernier, sont publiés de longs articles – interviews, chroniques, rétrospectives… – consacrés au rap. Chaque mois, il attire 7500 lecteurs.

À sa tête : Olivier Perret, un fan de rap, qui a décidé de faire de sa passion son deuxième métier. Car dans la vie, ce Toulousain de 42 ans est professeur des écoles. « Ça n’a rien à voir mais ça me permet de rester à la page, je sais ce qui s’écoute dans les cours de récréation », sourit-il. Il commence à écouter du rap autour de ses 12 ans, « au moment de l’explosion commerciale du rap, puis ça ne m’a jamais lâché ! » IAM, MC Solaar, Alliance Ethnik : à l’époque, il écoute surtout « les têtes d’affiche » avant de s’intéresser aussi à des artistes plus « underground ». Pourtant, ses parents sont loin de cet univers.
« Le rap est beaucoup plus considéré »
« Mon père fait de la musique, mais a suivi une formation classique : il chante dans des ensembles baroques, joue du piano, raconte Olivier Perret. Il ne validait pas trop ce que j’écoutais au début. Mais je pense que si j’ai autant accroché avec le rap, c’est parce qu’il y avait des samples de musique classique, ça me renvoyait à des choses que je connaissais. » Il suit des études de biologie à Toulouse, avant de devenir professeur des écoles. Jeune diplômé, en 2007, il part vivre au Chili. « Je suivais sur Facebook des comptes qui parlaient de rap, puis j’ai vu qu’ils cherchaient des rédacteurs, c’est comme ça que j’ai commencé à écrire. »
À son retour dans la Ville rose, alors âgé de 29 ans, il décide d’ouvrir son propre blog. « Le rap méritait des articles approfondis, des chroniques d’experts, à la hauteur de ce qu’on écrivait sur le jazz, le classique ou le rock. Qu’on en parle comme d’une musique équivalente aux autres, explique le fondateur du ‘Bon Son’. Souvent, ça a été décrié pour les paroles, le côté répétitif des instrumentales. Je voulais montrer que derrière ça, il y a tout un art, toute une culture. Heureusement aujourd’hui, le rap est beaucoup plus considéré. »
Plus de 1000 articles publiés
Très rapidement, ses papiers sont lus, et il reçoit beaucoup de réactions. Alors un an après, « pour ne pas s’essouffler et préserver sa vie personnelle », il commence à recruter d’autres rédacteurs. Aujourd’hui, ils sont 12 à bosser depuis un peu partout dans le monde : Paris, Marseille, Barcelone, Suisse, Nouvelle-Zélande. Ils communiquent principalement via Facebook et Discord. Prof, étudiant, beatmaker, ingé son : ils ont tous des métiers différents et contribuent au webzine de manière bénévole. « On n’a pas de modèle économique, indique Olivier Perret. Ça peut être dur, on fait ça sur notre temps libre. » Lui travaille le soir, les week-ends, et les vacances scolaires.
Première interview de Nekfeu en solo, création de trois mixtapes de sons inédits, publication de plus de 1000 articles : en 13 ans, « Le Bon Son » a bien évolué. Et le fondateur met un point d’honneur à toujours se renouveler. « Quand j’étais jeune, on ne se mélangeait pas entre ceux qui écoutaient du rock, du rap, du reggae, un peu comme des sectes. Maintenant, tout le monde écoute du rap, c’est très diversifié et c’est même dur de tout aimer. Je me reconnais dans plein de choses actuelles : Furax, Jul, Vald… D’autres me parlent moins, ou me laissent perplexe, mais j’essaie toujours de comprendre comment et pourquoi ça plaît. »
Il tente alors d’intégrer régulièrement de nouvelles et jeunes personnes dans l’équipe. « On veut être sûrs de ne pas toujours parler des mêmes artistes, de ne pas passer à côté d’une nouvelle scène. » Et à Toulouse, selon ce spécialiste, « on a de la chance, des grands noms ». Bigflo & Oli, Laylow, WarEnd, Zinée, et d’autres, font rayonner le rap toulousain.
En quelques dates
9 décembre 1982 : Naissance à Toulouse.
2005 : Diplôme de professeur des écoles.
2007 : Départ au Chili.
2012 : Ouverture du webzine.
2013 : Début du recrutement.
2014 : Première mixtape.
2021 : Premier podcast.