La molécule lecanemab (Leqembi®) vient d’obtenir l’autorisation de mise sur le marché européen. Cet anticorps monoclonal est prescrit depuis deux ans aux États-Unis. Les premiers résultats montrent une réduction de 27 % du déclin cognitif en 18 mois.
Déjà prescrit aux États-Unis, en Chine, au Japon ou, dernièrement, au Royaume-Uni, le lecanemab (sous le nom commercial Leqembi®) va pouvoir être proposé en Europe aux malades d’Alzheimer. La commission européenne vient de délivrer son autorisation de mise sur le marché (AMM) après plusieurs mois de revirement et d’incertitude.
Cet anticorps a pour but de nettoyer le cerveau des plaques amyloïdes qui altèrent la connexion entre les neurones et provoquent leur mort. L’idée est donc de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer, dans sa forme débutante, et de rester le plus stable possible. Car, à ce jour, il n’existe pas de traitement permettant de guérir la maladie d’Alzheimer.
Attendu depuis deux ans, le lecanemab a d’abord été retoqué par l’Agence européenne du médicament en juillet 2024. Pourquoi ? Parce que la balance bénéfice/risques était défavorable : d’un côté, le déclin cognitif diminuait de 27 % au bout de 18 mois, de l’autre, entre 10 % et 15 % des patients utilisant cette molécule déclenchaient des micro saignements voire des hématomes dans le cerveau. Ce risque exclut d’ailleurs une catégorie de patients – porteurs d’un marqueur génétique particulier- et impose un suivi par imagerie cérébrale.
« C’est une bonne nouvelle pour les patients, cette innovation thérapeutique ouvre une porte face à cette terrible maladie, on sort du cycle où on ne peut rien faire », lance le Pr Bruno Vellas qui avait co-signé, en 2022, une étude montrant l’efficacité du lecanemab et à laquelle des patients du gérontopole de Toulouse (CHU de Toulouse) avaient participé.
« Nous attendons d’autres anticorps monoclonaux »
« Nous espérons maintenant un feu vert de la Haute autorité de santé (HAS) pour le remboursement du médicament que nous pourrions proposer à l’automne en France, d’abord dans les centres spécialisés puis à tous les patients chez qui la maladie débute. Nous attendons aussi d’autres antimonoclonaux qui pourraient être injectés par voie sous cutanée à domicile et avec moins d’effets secondaires. La détection des marqueurs de la maladie par prise de sang sera aussi importante pour présélectionner les patients éligibles. Nous sommes à un moment important dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer », conclut le gériatre.