Le chien joue un rôle central dans la vie de nombreux individus. Marion Barrau, psychologue, explore cette relation unique, entre attachement profond, bien-être affectif et dérives de la surconsommation.
Pourquoi les chiens suscitent-ils un tel attachement chez les humains, au point que certains les considèrent comme des membres à part entière de la famille ?
Il y a plusieurs facteurs qui expliquent cet attachement particulier. D’abord, les chiens, contrairement à d’autres animaux, partagent des comportements et des émotions très proches de ceux des humains, comme la joie ou le mécontentement. Cela crée une forme de reconnaissance chez l’humain, qui se sent compris. De plus, les câlins et les caresses produisent de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement, chez l’humain. Cela renforce le lien entre l’animal et son maître. Enfin, il y a aussi une dimension plus psychologique : pour certaines personnes, surtout celles qui vivent seules ou qui ont des besoins affectifs non comblés, le chien devient un substitut de relation sociale, comblant un vide affectif.

Peut-on parler de dérives dans cette relation entre l’humain et son chien, notamment dans la société de consommation actuelle ?
On observe des dérives, notamment à travers ce qu’on appelle l’anthropomorphisme. Certaines personnes attribuent des sentiments humains à leur chien, et ce phénomène est exacerbé par la société de consommation. Aujourd’hui, il existe une multitude de services autour du bien-être des animaux, comme des ostéopathes pour chiens ou des week-ends dédiés à eux. Ces pratiques répondent à un besoin d’attachement, mais aussi à une sorte de marchandisation de l’affection que l’on porte à l’animal. Le chien devient un produit que l’on gâte, parfois au détriment de la relation avec d’autres humains.
Comment cette relation avec le chien peut-elle influencer la vie sociale d’une personne, notamment en milieu urbain ?
Le chien joue un rôle crucial dans la socialisation, surtout en milieu urbain. Beaucoup de citadins vont dans des parcs avec leurs chiens, ce qui crée des interactions sociales. Ces moments de promenade peuvent devenir l’une des seules occasions de contact social pour certaines personnes, notamment celles qui ont peu de relations humaines. Le chien devient ainsi non seulement un compagnon, mais aussi un facilitateur de liens sociaux, en créant des opportunités de rencontre avec d’autres propriétaires d’animaux. Pour certains, leur chien peut être leur principal point de connexion avec le monde extérieur.