« On apprend la solidarité au quotidien » : à la Ménardière, au sud de Toulouse, 14 retraités ont choisi de vivre ensemble dans un manoir du XVIIIe

« J’ai toujours vécu au milieu des autres. J’ai du mal à m’imaginer vivre seule. » À l’approche de la retraite, Geneviève Macquet, ancienne infirmière humanitaire au sein de Médecins sans frontières, veut continuer à vivre comme elle l’a toujours fait : entourée et investie. « Je voudrais que cette nouvelle étape de ma vie ait le même sens que celui que je lui ai donné depuis que je suis jeune. »

Dans cette optique, la septuagénaire commence à glaner des informations sur la Ménardière, un habitat participatif de 300 m2 situé à Bérat, à 40 kilomètres au sud de Toulouse. Ce mardi matin, elle repart de là des idées plein la tête.

Quatre ans après son lancement, l’utopie imaginée par Anne-Marie Faucon et Michel Malacarnet, fondateurs du réseau de cinéma Utopia, est devenue réalité. Ici, 14 personnes âgées de 62 à 81 ans ont acquis en coopérative une belle demeure du XVIIIe siècle dotée d’un grand parc arboré pour y vivre leur retraite.

« Tout est parti d’une discussion après la projection du film Et si on vivait tous ensemble, une bande de copains dont l’un est atteint d’Alzheimer et qui décident de se regrouper », raconte Anne-Marie, 78 ans. Malgré des débuts compliqués, entre travaux plus lourds que prévu et crise du Covid, les premiers résidents ont investi les lieux à partir de juillet 2021.

Des rencontres culturelles

Aujourd’hui, l’harmonie semble installée. Chaque résident dispose d’un appartement privé pour s’isoler si besoin, tandis que les espaces communs et la vie culturelle jouent un rôle central. La maison, ouverte sur l’extérieur, accueille des vacanciers venus de toute la France. « Nous organisons un concert et une projection de film chaque mois », souligne Sylvie Vetter, résidente depuis janvier 2022.

Le projet fonctionne en coopérative, via l’achat de parts, offrant à chacun la flexibilité de partir aisément si besoin. Les recettes des chambres d’hôtes et des événements culturels contribuent à rembourser les emprunts, complétées par quelques dons. « Les habitants de la Ménardière aiment débattre », confie Anne-Marie. Ici, les points de vue s’expriment librement. On apprend la solidarité au quotidien. »

Preuve de l’engouement suscité : quatre maisonnettes verront le jour cet été dans le parc de la propriété pour accueillir sept nouveaux résidents.